Pour y remédier, certains analystes suggèrent la piste du travail indépendant à bon nombre de personnes au Cameroun.
Trouver un emploi salarié tant dans le privé que dans le public au Cameroun, s’apparente à un véritable mythe de Sisyphe. Cette situation devient préoccupante surtout lorsqu’il s’agit des jeunes. Paul Biya, président de la République le faisait remarquer dans son discours à la jeunesse, le 10 février 2020. « Il n’y a pas en effet, pour le moment, adéquation entre la demande et l’offre d’emplois. L’Etat et le Ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop, Ndlr) font tout ce qu’ils peuvent pour apporter des réponses. Le premier par ses recrutements dans la fonction publique et l’armée. Le second par la mise en oeuvre de différents programmes d’aide à l’emploi », indiquait-il. Les initiatives du gouvernement et du secteur privé pour juguler le problème demeurent insuffisantes même si elles sont jugées « appréciables » par le chef de l’Etat. « Elles ne créent pas suffisamment d’emplois », regrette le président Biya qui dans la foulée, avait indiqué qu’un peu plus de 500.000 emplois ont été créés dans le secteur moderne de l’économie camerounaise en 2019. Ce que contestent le secteur privé et même certains analystes et hommes politiques, qui déplorent le fait que le chef de l’Etat n’ait pas indiqué les secteurs dans lesquels ces emplois ont été créés.
Or, en réalité, si le chiffre avancé par le président de la République s’avérait vrai, il y aurait comme une nette évolution depuis 2014, où Paul Biya annonçait la création de 283.443 emplois tout en projetant la création de 350.000 emplois nouveaux en 2015. « Comme je l’ai souligné dans mon message à la Nation, en décembre 2014, 283.443 emplois ont été créés par les administrations et les entreprises. Pour l’année 2015, nous prévoyons la création de 350.000 emplois nouveaux. A pareil moment, l’année prochaine (2015 Ndlr), nous aurons l’occasion de faire le point sur tous les emplois créés depuis 2011 », indiquait-il.
Issa Tchiroma Bakary, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, a insisté sur le fait que ceux-ci ont été créés dans tous les secteurs (public et privé). Selon la Direction de la promotion de l’emploi au Minefop, on pense que l’agriculture, les industries, les infrastructures et le numérique sont des secteurs porteurs pour les chercheurs d’emploi cette année. Dans les détails, les grands projets structurants à l’instar du Port de Kribi (PAK) et les barrages en chantier, le développement des start-ups, l’élevage et la Fonction publique par le biais des concours directs ont été des grands pourvoyeurs d’emplois en 2019 selon le Minefop. Outre ces secteurs beaucoup plus vastes, il existe des métiers où l’on recrute de manière régulière. Entre autres, les marketistes, électriciens secteur bâtiment, travailleurs sociaux, techniciens de laboratoire, développeurs Web, gestionnaires de contenu Web, mécaniciens, électriciens auto, soudeurs et traducteurs. Pour preuve, 10.657 emplois ont été créés dans ces secteurs au 6 février 2019 selon la direction de la promotion de l’emploi du Minefop.
En réalité, beaucoup de jeunes diplômés ou non, demeurent sans emploi. Pour « survivre », bon nombre d’entre eux se rabattent sur des options précaires sans lien avec leur formation ou diplôme. Plusieurs raisons sont avancées par les pouvoirs publics pour justifier cette situation. « Pendant près de vingt ans, l’iniquité des termes de l’échange et les différentes crises économiques et financières successives ont ralenti notre processus de développement et tari de ce fait l’offre d’emplois », explique le président Paul Biya. Le système éducatif camerounais est également pointé du doigt. En dépit de l’implémentation du système « Licence-Master-Doctorat » (LMD), force est de constater que ce dernier n’est toujours pas orienté vers la professionnalisation. Un aveu d’échec que reconnaît le chef de l’Etat. « Nous avons longtemps cru qu’il suffisait de rendre l’enseignement accessible au plus grand nombre, et d’en relever sans cesse le niveau, pour régler de façon mécanique le problème du chômage », avoue-t-il. D’où l’appel lancé aux écoles, collèges, lycées, universités et grandes écoles de s’adapter sans cesse à l’évolution du monde. « Dans notre quête de développement, laissons-nous guider par l’impératif de former des jeunes aptes à construire notre pays », a-t-il dit. Par ces propos, il venait implicitement d’inviter les jeunes à s’auto-employer.