L’extension du chemin de fer du Cameroun vers le Tchad, la construction du pont sur le Logone entre Yagoua et Bongor, et bien d’autres pourraient connaitre un ralentissement voire un arrêt en cas d’insécurité.
Malgré la réouverture des frontières tchadiennes par le Conseil militaire de transition (CMT) au pouvoir à N’Djaména après leur fermeture il y a quelques jours, l’activité sur le corridor Douala-Ndjaména pourrait connaitre des perturbations dans les prochains jours. Ce, du fait des attaques répétées des rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), ajoutées à un potentiel regain des groupes jihadistes parmi lesquels la secte islamiste Boko Haram toujours en activité dans la zone du lac Tchad. Du coup, l’avenir s’annonce incertain pour le commerce et le transport des marchandises entre le Tchad et le Cameroun. Ne disposant pas de façade maritime, le Tchad utilise le Port de Douala pour exporter ses produits vers l’extérieur.
LES PROJETS AVEC LE CAMEROUN EN BERNE
L’autre préoccupation a trait à la poursuite des projets intégrateurs dans la sous-région impliquant le Tchad. Avec son voisin le Cameroun, ce pays en avait un certain nombre. Il s’agit concrètement de la construction du futur pont sur le fleuve Logone entre Yagoua, chef-lieu du département du Mayo Danaï à l’Extrême Nord-Cameroun, et Bongor au Tchad. A celui-ci, se sont ajoutés entre autres, l’extension du chemin de fer du Cameroun vers le Tchad, et le projet d’interconnexion des réseaux électriques entre les deux pays. Dans ce registre, on peut également citer la boucle routière reliant les deux pays en dehors du corridor Douala-N’Djaména ci-dessus cité. Des projets qui pourraient subir les contrecoups de la crise politico-sécuritaire au Tchad et dans la zone du Sahel. 30 millions d’euros, soit 19 milliards de Fcfa étaient disponibles pour ces projets à l’Union européenne. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et l’Union Européenne se sont engagées pour les financer.
Il est à noter que du vivant d’Idriss Déby, le projet de construction de la route Mora-Dabanga-Kousséri au Cameroun, a connu un grand retard du fait de l’insécurité causée par Boko Haram dans la partie septentrionale du pays au point oû la Banque mondiale menace de rétirer son financement. Il est à espérer que le même sort ne frappe les projets intégrateurs et bilatéraux actuels et à venir.
La crise tchadienne intervient au moment où la Commission de la Cemac appelle à l’accélération desdits projets. « C’est donc le moment de redoubler d’efforts dans la poursuite de la mobilisation des ressources pour la mise en oeuvre effective des projets intégrateurs de la sous-région, qui avaient bénéficié d’un large soutien de la Communauté internationale lors de la table ronde organisée à Paris les 16 et 17 novembre 2020 sous le haut patronage de S.E Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo et président dédié au Pref-Cemac », a insisté le Pr Daniel Ona Ondo, lors des récents travaux du Comité de pilotage du Pref-Cemac. Au cours de la commémoration de la 12ème édition de la Journée de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le 16 mars 2021, Paul Biya, président de la République du Cameroun, président en exercice de la Conférence des chefs d’État a relevé que : « la mise en oeuvre du Programme des Réformes Économiques et Financières de la Cemac, a permis le rétablissement de nos équilibres fondamentaux macroéconomiques. Et, le financement des projets intégrateurs est en bonne voie ».
A PROPOS DU PIPELINE TCHAD-CAMEROUN
Au sujet du pipeline Tchad-Cameroun long de plus de 1000 km mis en service en 2003, la proposition du rachat par la Société nationale des hydrocarbures (SNH) d’une partie des 21% de participation détenue la Société des hydrocarbures du Tchad selon le magazine « Africa Intelligence » du 24 février 2021, pourrait être annulée. En proie à des difficultés financières, l’Etat tchadien d’après certaines sources, aurait envisagé la cession d’une partie de ses parts dans le pipeline reliant ses champs de pétrole au Port de Kribi. Pour lui venir en aide, Yaoundé lui aurait fait une proposition de 150 milliards de Fcfa selon des sources informées du dossier. Pourtant, le Cameroun qui aurait déjà obtenu la revalorisation puis l’actualisation tous les 5 ans du droit de transit du brut tchadien sur son territoire, veut augmenter ses actifs sur cette infrastructure. Cela, même si l’opportunité d’un tel investissement peut être questionnable au regard de la chute continue des cours mondiaux.
AU SUJET DU FCFA
Le regretté maréchal a été connu pour ses positions tranchées sur la question de la sortie ou non du franc CFA. « En Afrique centrale, nous avons beaucoup échangé sur le sujet entre chefs d’État. Cela dit, nous ne sommes pas aussi avancés qu’en Afrique de l’Ouest. Deux choix se posent à nous : changer de monnaie en évitant que chacun crée la sienne propre, ou conserver le franc CFA, mais en coupant le cordon avec le Trésor français. Dans tous les cas, il faut sortir de la situation actuelle et aller vers une souveraineté monétaire. Mais il ne faut pas y aller en ordre dispersé. L’Afrique centrale ne peut pas se payer le luxe de créer six monnaies pour six pays », déclarait Idriss Deby dans une interview à « Jeune Afrique ».