La structure doit offrir au PAD les services à caractère techniques et commerciaux.
La mise en service de la Régie délégué du dragage (RDD) est l’aboutissement d’un processus mené par le Port autonome de Douala (PAD), dans l’optique de réduire les coûts de dragage du chenal d’accès au port de Douala Bonabéri. L’objectif stratégique du PAD de passer au système de Dragage en régie est de nationaliser cette activité afin d’une part, de rétablir la souveraineté de l’Etat du Cameroun sur l’entretien de la principale autoroute d’accès et de sortie des biens de notre pays et d’autre part, de réduire les charges d’exploitation du PAD, tout en optimisant les activités relevant du service public.
La mission assignée à la RDD est donc de reprendre en « main » l’activité stratégique du dragage du port, qui est une mission régalienne très importante de l’Etat, en offrant au PAD, les services à caractère « non seulement » techniques, mais aussi commerciaux. Concernant les missions à caractère techniques, qui d’après le PAD sont l’essence même de la régie du dragage, elles s’inscrivent en droite ligne des activités du service public portuaire et doivent s’exécuter de manière prioritaire et continue.
Le cahier de charge assigné à cette Régie est : le maintien à une profondeur de moins de 7 mètres ; le rétablissement des profondeurs de conception aux différentes darses et pieds de quais ; l’entretien des pieds de quais et des plans d’eau à la satisfaction des navires qui y accostent ; la maintenance des équipements de dragage ; la préservation de l’environnement lors des travaux de dragage et la publication trimestrielle de la côte du chenal du port de Douala-Bonabéri.
En ce qui concerne les activités à caractère commerciales de la Régie, il est attendu d’elle : de donner une valeur commerciale aux résidus des travaux portuaires du dragage ; commercialiser les prestations de dragage auprès des autres potentiels clients, en vue de l’exploitation rationnelle des équipements ; de créer et de pérenniser de nouvelles niches de recettes. « L’opération d’autonomisation du dragage doit produire un impact positif sur la trésorerie du port autonome de Douala, par une neutralisation progressive entre, d’une part les charges annuelles du dragage et d’autre part le produit de la vente des services et des résidus du dragage », indique le PAD.
Le projet d’autonomisation de l’activité de dragage induit, de manière spécifique, apprend-on des études techniques, l’acquisition des matériels, les aménagements de sites, le renforcement des capacités humaines et institutionnelles et la mise en place du dispositif opératoire de la direction de la régie délégué de dragage. Ce projet intègre deux principales phases. La première est l’investissement, qui couvre les activités visant tant la création de la direction de la RDD, que la dotation à celle-ci de toutes les ressources humaines et matérielles, ainsi que des capacités institutionnelles dont elle aura besoin pour être opérationnelle. La phase d’exploitation quant-à elle couvrira les activités opérationnelles de dragage du chenal, des plans d’eau, des pieds de quais et des darses du port de Douala-Bonabéri.
Idriss Beye, directeur délégué adjoint de la Régie déléguée du dragage du PAD
Il donne les raisons de l’autonomisation du dragage au port de Douala Bonaberi.
« Le port peut désormais maitriser les coûts de dragage »
Qu’est ce qui a motivé le Port de Douala à internaliser l’activité de Dragage ?
Nous sommes dans une stratégie de réduction et de maitrise des coûts d’exploitation du Port de Douala, en vue de répondre aux objectifs de performance, d’attractivité et de compétitivité. Le Dragage rendu jusque là était la principale source de dépenses. Il représentait environ 20 à 30% des coûts d’exploitation du port de Douala-Bonabéri. Fort de ce constat, il fallait examiner les pistes d’exploitation du port de Douala et la solution d’autonomisation qui était étudiée depuis 2008 s’est avéré la meilleure. L’instruction donnée par le chef de l’Etat depuis 2008 a maturé la réflexion et à aboutir à l’acquisition des équipements de dragage en vue de son autonomisation. Equipements de dragage taillés à la mesure des besoins en dragage du port autonome de Douala. Nous avons visité la drague Mont Mandara d’une capacité de 3000m3, destinée aux travaux de dragage d’entretien du chenal d’accès du port de Douala qui est la principale voie d’accès économique du pays. C’est l’autoroute n°1 pour l’économie camerounaise et pour les pays de l’hinterland. Lorsque les navires ne peuvent pas accéder au port de Douala, c’est l’économie camerounaise qui en pâtit et même celle des pays de l’hinterland.
Qu’est ce que le port de Douala bénéficie en autonomisant les travaux de dragage ?
L’Etat bénéficie d’abord en souveraineté parce que l’Etat du Cameroun reprend la main sur une activité économique importante que relève le dragage. En outre, le port peut désormais maitriser les coûts de dragage qui étaient devenus très prohibitifs. Ces coûts allaient grandissant année après année. Il fallait pouvoir maitriser ces coûts là puisque le port de Douala ne vit qu’au rythme du dragage. Les projections qui ont été faites montraient clairement que nous avons la latitude de maitriser les coûts et voire même les réduire. Ici, le port de Douala ou l’économie camerounaise bénéficie en maitrise des coûts et sur le plan international, la destination camerounaise est désormais la mieux vendue. Autres avantages : l’acquisition des équipements de dragage nous permet de réaliser les travaux d’extension portuaire par les remblais de certaines parcelles du port de Douala qui permettront aux industries de s’installer. Par exemple le cas de la drague vigilance qui est une drague stationnaire, c’est un équipement spécialement dédié aux opérations de remblais hydraulique. Outre ces avantages, le port pourra désormais rétablir les profondeurs dans toutes ses infrastructures qui étaient restées abandonnées, créant la congestion du port de Douala dans les années antérieures. Donc ces équipements ont commencé à rétablir la navigation dans les zones qui étaient déjà inaccessibles par certains navires.
Qu’en est-il de la drague Chantal Biya ?
Pour la drague Chantal Biya, les travaux de rénovation vont démarrer bientôt. Nous avons finalisé les études d’ingénierie. Nous entrevoyons qu’en début au plus tard de l’année 2022, que la drague Chantal Biya soit totalement rénovée et elle sera d’un très grand apport dans le processus d’autonomisation parce que c’est une drague polyvalente. Elle est capable d’assister la drague Mont Mandara dans le dragage du chenal et également aider la drague vigilance dans le dragage du quai, parce que celle-ci est équipée d’un godet et d’un puits. Donc elle peut ramasser les sédiments et les déverser dans son puits pour ensuite les déverser dans la zone souhaitée.
Est-ce qu’à long terme, la régie déléguée du dragage se voit également offrir ses services à d’autres ports de la sous-région ou dans d’autres pays ?
Evidement. Actuellement, nous avons été sollicité jusqu’au Venezuela, en Amérique latine. Avoir un équipement de dragage disponible dans la position stratégique actuelle du Cameroun, c’est s’ouvrir beaucoup d’opportunités de marché. Nous avons eu la visite du port de pointe noire au Congo qui sollicite la collaboration locale, sous-régionale avec le Cameroun pour les travaux de dragage. Mais prioritairement, ces équipements sont d’abord dédiés aux travaux portuaires de Douala Bonabéri. Une fois que nous allons améliorer les conditions de navigation dans le port de Douala, nos services seront bien évidemment vendus au port de la sous-région.