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Le coût économique de la pénurie du carburant

Le ministre de l’Eau et de l’Energie promet un retour à la normale et justifie cette situation par le retard de trois navires transportant ledit produit.

Lundi 11 décembre 2023. Il est 10h. Un rang interminable est formé au niveau de la station Ola Energy au quartier pk11 à Douala. Bidons en mains, les consommateurs de carburant ne se soucient guère de la circulation sur la voie publique. Sur ce tronçon, la station Ola Energy est la seule à approvisionner les automobilistes. C qui justifie la présence massive des personnes agglutinées à cet endroit. La police est également là en renfort pour maitriser la situation afin qu’aucun drame ne survienne.

Dans d’autres stations-service de la ville qui disposent du précieux liquide, des scènes similaires sont visibles. Au quartier Akwa à Douala, Romuald, automobiliste témoigne : « J’ai vu une scène incroyable ce matin au lieu-dit Bonakouamouang. Il y avait un monde fou à la station, les gens se bousculaient. Habituellement, c’est là que je carbure chaque semaine. Mais là je n’ai pas pu le faire. J’ai juste garé mon véhicule et je suis allé au boulot en moto ».

ConSéquenCeS

Du fait de la rareté de carburant, les prix du transport dans la ville de Douala ont immédiatement grimpé. « C’est passé du simple au double, au lieu de 500Fcfa chaque matin, j’ai payé 1000Fcfa pour me rendre à mon lieu de service », fulmine Jasmine, gérante de boutique à Akwa. Pour justifier cette hausse « illégale » du prix de transport, les chauffeurs taxis et conducteurs de moto-taxi parlent de la rareté du carburant. « Le principal élément c’est le carburant. Puisque c’est rare, on ne peut pas se permettre de travailler comme habituellement, et donc forcément les prix du transport vont augmenter », argumente Leonard, conducteur de moto Taxi.

« Actuellement, il faut parcourir la ville pour trouver une station qui peut te fournir en carburant. En plus, il faut s’aligner pendant des heures pour te voir servir. Et quand bien même tu es servi on refuse de faire le plein parce qu’il y a d’autres qui sont en manque. C’est tout cela qui fait en sorte que le coût du transport a augmenté », renchérit Gustave, un autre automobiliste.

L’absence de carburant visible depuis le début du week-end a fait réagir la Société camerounaise de dépôts pétroliers (Scdp). « Face à la rareté des produits dans les stations-services samedi 9 décembre, due aux aléas des importations, voilà les points de ravitaillement dans la ville de Douala », a indiqué l’entreprise tout en rassurant que «la situation redeviendra à la normale dans les stations-services dans environ 3h de temps ». Malheureusement, les populations n’ont pas ressenti les effets de cet approvisionnement à l’entame de cette semaine. «Certains enfants ont même été en retard à l’école parce qu’il y avait pas assez de voiture en route », fulmine Yves, parent d’élève. « J’ai aussi remarqué que le car qui conduit mes enfants à l’école a pris du retard, ça doit être dû aussi à cette absence de carburant », relève pour sa part Raoul Yago, parents d’élèves.

Se voulant toujours rassurant sur l’absence du précieux liquide inflammable, la Scdp a fait une autre sortie le 10 décembre sur sa page Facebook. « Suite aux perturbations observées dans l’approvisionnement des produits pétroliers à Douala, Yaoundé, Bafoussam et autres villes du Cameroun ces derniers jours, un navire a accosté ce dimanche 10 décembre 2023 au Port de Douala. Des opérations sont en cours pour un début effectif de chargement des camions en direction des principales métropoles du pays. La situation devrait se normaliser dès lundi 11 décembre 2023 », peut-on lire. Pour renchérir la communication de la Scdp, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba dans un communiqué de presse a indiqué : «Cette perturbation a pour principale cause le retard dans l’arrivée de trois navires transportant ledit produit, dû aux conditions météo-océanologiques défavorables qui ont interrompu les chargements ships-to-ships desdits navires pendant quatre jours au port hub de Lomé. Actuellement un des navires est déjà au port de Douala avec 13 000m3 de Super ».

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Russel Kouam Tagne, directeur général Finec
« Je suis obligé de rester au bureau, pourtant j’ai dû travail de terrain »

«Sur le plan du travail, je n’ai pas pu faire tout ce qui était prévu de la journée. Je devais me rendre dans d’autres quartiers de la ville comme Bonabéri, Bepanda, Village. Mais à cause du manque de carburant, je n’ai pas pu et je m’inquiète d’ailleurs sur mon retour. Je n’ai pas de carburant dans mon véhicule et je ne souhaite pas tomber en panne sèche en milieu de chemin. Je consomme 25 litres par semaine. Mais là je suis à plat et mes journées sont moroses. Obligé de rester au bureau, pourtant j’ai dû travail de terrain que je dois faire, c’est une perte. Mais j’ai le sentiment que tout ira mieux dans les jours à venir ».

Merlin Dosseu, Chaudronnier
« Il faut qu’on soit autonome dans la gestion et la production du pétrole »

Ca été difficile pour moi ces derniers jours. J’ai limité mes sorties ce qui a eu un impact sur mes activités. C’est quand même lamentable pour un pays comme le nôtre qui dispose de richesses pétrolières énormes. Il faut qu’on soit autonome dans la gestion et la production du pé- trole au Cameroun. Car, ceux qui nous fournissent peuvent même nous faire du chantage. Et on ne souhaite pas en arriver là. Il faut relancer la Sonara. Il faut redynamiser notre économie. Après le pétrole actuellement ça sera quoi. Nous sommes tellement dépendants que c’est frustrant.

Raoul Yago, ingénieur
« Tous les pans des activités sociales sont touchés »

Cette rareté de carburant a favorisé la hausse du prix de transport dans la ville de Douala. Les habitants ont fait face à une hausse de prix vertigineux du transport. Je vis à Pk14. Quittant de ce quartier pour rallier Akwa, je suis obligé de payer le double du prix, ce qui n’est pas bon pour les finances. Si on va continuer sur cette même lancée ça va être insupportable. Parce que sur le plan financier, il n’y a pas de compensation pour les employés du privé comme nous. Ça va être très difficile. Voilà ce que je peux dire en termes de conséquences, d’effet immédiat sur mes activités. Cette pénurie va toucher sans aucun doute tous les pans des activités sociales. Parce que même les commerçantes seront affectées. Et ne soyons pas surpris que cela affecte le coût même de certaines denrées alimentaires sur les étals.

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