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Le choix de la « rupture » et de la jeunesse au Sénégal

Brillant vainqueur de la dernière élection présidentielle dès le premier tour, le plus jeune chef d’Etat de l’histoire du pays a officiellement pris fonction le 2 avril 2024, et s’est engagé à gouverner avec humilité dans la transparence.

La date du 2 avril 2024 restera profondément gravée dans les mémoires des millions de Sénégalais. Et pour cause, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, tout juste 44 ans, est officiellement devenu le cinquième président de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis son indépendance en 1960. L’ancien haut fonctionnaire de l’administration des Impôts et domaines, reconnu comme étant le plus jeune chef d’Etat de l’histoire de cette nation, a effectivement prêté serment devant les juges du Conseil Constitutionnel, au cours d’une cérémonie organisée au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad). « Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois », a déclaré Bassirou Diomaye Faye, la main droite levée, devant des centaines d’officiels sénégalais et plusieurs chefs d’Etat et dirigeants africains ayant fait le déplacement de Dakar.

Pourtant outsider lors du scrutin présidentiel organisé le 24 mars dernier, ce candidat de l’opposition a largement emporté les élections dès le premier tour avec 54,28% des voix, loin devant le candidat de la coalition au pouvoir Amadou Ba (35,79 %). Fait majeur, le successeur de Macky Sall, sortait tout juste de prison. Compagnon et protégé d’Ousmane Sonko, l’homme politique et opposant le plus populaire auprès des Sénégalais et notamment les jeunes, il avait en effet été incarcéré pendant 11 mois avant de bénéficier, dix jours avant l’élection, d’une loi d’amnistie. Faisant l’objet d’une inculpation, Bassirou Diomaye Faye avait été écroué selon un de ses avocats « pour outrage à magistrat, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique », après la diffusion d’un message critique contre la justice dans les affaires Sonko, qu’il a remplacé après que ce dernier ait été écarté de la course présidentielle.

OPPOSANT ANTISYSTÈME ET « PANAFRICANISTE DE GAUCHE »

Réputé être un opposant antisystème, le nouveau chef de l’Etat sénégalais qui n’avait jamais été porté à une fonction élective nationale auparavant, a ainsi créé la surprise tant dans son pays qu’à l’extérieur. Il n’était d’ailleurs que le plan B du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dont il est le secrétaire général. Candidat du changement de système et d’un « panafricanisme de gauche », son programme de campagne a essentiellement porté sur le rétablissement de la « souveraineté » nationale. « Sur le plan africain, l’ampleur des défis sécuritaires (…) nous oblige à plus de solidarité (…) Je réaffirme l’engagement du Sénégal à renforcer les efforts déployés pour la paix, la sécurité, la stabilité et l’intégration africaine », a-t-il encore déclaré quelques minutes après sa prise de pouvoir.

Issu d’une modeste famille d’agriculteurs dans le village de Ndiaganiao, département de Mbour, à 150 km à l’est de la capitale sénégalaise, Bassirou Diomaye Faye se présente lui même comme le candidat de la « rupture ». « En m’élisant président de la République, le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture […] Je m’engage à gouverner avec humilité dans la transparence, à combattre la corruption à toutes les échelles », a également fait savoir le nouveau président. L’homme avait d’ailleurs déjà été adoubé avant même sa prestation de serment par ses paires sur le continent. Outre la lutte contre la corruption, véritable gangrène économique au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye promet plus de justice, une meilleure répartition des richesses, plus d’équité dans les relations internationales et le combat contre l’hyperprésidentialisme. Le nouvel homme fort de Dakar a également garanti à son peuple une souveraineté économique et une réforme monétaire. Il dit d’ailleurs ne pas avoir peur de sortir du franc Cfa. Il s’est aussi engagé à renégocier les contrats miniers, gaziers et pétroliers conclus avec des compagnies étrangères étant donné que le Sénégal pourrait commencer à produire du gaz et du pétrole en 2024.

GRAND ADMIRATEUR DE BARACK OBAMA

Admirateur de l’ancien président américain Barack Obama et du héros Sud-africain Nelson Mandela, Bassirou Diomaye Faye fait ses études secondaires au Lycée Demba Diop de Mbour où il obtient son baccalauréat en 2000. Après s’être inscrit à la faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), il sort nanti d’une maîtrise de droit en 2004. Quelques mois après, il est admis à l’École nationale d’administration (ENA). Après sa sortie de formation trois ans plus tard, ce musulman pratiquant marié à deux femmes, rejoint en 2007 la Direction générale des impôts et domaines. Très attaché à sa terre natale, la passion pour les activités agropastorales de cet ancien berger est restée intacte.

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