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Aller au-delà des simples dénonciations des actes de corruption

La Commission nationale anti-corruption (Conac) a publié le 23 septembre dernier, un nouveau rapport d’activités qui dresse un état des lieux de la lutte contre la corruption au Cameroun au cours de l’année 2020. Les résultats de ce nouveau rapport de 225 pages, le 11ème depuis la création en 2006 de cet organisme public placé sous l’autorité du président de la République, révèlent que la situation demeure alarmante en matière de lutte contre ce fléau dans le pays.

Dans l’ensemble, outre les contributions de certains départements ministériels, des entreprises publiques ainsi que des organisations de la société civile, ce sont également 2470 appels téléphoniques reçus à travers le « 1517 », le numéro vert de la Conac, qui ont participé à dénoncer les pratiques de corruptions dans le pays. Lesquelles accusations mettent principalement en cause le secteur du transport routier qui arrive en tête des entités les plus corrompues au Cameroun. Rien de surprenant quand on sait que les automobilistes, notamment ceux exerçant dans le transport en commun, sont des grands adeptes de la corruption. Glisser un billet de 500 ou 1.000 Fcfa dans le dossier du véhicule lors d’un contrôle quand on sait qu’on n’est pas règle ou en surcharge, est devenu un geste banal dans la société. Certains gendarmes et policiers ne se cachent même plus pour percevoir cette « gratification » d’un autre genre. Les employés des services de pesage et péage routiers ne sont pas en reste.

Vient ensuite le secteur des affaires foncières avec tous les tripatouillages que l’on connait dans les litiges foncier, le cas par exemple de plusieurs titres fonciers que l’on retrouve souvent pour une seule et même parcelle de terrain. Le corps des Forces de maintien de l’ordre fait lui aussi l’objet de plusieurs dénonciations, notamment dans le traitement des dossiers relatifs aux plaintes des usagers. Le secteur des finances n’est pas reste, et cela ne surprend pas quand on connait le calvaire que vivent certains prestataires de l’Etat qui, au moment de se faire payer, subissent le chantage de certains fonctionnaires véreux qui exigent un pourcentage sur le montant des factures. Et enfin, le secteur de la justice vient sans surprise compléter ce top 5 des entités les plus corrompues au Cameroun, avec de nombreuses magouilles dénoncées dans le traitement des affaires judiciaires.

Il est clair que l’état de corruption dressé par la Conac ne représente pas grand-chose par rapport à la situation globale dans le pays. En effet, ce fléau fait désormais partie des moeurs de la société camerounaise, où certains ont mis en tête qu’ils ne peuvent rien obtenir sans mouiller la barbe. De la signature de simples documents dans les services publics, à l’entrée dans une grande école de formation, en passant le recrutement d’un élève dans un lycée, la liste est loin d’être exhaustive.

Mais si l’on s’arrête aux simples dénonciations comme le fait la Conac depuis une quinzaine d’année, la corruption continuera tout bonnement son petit bonhomme de chemin au Cameroun. Et ses dégâts seront de plus en plus importants sur l’économie du pays. D’ailleurs, ce dernier rapport n’a-t-il pas révélé que l’Etat a subi un préjudice financier de 17,611 milliards de FCfa pour des affaires de corruption et des infractions assimilées ? Ce qu’il faut c’est aller au-delà en sanctionnant avec véhémence, les auteurs reconnus coupables de faits de corruption pour servir d’exemple. Qu’ils soient corrupteurs ou corrompus. Mais qui peut le faire ? Puisque ceux-là même sensés réprimer les fautifs sont au banc des accusés. Le cas du secteur de la justice. Peut-être faudrait-il penser à étendre les pouvoir de la Conac pour qu’elle puisse également sanctionner. Là encore, c’est une autre paire de manche !

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