Vous êtes ici
Accueil > Banque, Bourse, Finance > Finance > Les six principales menaces à la survie du système financier en Cemac

Les six principales menaces à la survie du système financier en Cemac

Elles sont contenues dans une étude publiée le 7 décembre 2023 par la Beac face à la fermeture des grandes structures bancaires de renom aux Etats- Unis et en Suisse.

C’est à travers une étude que J. Landry Bikaï, économiste en service à la Direction des études, de la recherche et des statistiques à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), a décidé de susciter une réflexion sur les activités des banques de la sous-région. Axée sur le thème « crises bancaires aux Etats-Unis et en Suisse : Quels enseignements pour la stabilité financière dans la Cemac », elle a été rendue publique le 7 décembre dernier. Au-delà d’identifier les six principales menaces à la survie du système, elle propose des pistes de solutions aux problèmes.

LA FortE CoNCENtrAtioN dES dÉPôtS Sur uNE SEuLE CAtÉgoriE dE CLiENtèLE

La première a trait à « la forte concentration des dépôts sur une seule catégorie de clientèle peut être dangereuse », note-t-elle. Face à cela, il est suggéré à la Beac d’encourager les banques à diversifier davantage leurs clientèles et éviter une très forte concentration des dépôts sur un même type de clients. De même, les opérateurs économiques et établissements financiers devraient comprendre les enjeux d’une diversification de leurs partenaires financiers. Aussi, la digitalisation engrangée dans la Cemac peut également être un facteur d’accélération des ruées aux guichets. Selon l’étude sus évoquée, « la Beac devrait certes encourager la digitalisation des services, mais pourrait mener une réflexion en collaboration avec les établissements de crédit sur les limites », recommande-t-elle.

LE MoNtANt MAxiMuM d’ASSurANCE dES dÉPôtS PEut ENCourAgEr LA thÉSAuriSAtioN

D’autre part, selon cette étude, le montant maximum d’assurance des dépôts peut encourager la thésaurisation et la ruée aux guichets des gros déposants même dans les banques en bonne santé. « Dans la Cemac, le plafond d’indemnisation des titulaires des dépôts et autres avoirs éligibles à la protection du mécanisme de garantie est fixé à 5 millions de Fcfa par ayant droit et par établissement de crédit. En d’autres termes, en cas de faillite d’une banque, les déposants ayant plus de 5 millions seront pénalisés », peut-on lire. La banque centrale est invitée à mener une réflexion sur cette question qui est à la base de la ruée aux guichets des banques en faillite aux Etats Unis. « Une alternative pourrait être trouvée pour les plus gros déposants. Une autre alternative pourrait être de demander aux banques de concevoir des plans de couverture des gros dépôts », recommande l’étude sus citée.

LA MENACE dES ÉtABLiSSEMENtS dE CrÉdit dE FAiBLE tAiLLE

En outre, les établissements de crédit de faible taille pourraient être contrôlés plus régulièrement et inclus dans les scénarios de stress test car leur faillite peut représenter une source d’instabilité financière. La Beac pourrait alors redoubler de vigilance face aux banques de petites tailles et même les établissements de microfinance (EMF) et autres établissements financiers. « Comme observé pour les Etats Unis, leur chute peut représenter un risque non négligeable pour la contagion même partielle du système financier global. Il serait utile dans ce sens d’identifier, le niveau optimal de taille des actifs des établissements de crédit à prendre en compte dans les stress tests pour la stabilité financière », explique un expert de la Beac. Entretemps, le respect des critères en matière de capitalisation et d’indicateur de liquidité, ne sont pas suffisants pour apprécier la stabilité financière en cas de panique. La Beac pourrait envisager d’optimiser son dispositif de suivi des banques considérées comme ayant une importance systémique dans la Cemac, et ajuster par exemple à la hausse, leurs exigences en matière de capital et de liquidité. Dans cette perspective, une étude pourrait être menée sur les niveaux optimaux de capital et liquidité compatibles avec le statut de banque d’importance systémique et banque ordinaire. De plus, la Beac à travers l’entité chargée de la stabilité financière devrait renforcer son cadre de concertation et de collaboration avec les établissements de crédit afin de comprendre le plus rapidement possible leurs difficultés en temps réel.

L’oriENtAtioN rEStriCtivE dES PoLitiquES MoNÉtAirES

Enfin, l’orientation restrictive des politiques monétaires comporte un risque de fragilité pour la stabilité financière. Les tensions géopolitiques actuelles accentuent les incertitudes sur la dynamique de l’économie mondiale rendant difficile et complexes les projections macroéconomiques. Dans un tel contexte, les tensions inflationnistes et les anticipations des agents sur l’inflation future restent élevées. De même, compte tenu des taux élevés à court terme, leur persistance dans la durée est une menace pour la stabilité financière. Le risque de taux reste néanmoins préoccupant pour le système financier mondial en raison du resserrement des politiques monétaires des Banques Centrales. La Beac peut à ce titre interrompre le resserrement de la politique monétaire, évaluer l’incidence du resserrement effectué sur les conditions financières des banques commerciales (prioritairement pour les banques à besoin de liquidité) surtout dans un contexte où le marché secondaire des titres publics n’est pas encore suffisamment dynamique. Dans un « scénario catastrophe », si les banques font face à des besoins importants de liquidité, même en cas de 11 détentions de Bons de trésors censés être liquides, il sera difficile de les écouler sans risque d’atteinte à leur image et en l’absence d’un marché secondaire très dynamique et peu diversifié. De plus, les exigences règlementaires et stratégiques liées à l’exposition au risque souverain empêcheront certaines banques sur liquides de racheter des titres peu rentables.

Laisser un commentaire

Top