Elles ont été évoquées au cours d’une table ronde de haut niveau avec les bailleurs de fonds le 16 avril dernier en marge des réunions du printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
«Dévoiler les voies vers un financement durable et innovant pour la santé publique en Afrique ». Tel a été l’objectif visé par la table ronde de haut niveau tenue le 16 avril 2024 à Washington aux Etats unis en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Ayant regroupé les ministres des Finances du continent et les partenaires techniques et financiers, il a été question de trouver des mécanismes devant permettre aux Etats africains de financer la santé à travers la Couverture santé universelle (CSU) qui en constitue un élément essentiel. Cette assise a permis de faire le bilan de la déclaration d’Abuja de 2001, dans laquelle les gouvernements se sont engagés à consacrer 15% de leur budget national à cette cause. 23 années plus tard, cet objectif n’est toujours pas atteint. Pire, la grande majorité des pays africains disent faire face à de nombreux défis d’ordres sécuritaire et climatique.
Des réflexions ont été menées afin d’aider l’Afrique à mettre en place un mécanisme innovant de financement durable et innovant pour la santé publique, trois mécanismes ont été suggérés. Il s’agit notamment, de l’accroissement des investissements dans la santé, la mobilisation de plus des ressources internes pour la construction des infrastructures sanitaires et l’instauration d’une taxe sur les produits nocifs comme le tabac et l’alcool pour ne citer que ceux-là, afin de financer le secteur de la santé.
LeS exPérIeNceS DeS PAyS De LA cemAc
En République centrafricaine (RCA), le gouvernement travaille en synergie avec les partenaires au développement pour régler les problèmes de l’énergie, de la chaine de froid, et de l’eau potable. Quant au financement innovant, Hervé Ndoba, le ministre des Finances et du Budget de ce pays, a indiqué qu’une taxe de 1% sur la télécommunication a été créée et dédiée à la santé. A celle-ci s’ajoutent des exonérations sur certains produits médicaux.
Au Cameroun, un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) démontre l’existence de nombreux mécanismes de financement et de couverture du risque maladie qui tendent à améliorer l’accès aux soins. Toutefois, l’analyse montre leur forte fragmentation. « En effet, différents dispositifs de gratuité cohabitent, chacun orienté vers une catégorie donnée de la population, sans aucune articulation. Cette fragmentation limite la solidarité avec des faiblesses évidentes de redistribution des ressources entre mécanismes et entre les populations cibles », peut-on lire. Au niveau des mécanismes assurantiels, on note un partage de risque à très faible échelle du fait de leur faible pénétration et/ou de la faible capacité contributive des bénéficiaires. Pour l’organisme onusien, « il s’avère donc indispensable de rechercher le pool maximal, ceci dans le cadre de la lutte contre la fragmentation à travers un mécanisme de coordination de l’ensemble des mécanismes de prise en charge et/ou un fonds intégré de couverture maladie », suggèret-on. Le gouvernement camerounais a récemment lancé la phase pilote de la Couverture santé universelle (CSU) pour tenter de résoudre le problème.
Le Gabon pour sa part, s’est doté de deux cadres de référence à savoir la Politique nationale de Santé 2024-2034 et le Plan national de développement sanitaire 2024-2028 pour démontrer son implication à rehausser le secteur de la santé. Le premier vise à combler les carences du secteur, notamment le fonctionnement peu optimal des structures sanitaires, le manque de financement, la répartition inégalement sur le territoire du personnel de santé, etc. Le gouvernement s’est engagé à mettre en place plusieurs stratégies. Il s’agit notamment de l’amélioration des soins de santé primaire, la mise en place des mécanismes de veille et de riposte contre les crises sanitaires ainsi que la mise en œuvre d’une politique volontariste de formation et de renforcement des capacités des acteurs de santé et de protection sociale. Par ailleurs, la question du financement du Plan national de développement sanitaire 2024-2028 a également été abordée. Il en ressort que le coût global est estimé à 514, 2 milliards de Fcfa sur 5 ans dont 73,3 milliards de Fcfa en fonctionnement et 29,5 milliards de Fcfa en investissement. Une évaluation faite avec l’outil de budgétisation des plans stratégiques One Health Tool (OHT) qui a été approuvé par l’organisation mondiale de la santé, l’Unicef, la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale. Des organismes qui sont les principaux partenaires au développement du secteur de la santé au Gabon.