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Les assureurs boudent le marché financier

Le manque de culture boursière, la fiscalité, les offres de placement limitées sont autant de facteurs qui limitent le déploiement des compagnies d’assurances sur le marché financier.

Selon le Rapport annuel de la Cima 2020, le taux de pénétration de l’assurance au Cameroun se situe à 1% contre 13,7% en Afrique du Sud, 4,5% au Maroc, 2,3% en Tunisie, 8,6% en France et 7,4% dans le monde. Ce taux d’après l’Association des Sociétés d’assurance du Cameroun (Asac), montre le faible niveau de l’assurance sur le triangle national.

Selon le président de l’Asac, ce n’est pas le seul point qui pèse sur l’ascension des compagnies d’assurance. Il y a aussi la fiscalité. Elle est d’après l’association des assureurs étouffante et constitue une double peine pour le marché. « Elle grève le coût des assurances (prime d’assurance) donc contribue à la stagnation du chiffres d’affaires du marché. En plus, cette fiscalité ne soumet pas tous les acteurs intervenant dans la collecte de l’épargne aux mêmes exigences que les compagnies d’assurances », explique Thierry Kepeden, président Asac.

Pour justifier la non adhésion des compagnies d’assurance au marché financier, il indique que « les marchés financiers et monétaires ainsi que les règlementations son récentes et encore en phase de lancement. Cette immaturité couplée à une faible éducation financière n’encourage pas l’adhésion des investisseurs ». Et pour ce qui est des opportunités d’offres de placement dont les assureurs ne profitent, le Président de l’Asac indique que ces offres de placements dans la zone Cima sont limitées malgré la mise en place des organismes tels que la BrvM, Bvmac et la Cosumaf. « En effet, les entreprises qui pourraient intéresser les investisseurs assureurs ne sont pas encore présentes en bourse », fait-il savoir.

Au Cameroun, les assurances non vie représentent plus de 60% de la production au détriment des assurances vie et capitalisation dont les engagements pris sont de longue durée et par conséquent permettent des placements à moyen et long terme. A cela s’ajoute aussi, la faible densité des primes. La densité des primes d’assurance des marchés Cima en 2020 est de 13,58 Dollars US (7291,65 Fcfa).Elle est faible comparativement à la moyenne mondiale qui est de 809 dollars US (434 490 Fcfa), à celle de l’Afrique du Sud estimée à 684 dollars US (367 356 Fcfa), du Maroc 138 dollars US (74 116 Fcfa), de la Tunisie 76 Dollars US (40 817 Fcfa) et de la France 3 317 US (1 781 461 Fcfa).

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Malgré les obstacles relevés, les compagnies d’assurance sont conscientes de leur position sur l’économie nationale. Et pour contribuer au développement du marché financier, l’Asac propose de renforcer la sensibilisation et la formation des investisseurs notamment les compagnies d’assurances sur l’existence et les missions des acteurs de la place financière et les organismes de régulation (Cosumaf, Bvmac) afin de rassurer les investisseurs de la solidité et du bon fonctionnement du système financier; d’adapter la règlementation aux opportunités internes et externes de la Zone Cima (ré- vision des règles de dispersion, de limitation, de couverture, …). « Les limites réglementaires donnent la latitude aux Compagnies d’assurances de privilégier la sécurité et la disponibilité au détriment de la rentabilité ; les placements auprès des marchés financiers et monétaires ne garantissent pas toujours la liquidité car la conversion n’est pas prompte et les dépréciations peuvent réduire la valeur escomptée », explique le président de ladite association.

Elle propose également de diversifier les offres de placement afin que le marché financier soit plus dynamique et en adéquation avec son environnement, les valeurs, les richesses de la zone Cima. Mais aussi d’adapter la règlementation afin de permettre une digitalisation de bout en bout qui réduit les couts et améliore la densité des primes, notamment dans les assurances vie propices pour les placements à moyen et long terme ; de renforcer le socle des assurances obligatoires qui génèrent un matelas de primes ; de favoriser une fiscalité incitative permettant aux assureurs de rivaliser avec les nouveaux acteurs de la place financière qui collectent l’épargne pour la fructifier pour le compte des épargnants. Ces acteurs bénéficiant d’une fiscalité plus avantageuse et n’étant pas assujettis aux mêmes contraintes règlementaires que les compagnies, offrent des meilleurs rendements entrainant l’érosion de la clientèle traditionnelle des assureurs et d’accentuer le contrôle effectué par les organismes de veille et de régulation.

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