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Le plaidoyer des industriels à la Beac

Il a été présenté le 28 mars 2024 à Douala au cours d’une rencontre avec la banque centrale.

La nouvelle réglementation de change en vigueur depuis le premier janvier 2022 n’est toujours pas bien appréhendée par les acteurs du secteur industriel. Au niveau du Syndicat des industries du Cameroun (Syndustricam), l’on retient que les entreprises ont toujours du mal à appliquer les exigences de cette réglementation. La rencontre entre le Syndicat et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) le 28 mars 2024 à Douala, trois jours après la première session de l’année de Comité de politique monétaire (CPM) de l’institution financière à Yaoundé, n’était donc pas anodine.

Les industriels face au directeur national de la Beac Cameroun, Pierre Emmanuel Nkoa Ayissi, ont exprimé leur mécontentement et les obstacles qu’ils rencontrent au quotidien depuis l’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation de change. A cet effet, à travers le Syndustricam, ces créateurs de richesses ont recommandé à la Beac de reconsidérer certaines exigences de cette réglementation.

« D’une manière générale, cette nouvelle réglementation a apporté des changements. Mais tout suite c’est posé une première préoccupation, celle de l’appropriation de cette réglementation et de nombreux facteurs entravent cela. Premièrement c’était une innovation qui était inattendue, les procédures sont complexes… il n’y a pas eu de phase de test. Et après l’entrée en vigueur, certaines entreprises ont reçu des sanctions, il y a eu des rejets des transferts, etc.», évoque le secrétaire général du Syndustricam. A l’en croire, ce sont plus de 10 000 opérations d’importations sur les biens qui sont réalisés par mois au Cameroun.

En outre, cette rencontre Beac-syndustricam était également l’occasion pour la Banque centrale d’interpeller les industriels sur leur implication dans le développement de l’économie camerounaise. En restant ouvert aux observations des opérateurs économiques, Pierre Emmanuel Nkoa Ayissi, directeur national de la Beac Cameroun, a attiré leur attention sur l’équilibre de la balance commerciale et leur volonté patriotique. « Au niveau local, on enregistre plus de 3000 milliards de solde net négatif pour le Cameroun et pour toute la Cemac le solde est positif de 890 milliards. En d’autres termes, si on avait notre monnaie elle serait chahutée. C’est une réalité qui n’est pas très glorieuse, et on se demande bien pourquoi l’argent se retrouve plus à l’extérieur », fait savoir le directeur national de la Beac Cameroun avant de poursuivre : « Le déséquilibre de la balance commerciale est flagrant ce qui nous pousse à nous interroger sur le patriotisme des industriels camerounais ». De son point de vue, Emmanuel Wafo, PDG de Mit Chimie a réagi en indiquant que c’est une mauvaise piste de toujours taxer les opérateurs économiques de non patriote. « Fondamentalement, il s’agit d’un problème structurel de notre économie et foncièrement basé encore sur beaucoup d’importations, ce qui impacte effectivement la balance commerciale. Moi je préfère avoir une lecture de cette question, que de penser que tous les opérateurs économiques ne font que des opérations dans le but de transférer illégalement des ressources qu’ils n’ont pas. N’oublions pas que l’essentiel de l’économie camerounaise est porté par des PME, qui elles-mêmes n’ont pas de ressources pour transférer autant d’argent à l’étranger alors qu’elles n’en ont pas pour tourner leur exploitation. Il faut bien clarifier qui sont ceux qui sont concernés en fait par ces transferts de devises… ».

En sa qualité de président du Syndustricam, Samuel Njanga Kondo reste positif quant à l’avenir de leur secteur : « ce qu’on peut retenir de cet échange entre le Syndustricam, les opérateurs économiques et la Beac, c’est que la Beac national est ouverte au dialogue et elle entend les problématiques des opérateurs économiques. Et on est satisfait. On sait qu’on va pouvoir avoir un courant continue dans le dialogue avec la Beac sur les problèmes qu’ont les opérateurs économiques sur le transfert des devises, parce que ça impacte nos activités, la Beac a été très réceptive on va continuer ce dialogue… », s’est-il rejoui.

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