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La gestion des entreprises publiques préoccupe le FMI

Dans un rapport, le Fonds monétaire Internationale (FMI) recommande une réforme en profondeur de la gestion du portefeuille de l’Etat.

Compléter les textes existants pour renforcer la maîtrise des risques budgétaires, les conditions de recours aux garanties, la classification et le fonctionnement des organes de gouvernance des entreprises publiques ; renforcer l’accompagnement des entreprises publiques dans l’appropriation du nouveau cadre légal ; asseoir un pilotage transversal et harmonisé de la politique de l’Etat actionnaire, en le confiant à une structure fusionnante. Telles sont entre autres quelques recommandations proposées par une mission d’assistance technique à distance du Département des finances publiques (FAD) du FMI et d’Afritac Centre (AFC). Cette mission a réalisé une évaluation des risques budgétaires liés à la gestion des entreprises publiques du 15 au 26 février 2021. Dans le rapport, les experts du FMI ont décrié la rentabilité des entreprises publiques qui, à leur sens, n’est pas à l’optimum. Par la suite, ils ont identifié et décelé les maux qui minent la gestion de ces entreprises avant d’en faire des propositions. Au rang de celles-ci, la gestion du portefeuille de l’Etat.

Réforme de la gestion du portefeuille

Selon les experts du FMI, cette gestion nécessiterait des réformes en profondeur. En effet, selon le FMI, les entreprises publiques camerounaises sont confrontées à de sérieuses difficultés structurelles. « S’il existe des facteurs conjoncturels pour expliquer le manque de résultats (concurrence, pandémie et conflits régionaux, prix des produits et services fournis fixés par l’Etat et non ajustés en fonction des fluctuations des coûts de production notamment), ils ne peuvent expliquer tous les problèmes rencontrés dans la gestion des entreprises publiques », a indiqué le rapport. Le document poursuit que le niveau d’endettement très élevé des entreprises publiques (plus de 15% du PIB), et les passifs croisés avec l’Etat présentent des risques budgétaires majeurs. L’impact budgétaire du secteur des entreprises publiques est très important, créant une pression difficilement soutenable sur un budget déjà contraint. La gouvernance, la commande publique, le contrôle et l’audit interne doivent aussi être renforcés.

Par ailleurs, le document dénonce le cadre institutionnel de surveillance des entreprises publiques fragmenté entre de multiples intervenants. « La Commission Technique de Réhabilitation (CTR), qui devrait être du fait de ses attributions cette structure transversale de pilotage et de coordination de la politique de l’Etat actionnaire, ne parvient pas à jouer ce rôle », précise le document. Les experts ont constaté que la coordination des tutelles technique et financière n’est pas totalement effective. « L’effectivité des conseils d’administration (CA) apparaît variable en l’absence de critères objectifs de sélection des administrateurs par leurs compétences et leur diversité. La Société nationale des hydrocarbures (SNH) et la Société nationale d’investissement (SNI), elles-mêmes en charge du suivi d’un portefeuille significatif de participations, demeurent en dehors du périmètre de pilotage des entreprises publiques au Cameroun. Les recommandations des structures de contrôle et d’audit sur la gestion des entreprises publiques ne sont pas toujours suivies d’effet », peut-on lire. Ces conclusions des experts du FMI coïncident avec les remarques de la CTR.

La rentabilité des entreprises publiques reste globalement faible.

Dans son rapport sur les entreprises publiques du Cameroun en 2019, la CTR révèle que les 50 entités, dont les performances ont été analysées, affichent une baisse de 15,7% de leur chiffre d’affaires par rapport à l’exercice 2018, et un résultat net global de -59,5 milliards de Fcfa, en baisse de -6,4% par rapport à 2018. Selon le CTR, les plus grosses pertes ont été enregistrées dans les secteurs combinés « hydrocarbures, eau et électricité » et « industrie et commerce ». Sur le premier secteur, les entreprises ont enregistré une perte de 96 milliards de Fcfa en 2019. Cette contreperformance est portée par la Société nationale de raffinage (Sonara), que l’incendie de mai 2019 a, à ce jour, cantonnée aux importations de produits pétroliers finis.

A côté de ce secteur, les entreprises publiques au sein du secteur « industrie et commerce » (Cicam, Magzi et CHC Hilton) affichent une perte cumulée de 28 milliards de Fcfa en 2019, principalement due aux difficultés de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), concurrencée par les produits chinois et ouest-africains. La mission a obtenu peu d’informations concernant la gestion 2020, l’année fiscale venant de se terminer, mais il est probable que la performance et la compétitivité des entreprises publiques au Cameroun ne se sont pas améliorées de façon significative, notamment dans le contexte de la crise Covid-19. Le niveau d’endettement élevé des entreprises publiques reste aussi un risque budgétaire majeur. La dette des entreprises publiques s’est élevée à 15% du PIB à la fin de 2019.

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