En attendant l’inauguration officielle, cette infrastructure du barrage hydroélectrique alimente depuis quelques semaines la région de l’Est.
Lancé en 2017, l’usine de pied du barrage Hydroélectrique de Lom Pangar est désormais opérationnelle. « Aujourd’hui, l’usine de pied est raccordée en permanence sur le réseau de l’Est. Elle est devenue la principale source d’alimentation du réseau électrique de l’Est », indique Michel Rodrigue Elobo, directeur régional d’Electricity Development Corporation (EDC), entreprise chargée de la mise en œuvre du projet rencontrée par nos confrères du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. L’usine couvre ainsi la totalité de la demande en énergie de la région évaluée à environ 13 MW. En plus de Bertoua, des départs couvrent les localités comme Belabo, Minta, Abong Mbang, Batouri, etc. Ce qui change radicalement le quotidien des populations, grâce à la stabilité du réseau avec une énergie de bonne qualité. Jusqu’ici en effet, l’Est était alimenté d’une part, à travers la centrale thermique de Bertoua, qui a une capacité inférieure à la demande de la région, d’où le rationnement de l’énergie dans certaines zones. Et d’autre part, par le biais du Réseau interconnecté Sud, à travers la ligne 30 KV Mampang- Bertoua. « Les défauts qui surviendraient ne seront plus dus à une insuffisance en production d’énergie, mais peut-être à un incident sur le réseau de distribution », ajoute Michel Rodrigue Elobo ;
Financée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac) à hauteur de 39 milliards de Fcfa, l’usine de pied va produire de l’énergie d’une puissance de 30 MW. Celle-ci sera transportée par une ligne haute tension d’une longueur d’environ 105 km. Elle reliera l’usine de production au réseau de l’Est via la ville de Bertoua. Par la suite, des extensions de réseaux et des électrifications nouvelles rendront possible la desserte de près de 150 localités rurales et le raccordement de plus de 10.000 ménages dans la région. Il convient de rappeler que l’usine de pied est une composante du barrage de Lom Pangar qui est entré à sa phase opérationnelle depuis 5 ans. Ce gigantesque barrage qui produit 6 milliards de m3, permet d’envisager aujourd’hui une véritable révolution économique.
IntervIew
Théodore Nsangou, directeur général d’Electricity Development Corporation
« L’usine de Lom Pangar va fluidifier l’interconnexion »
Dans cet entretien, le patron de l’entreprise en charge du patrimoine électrique au Cameroun reprécise l’impact de la mise en service de l’usine de pied.
Source: Cameroon Tribune
Monsieur le Directeur général, dans son message de fin d’année, le président de la République a annoncé l’entrée en service de plusieurs ouvrages dans le secteur de l’électricité. Et quelques jours plus tard, l’usine de pied de Lom Pangar est opérationnelle. Est-ce à dire que le message du chef de l’Etat a été le déclic ?
Lorsque nous avons suivi le message du président de la République le 31 décembre dernier, nous étions heureux, parce que d’après les très hautes instructions du chef de l’Etat, nous avions tout mis en œuvre pour qu’avant fin 2023, l’usine de Lom Pangar soit opérationnelle. Et lorsque le président de la République a dit dans son message que cet ouvrage serait opérationnel en 2024, nous savions qu’il parlait du 4e groupe, puisque que sur les trois autres groupes, nous étions en pleins essais. C’est pour cela qu’en réponse aux instructions présidentielles contenues dans ce message, nous sommes heureux d’annoncer qu’effectivement, trois groupes de Lom Pangar sont déjà opérationnels et permettent de couvrir la totalité de la demande de la région de l’Est. C’est-à-dire Bertoua, Batouri et Abong-Mbang, et tout ce qui suit. Le 4e groupe servira d’appoint pour permettre de couvrir les grands comptes.
A quoi cette couverture totale renvoie-t-elle, en termes chiffrés ?
La demande de Bertoua est de l’ordre de 10 MW, Batouri c’est environ 2 MW, auxquels on ajoute les 2 MW d’Abong-Mbang et environs. Donc la demande totale est de l’ordre de 14 MW en base, et peut atteindre 18 MW à la pointe. C’est donc dire que cette demande est totalement ouverte, car l’usine de pied a une capacité de 30 MW. Mais quand nous faisons une projection sur l’évolution de la demande, on est conscient de ce que dans les cinq années à venir, cette usine offrira sa pleine capacité et sera suffisante pour couvrir l’ensemble de la région, tant les ménages que les unités de production.
Quel est l’impact de l’entrée en fonction de l’usine de pied de Lom Pangar sur l’interconnexion entre les réseaux Sud et Est, en application depuis un peu plus d’un an ?
L’usine de Lom Pangar va fluidifier cette interconnexion, parce que jusqu’ici, on enregistrait beaucoup d’insuffisances. En effet, à partir du poste de Mampang par Abong-Mbang, on envoyait l’énergie jusqu’à Bertoua. Cette énergie était extrêmement instable, avec énormément de coupures, beaucoup de chutes de tensions, parce que la ligne 30 KV entre Abong-Mbang et Bertoua est très instable, du fait des chutes des poteaux bois. Et malgré tous les efforts d’Eneo, cette ligne ne tient pas. L’avantage aujourd’hui avec la mise en service de l’usine de pied de Lom Pangar est que nous avons une énergie plus stable qui permet de garantir aux populations de l’Est une meilleure disponibilité du courant électrique. Comme la retenue de Lom Pangar fonctionne au rythme du cycle de remplissage et du cycle de vidange, il y aura des périodes où la quantité de l’énergie en provenance de Lom Pangar pourrait être faible. A ce moment, l’énergie venant du réseau interconnecté Sud (RIS) pourrait suppléer. Mais à l’heure actuelle, c’est Lom Pangar qui envoie l’énergie sur le RIS. Il y a donc une complémentarité entre les deux réseaux. D’ailleurs, au vu des derniers essais, Eneo a décidé de privilégier l’usine de Lom Pangar pour alimenter Abong-Mbang.
