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Ces défis qui entravent le bon fonctionnement des EMF

Ils sont liés entre autres à la mauvaise gouvernance dans certains cas, la faible capacité technique et opérationnelle dans d’autres, sans oublier l’offre de produits limitée et pas toujours adaptée aux besoins des clients et des personnes vulnérables…

d’après la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), au 31décembre 2022, le Cameroun comptait 402 établissements de microfinance (EMF). Au début de l’année 2023, le ministère des Finances (Minfi) rendait publique la liste des EMF agrées en 2023, et seuls 388 EMF figuraient dans la liste. Bien plus nombreux que les Banques commerciales (15) et les établissements financiers (7), les EMF semblent traverser de nombreuses difficultés. D’où la baisse chaque année, de leur nombre au Cameroun. Bien que disposant d’énormes potentialités pour booster le financement de l’économie, le Minfi reconnait que la grande majorité des EMF fait face à plusieurs défis qui entravent le bon fonctionnement du secteur. Parlant de ces défis, il s’agit entre autres du manque de financement à moyen/long terme, l’absence de structure de refinancement, la mauvaise gouvernance dans certains EMF, la faible capacité technique et opérationnelle des établissements, une offre de produits limitée et pas toujours adaptée aux besoins des clients et des personnes vulnérables, l’insuffisance d’infrastructures technologiques, etc.

INcLuSIoN FINaNcIère

« Les EMF sont confrontés à de nombreux défis. Beaucoup reste à faire dans ce secteur qui contribuent grandement au développement de l’économie camerounaise », s’exprimait David Kengne, lors d’un séminaire de formation organisé à Douala sur la gouvernance d’entreprise.

Selon le Fonds d’équipement des Nations unies (Uncdf) , l’inclusion financière signifie que les individus et les entreprises ont accès et recourent à un éventail de services financiers appropriés et fournis de manière responsable dans un environnement dû- ment règlementé. Au Cameroun, les opérations que les EMF sont autorisés à effectuer comprennent notamment la collecte de l’épargne ; le crédit ; les opérations de transferts et de paiement ; les prestations de formation ; la formation de leurs clients ou membres. « Les opérations autorisées à titre accessoire comprennent notamment des actions de formation de la clientèle, les opérations de crédit-bail et l’achat de biens pour les besoins de la clientèle en rapport avec l’activité de cette clientèle », nous fait-on savoir.

Toutefois, la nouvelle réglementation ajoute les opérations de change manuel. Ces dispositions permettent notamment aux EMF de développer une offre en matière d’éducation financière et de mettre en œuvre certains produits de financement conformes aux règles de la finance islamique. « Les produits de finance islamique sont encore largement méconnus par les populations et les EMF, en dépit de l’opportunité qu’ils représentent pour améliorer l’inclusion financière des populations démunies », reconnait le Ministère des Finances

cadre LégaL

La réglementation du secteur de la microfinance a connu une profonde révision à la suite de l’adoption en 2017 du règlement n°01/17/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 septembre 2017 relatif aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de microfinance dans la Cemac. Ce règlement a pour objectif de renforcer la solidité du secteur de la microfinance qui demeure fragile, marqué par des faillites et des procédures de redressement. Le règlement, entré en vigueur le 1er janvier 2018, vient modifier l’organisation de l’activité, les conditions d’accès à la profession, les dispositions relatives au capital social minimum, la gouvernance, les normes prudentielles et systématise la mise en place d’un dispositif de contrôle interne dans les EMF.

Afin de faire respecter cette réglementation, la commission bancaire a accordé un délai approprié aux EMF. Face aux défis que rencontrent les établissements de microfinance, ceux-ci ont plaidé pour plusieurs réformes susceptibles de leur permettre de contribuer encore plus fortement à l’inclusion financière.

Au niveau de l’autorité de tutelle, les résultats clés de l’analyse diagnostique ont également relevé un certain nombre de contraintes institutionnelles et réglementaires. Il s’agit notamment des niveaux élevés de créances douteuses ; l’insuffisance des capitaux et des fonds propres ; les risques pour les clients ; la faiblesse des systèmes d’informations et de gestion informatisés pour les EMF, et processus digitaux limités ; la fragmentation des secteurs bancaires et des EMF et intégration insuffisante entre les institutions.

SNFI 2023-2027

Au regard de tous ces défis, le document de la stratégie nationale de la finance inclusive (Snfi) 2023-2027 a relevé quelques-uns de besoins. D’après ledit document, les acteurs des EMF souhaitent depuis plusieurs années pouvoir bénéficier d’une fiscalité plus incitative, notamment pour favoriser l’offre vers certaines clientèles marginalisées ou en matière de créances non recouvrables et d’un organisme de garantie des crédits. Ils plaident aussi pour une montée en puissance et un meilleur partage des outils de gestion du risque opérés par différents acteurs, qu’il s’agisse des données de la Cobac ou de celles contenues au sein de la Centrale des incidents de paiement (CIP), de la Centrale des bilans (Fibane) et de la Centrale des risques des établissements de microfinance (Cremf), toutes trois administrées par le CNEF (Conseil national économique et financier).Tenant compte du bilan de la Snfi 2014 et des observations des acteurs du secteur privé, le gouvernement camerounais a orienté sa vision sur l’éducation financière et l’accès aux produits et services financiers durables, innovants, adaptés, diversifiés et à coûts abordables ; offerts par une « diversité de prestataires de services financiers capables et responsables, opérant dans un environnement juridique, réglementaire et fiscal en constante évolution ».

En lien avec cette vision, il est donc prévu la diversification et le renforcement des mécanismes de financement et de refinancement des EMF. Concernant l’amélioration de l’accès et de l’utilisation du crédit, il est nécessaire d’après le Minfi de soutenir et aider les EMF tant dans leur levée de fonds que dans la diversification des produits de crédits adaptés aux besoins des populations à faibles revenus en général, des jeunes, des femmes, des MPMEs (Moyennes, Petites et moyennes entreprises) et particulièrement des personnes socialement vulnérables.

Afin d’aborder la problématique des mécanismes de couverture de risque de crédit, le document SNFI relève qu’il est utile de procéder d’abord à une étude sur la gestion du risque de crédit au sein des EMF. « Il est question d’analyser les mécanismes de couverture usités, les obstacles auxquels ils font face et proposer le modèle de fonds de garantie de crédits (cautions mutuelles, fonds de placement commun, …) qui sied le mieux pour le secteur de la microfinance au Cameroun », peut-on y lire. Sur ce, il est nécessaire, la mise en place d’un fonds de garantie des dépôts, pour mitiger le risque lié à la transformation des dépôts en crédits, prévenir la panique (ruée bancaire) courante dans le secteur de la microfinance et aussi dans le but d’améliorer la stabilité financière et la pérennité des EMF.

Et dans le but de garantir la pérennité du secteur de la microfinance, le gouvernement propose qu’un accent particulier soit mis sur l’enjeu de l’équilibre de performance sociale et financière. Ainsi, dans le cadre de l’assainissement du secteur de la microfinance, un encadrement pointu portant sur les questions de gouvernance incluant la gestion de la performance sociale est nécessaire.

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