Dans un communiqué du 26 juillet 2024, l’agence américaine l’a fait passer de B- à CCC+, soulignant ainsi un risque croissant sur la capacité du pays à payer sa dette et la détérioration des indicateurs des finances publiques.
C ’est un mauvais signal que l’agence de notation américaine Fitch Ratings vient de donner aux investisseurs. Dans un communiqué du 26 juillet 2024, elle a baissé la note souveraine du Gabon, la faisant passer de B- à CCC+ du fait d’un défaut émetteur à long terme en devises. Une situation qui selon elle, « reflète les risques croissants pesant sur la capacité de remboursement de la dette (…) et la détérioration des indicateurs des finances publiques ». Selon l’agence américaine, le Gabon a déjà accumulé des arriérés extérieurs estimés à 273,1 millions de dollars à fin mai et est attendu en 2025 pour un paiement de 605 millions de dollars sur ses eurobonds. Les craintes de Fitch Ratings sont corrélées à une politique économique trop « expansionniste » du gouvernement de transition qui a augmenté, indique-t-elle, les dépenses budgétaires alors que les marges de recettes restaient limitées. Selon les analystes de l’agence, les recettes pétrolières, qui représentent la moitié des recettes publiques du Trésor, devraient diminuer à partir de 2025 en raison de la baisse des prix et de la production.
LES ASSuRANCES Du gouvERNEMENt DE tRANSItIoN
Courant juin dernier, la Banque mondiale avait menacé de suspendre ses décaissements vis-à-vis de ce pays en raison de « l’existence d’échéances impayées ». Réagissant à la cette menace, le gouvernement de la Transition via son ministre des Comptes publics, a dans un communiqué indiqué que « le retard observé dans le règlement des échéances dues à la Banque mondiale est lié à des raisons techniques, qui n’ont pas permis d’honorer la totalité des engagements à la date du 30 juin 2024 », justifiait-il. Poursuivant son propos, il a précisé « qu’à ce jour, le ministère des Comptes publics, à travers la direction générale de la comptabilité publique et du Trésor, a déjà procédé au paiement de ces impayés et l’ensemble des échéances de dette au profit des autres créanciers multilatéraux est en cours de paiement et devrait être apuré d’ici à quelques jours », ajoute t-il.
L’IMPACt DE L’ACCuMuLAtIoN DES DEttES SuR LES FINANCES PubLIquES
Parlant des indicateurs des finances publiques, le gouvernement de la Transition dit avoir hérité au lendemain du 30 août 2023, d’une situation d’endettement considérable dont d’importants arriérés accumulés qui n’ont pas pu être intégralement apurés. « Constatant cette situation et en toute responsabilité, le gouvernement a entrepris (…) toutes les démarches relatives au règlement progressif de cette dette, selon une stratégie de désintéressement progressif de chaque catégorie de créanciers : les multilatéraux, les bilatéraux, les commerciaux et les créanciers intérieurs », indique Charles M’ba, ministre des Comptes publics. Suivant cette stratégie, près de 136 milliards de Fcfa de dettes de marché ont été réglés pour le seul mois de juin 2024, indique t-on.
La sortie de Fitch Ratings intervient quelques semaines après celle de Moody’s qui baissait également la note souveraine du Gabon à Caa2. Cette dernière tirait déjà la sonnette d’alarme sur le taux d’endettement élevé du pays, ainsi que sur les mauvaises orientations budgétaires et économiques du gouvernement de transition. Malgré cela, les autorités en place réaffirment leur volonté d’honorer tous les engagements, en payant régulièrement les échéances dues aux créanciers.
