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L’élargissement de la base des investisseurs comme une nécessité

Au cours d’une web-conférence organisée mardi 16 janvier 2024, les acteurs du marché financier ont proposé des solutions pour booster les marchés des capitaux africains.

Les marchés de capitaux en Afrique sont en perpétuels mutations. C’est donc conscients des enjeux et défis qui en découlent, que des professionnels du marché financier ont décidé de mener la réflexion. Réunis mardi 16 janvier 2024 en ligne, ils ont pris part à une web-conférence, organisée par One Africa Forum, sur le thème : « Marchés de capitaux en Afrique : Entre défis persistants et potentiels promoteurs. ». Il était question au cours de cette conférence en ligne d’amorcer la problématique des investissements dans le marché financier, en prélude à l’Africa Capital Markets Forum qui se tiendra les 23,24 et 25 avril prochains à Douala. Cette conférence qui a réuni autour d’une table les acteurs du marché boursier de l’Afrique Centrale, de l’Ouest et du Magreb, ainsi que des avocats d’affaires, a permis aux participants de comprendre l’évolution des différents marchés.

L’Afrique centrale qui représente l’une des plateformes les moins dynamiques du continent en général, note quelques prouesses depuis pratiquement trois ans. D’après la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le taux de pénétration du marché financier est passé de 2% en 2022 à 3% en 2023. Une augmentation qui montre tout de même l’engouement du secteur. « Les choses évoluent nettement mieux. Les entreprises et les particuliers sont curieux d’adhérer malgré les défis encore visibles. L’année dernière nous avons eu 5 admissions à la côte. De plus cette année, au niveau de notre sous-région, nous avons près de 15 entreprises qui sont dans l’attente de venir en bourse », relève Louis Banga Ntolo, Directeur général de la Bvmac.

Pour les acteurs du marché financier, l’heure est à la valorisation. Et, pour ce faire, il faut élargir la gamme des investisseurs. « Nous devons nous intéresser à tous types d’investisseurs, des plus grands aux plus petits. Même ceux qui pensent que le marché de la bourse ne les concernent pas. Il faut leur prouver le contraire et montrer les avantages qu’ils peuvent tirer », admet Oumou Kalson Diom, Directrice exécutive en charge du marché des capitaux CGF Bourse. Des propos soutenus par Me Aurelie Chazai Wamba. « Il est important que les investisseurs comprennent la nécessité de faire partie du marché financier. Il faut donc sensibiliser tout le monde y compris les startups ».

Pour ces professionnels de la finance et de l’investissement, les petites entreprises innovantes sont une cible parfaite pour accroître la visibilité des marchés financiers de l’Afrique. Mais pour réussir à convaincre ces créateurs de richesse, il faut selon Me Aurelie Chazai Wamba entre autres, mettre en place des politiques qui favorisent l’intérêt des jeunes investisseurs. « Il est important d’avoir des politiques de soutien public », dit-elle. L’absence des données fiables comptent parmi les obstacles à l’investissement. « Il faut aussi des données fiables pour évaluer le risque et en Afrique cela est considéré comme un obstacle majeur à l’investissement », reconnaît l’avocate d’affaires avant de poursuivre : « La majorité des sociétés n’ont pas accès à des financements classiques. Ce qu’il faut faire c’est le travail de vulgarisation des services financiers, travaillé aussi sur la transparence, la fiabilité de l’inclusion financière par rapport à ce qu’elle peut apporter au marché. C’est ce qui va renforcer la croissance des investisseurs et faciliter l’accès aux financements…»

Les marchés de capitaux africains sont limités par plusieurs autres contraintes. Il s’agit notamment d’après la Banque africaine de développement (BAD), de l’absence d’une masse critique de titres cotés et négociables, le nombre insuffisant de participants émetteurs, investisseurs, intermédiaires, etc., le manque de diversité des produits, la faiblesse des structures réglementaires, une infrastructure financière inadéquate, de mauvaises méthodes d’identification des risques et de fixation des prix, une activité limitée sur les marchés secondaires et une mobilisation limitée de l’épargne en monnaie locale.

En novembre 2022, le Comité de surveillance du Fonds fiduciaire de développement des marchés financiers (Cmdtf), organisme créé en 2019, a approuvé la stratégie 2023-2026 qui reconnaît la nécessité d’approfondir les impacts du Cmdtf en Afrique de l’Ouest, de coopérer avec d’autres partenaires de développement et de se concentrer sur les domaines où la Banque aura un maximum d’additionnalité et d’impact. La stratégie renforce la mission du Cmdtf en : contribuant à la création de marchés de capitaux liquides, profonds, résilients et capables d’alimenter une source fiable de financement à long terme ; Intégrant des objectifs écologiques, sociaux (y compris l’égalité des sexes, la promotion des PME, les infrastructures sociales) et durables dans les stratégies nationales de développement des marchés de capitaux en Afrique de l’Ouest ; Favorisant l’intégration des marchés de capitaux africains pour qu’ils résistent aux chocs économiques mondiaux.

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Louis Banga Ntolo, directeur général de la Bvmac
« Le marché financier n’est pas un impôt voilé »

Pour qu’il ait un marché il faut qu’il ait un investisseur. Effectivement le plaidoyer est constant sur l’ensemble des marchés. Il faut que le secteur privé s’approprie ce marché. Il ne peut pas être en train de dire que les grandes banques ne financent pas la PME, ne financent que les multinationales et ne pas aller prospecter les autres formules de financement. Aujourd’hui, nous avons un problème de gouvernance, de transparence, qui fait que les capitaines d’industrie hésitent à venir sur les marchés financiers. Nous souhaitons qu’ils viennent sur le marché. Nous leur disons que le marché financier n’est pas un impôt voilé. Avec les évolutions réglementaires, nous avons un grand nombre de personnes qui peuvent accéder à ce marché.

Oumou Kalson Diom, directrice exécutive en charge du marché des capitaux CGF Bourse
« Il faut autant élargir la base des investisseurs que la base des émetteurs »

on constate quand on regarde le taux de bancarisation (20 à 30%), mais une fois que l’on regarde le taux d’inclusion financière qui concerne les parts de wallet, il est entre 40 et 50% dans certains pays. Donc déjà sur le point de la base d’élargissement des investisseurs, il y a beaucoup à faire à ce niveau-là et c’est quelque chose qu’il faut creuser également avec les startups. Il faut autant élargir la base des investisseurs que la base des émetteurs. Sur la base des émetteurs, les startups sont une cible intéressante. Donc c’est des opérations qui peuvent facilement intéresser nos concitoyens. Il faut amener les entreprises à la bourse, malgré toutes les contraintes qui ont été citées sur le marché financier. Il faut aussi regarder les officiels. Il faut inciter tout type de portefeuille à entrer sur le marché. Il faut créer des ponts avec cette plateforme en permettant à ceux qui sont dans l’informel d’accéder aux produits des marchés financiers via les wallets dont l’accès est vraiment facile.

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