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Le gouvernement abdique face aux boulangers et meuniers

Le sac de farine 50 kg connait une hausse de 5.000 Fcfa et 25 Fcfa supplémentaires pour la baguette de 200 grammes.

Meuniers et boulangers semblent avoir imposé leur volonté à l’Etat camerounais au sujet de l’augmentation du prix de la farine et du pain. Depuis quelques temps, le sac de farine de blé se vend désormais à 24.000 Fcfa au lieu de 19.000 Fcfa, soit une augmentation de 5.000 Fcfa. Entretemps, il faut ajouter 25 Fcfa pour obtenir la baguette de pain de 200 grammes, jadis vendue à 125 Fcfa. Une réalité qui fait grincer les dents aux consommateurs dont le revenu stagne face à l’inflation observée. Pourtant, le 9 mars dernier, au sortir d’une réunion de concertation avec le Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc) et du Syndicat national des boulangers du Cameroun, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce indiquait en mondovision, que « le prix de la baguette de pain reste inchangé sur l’ensemble du territoire national ». Une déclaration qui ne cadre guère avec la réalité sur le terrain. D’où l’indignation des associations des consommateurs.

Dans un communiqué du 16 février 2022, la Chambre nationale des consommateurs du Cameroun (Cnacoc) s’insurge contre cette hausse. « Il nous a été donné de constater suite aux plaintes et récriminations des consommateurs et à nos enquêtes, que le pain et la farine de blé ont subi une hausse unilatérale et vertigineuse sur le marché sans l’aval du ministère du Commerce et les associations de consommateurs, au détriment du consommateur déjà asphyxié par la vie chère », dénonce Calvin Nya, président exécutif national de ladite association. En réponse, les meuniers et les boulangers justifient cette hausse par l’augmentation des cours du blé, intrant indispensable à la fabrication de ces produits, sur le marché international. Une situation à la base des surcoûts au niveau de la production qu’il est plus que jamais nécessaire d’atténuer.

Une des pistes envisagées pour le maintien des coûts, a été l’importation du blé de la Turquie. Mais, elle s’est avérée insuffisante pour pallier au problème. Du coup, la thèse de l’incorporation des farines locales dans la fabrication du pain refait surface. Déjà en 2016, l’activiste agronome, Bernard Njonga, de regrettée mémoire, présentait les avantages d’une telle initiative. « Si aujourd’hui, une décision d’incorporation de 10% de farines locales panifiables dans le pain était décrétée, cela impliquerait une production de 68.200 tonnes de tubercules, 34.000 hectares de champs, 5.700 emplois et plus de 10 milliards de Fcfa d’économie chaque année », expliquait-il. Plusieurs années plus tard, cela n’est toujours pas fait malgré la politique de l’import-substitution prônée depuis 2020 et même la promotion du « made in Cameroon ». Pendant ce temps, le pays continue d’être dépendant de l’extérieur. Le Cameroun dépense près de 130 milliards de Fcfa par an dans l’importation du blé. Il en a importé 830.000 tonnes en 2019.

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