Le sujet était au coeur de la visite que le président Ali Bongo Ondimba a effectué en Grande Bretagne du 11 au 13 mai 2021.
Le chef de l’État gabonais Ali Bongo Ondimba, a effectué un voyage de trois jours en Grande Bretagne, près de trois ans après son Accident vasculaire cérébral (AVC) survenu à Riyad, en Arabie Saoudite. Au cours de la rencontre, il s’est entretenu avec Patricia Scotland, la secrétaire générale du Commonwealth, le 11 mai à Londres, en vue de l’adhésion du Gabon à cette organisation intergouvernementale. 24 heures après, le président gabonais s’est entretenu avec le Prince Charles, prince de Galles, sur le même sujet. Dévoilant les contours de la discussion sur sa page facebook, Ali Bongo a déclaré que « cette volonté commune pourrait se concrétiser dès le prochain Sommet du Commonwealth à Kigali». Et de poursuivre : « ce serait pour notre pays un tournant historique ».
Selon la communication présidentielle gabonaise, l’opportunité de l’adhésion espérée du Gabon à cette organisation intergouvernementale réside dans le fait que les États membres du Commonwealth y sont unis par la langue, l’histoire, la culture et des valeurs décrites dans la Charte du Commonwealth telles que la démocratie, les droits humains et l’État de droit. Des valeurs également promues par le Gabon.
Ouverture des frontières
Cet attrait que le Gabon a pour le Commonwealth prend appui sur le bien être du Gabonais où qu’il se trouve. En effet, les citoyens de ces cinquante-trois pays ne se considèrent pas comme étrangers les uns aux autres, de ce fait et sur le plan diplomatique, les États membres ne s’envoient pas d’ambassadeurs mais des «hauts commissaires» qui représentent le gouvernement et non pas le chef d’État surtout dans le cas de la Grande Bretagne (qui est souvent la reine). De la même manière, si un citoyen du Commonwealth se trouve dans un pays où il n’a pas de représentation diplomatique, il peut s’adresser à l’assistance consulaire britannique, s’il y en a une. On note que le Gabon n’abrite pas de représentation diplomatique de la Grande-Bretagne.
Faire de l’anglais la deuxième langue officiel
Cette volonté d’adhérer au Commonwealth n’est pas sans rappeler l’ambition du président gabonais de faire de l’anglais la seconde langue officielle du pays. En octobre 2012, il avait défrayé la chronique en exprimant le souhait du Gabon de se mettre à l’anglais. Persuadé que dans une économie mondialisée, le Gabon ne peut plus se cantonner à des relations quasi exclusives avec son ancienne puissance coloniale, Ali Bongo, qui a vécu aux États Unis et se plaît à parler anglais en public, a lancé, dans ce contexte, des ponts vers Singapour, la Chine, l’Inde ou le Brésil. La démarche de la présidence gabonaise avait alors été interprétée comme une volonté de mieux préparer les Gabonais à la mondialisation, plutôt qu’une tentative de transformation à la rwandaise. «Le Gabon veut se développer et s’offrir les meilleures opportunités. Quand vous sortez de l’espace francophone, si vous ne savez pas l’anglais vous êtes quasiment handicapé. Il s’agit (…) de faire en sorte que les Gabonais soient armés et mieux armés (…) Les scientifiques français font des publications en anglais (…) alors que les Africains sont devenus pratiquement les seuls à intervenir en français. Si les Français eux-mêmes vont vers l’anglais, pourquoi voudriez-vous que le Gabon se l’interdise », avait alors interrogé et argumenté, Alain-Claude Bilie-By-Nze, alors porte-parole de la présidence gabonaise, s’appuyant sur l’expérience rwandaise,.
Une volonté politique qui se réalise
Selon le Plan stratégique Gabon émergent (Psge), la politique étrangère du Gabon repose sur deux piliers : économique et sécuritaire. Affirmant vouloir capitaliser les relations bilatérales et les processus d’intégration, notre pays espère parvenir à une «diversification des partenariats économiques». Disant devoir valoriser ses atouts naturels et sa position géostratégique, il entend porter des «messages sur le développement durable, (…) le climat (et) le développement humain ». Concrètement, cela doit se traduire par la promotion de «mécanismes de prévention des conflits et crises», y inclus les changements climatiques et le terrorisme. Cela passe aussi par le renforcement des «liens avec les différentes institutions partenaires». Surtout, cela suppose la maîtrise de l’espace maritime et de ses ressources. Vu sous cet angle, la rencontre entre Ali Bongo et le prince Charles peut avoir du sens voire de l’intérêt.