Outre le bien-être socioéconomique des Gabonais, ces contributions visent une meilleure règlementation de l’administration publique locale ou encore l’amélioration de certains aspects politiques de la vie du pays.
Les travaux en sous-commission du Dialogue national inclusif qui se déroule tout au long de ce mois à Libreville au Gabon se sont achevés le 18 avril dernier. Au terme de cette phase, pas moins de 38.000 contributions du peuple gabonais ont été examinées pendant dix jours de travaux. En attendant les recommandations au terme des assises, l’on peut déjà retenir plusieurs faits saillants.
SuPPrimEr LA SouS-trAitAnCE Pour mEttrE Fin à LA PréCArité DE L’EmPLoi
Dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail des Gabonais, les membres de la Commission Économie et sous-commission Emploi ont au cours de leurs travaux, tablé entre autres sur les voies et moyens de supprimer la sous-traitance pour mettre fin à la précarité de l’emploi. Ils ont à cet effet préconisé la révision du code du travail, inadapté pour l’employabilité, la protection de l’emploi et la préférence nationale. «Le cri des travailleurs aujourd’hui c’est que la sous-traitance les tient dans une sorte d’esclavagisme. La volonté exprimée par les populations est de supprimer cette sous-traitance de personnel pour que l’employeur qui a besoin de la main d’œuvre, qu’il s’appelle Total Gabon, Perenco, Assala ou la Seeg, recrute le profile dont il a besoin et qu’il lui donne un contrat et un salaire décents à la mesure de sa grille socioprofessionnelle », a indiqué Sylvain Mayabi Binet, commissaire à ladite commission.
inStAurEr DES PointEuSES Pour LuttEr ContrE L’ABSEntéiSmE DAnS LES SErviCES PuBLiCS
La question d’absentéisme, des retards chroniques et de lenteur des services administratifs qui entravent le bon fonctionnement de l’État et compliquent les démarches quotidiennes des citoyens, a été abordée au Dialogue national inclusif avec une volonté unanime d’y trouver des solutions concrètes. A cet effet, des contributeurs ont proposé l’instauration du principe des pointeuses, avec l’utilisation d’une reconnaissance par empreinte digitale. Cette solution avait déjà été envisagée par l’ancien régime dans le rapport de 2020 sur le recensement biométrique des agents de l’Etat sans être appliquée. Elle permet notamment de contrôler les entrées et les sorties des employés de manière précise et fiable. Les propositions ont également porté sur la nécessité de promouvoir les valeurs fondamentales telles que le travail, le mérite, la responsabilité et l’intégrité au sein de la fonction publique.
réviSEr LE CritèrE D’âgE Pour PrEnDrE PArt Aux ConCourS D’EtAt
La question portant sur la révision du critère d’âge pour prendre part aux concours d’Etat a également été abordée lors des travaux en commission. Certains participants ont ainsi plaidé pour une approche plus inclusive qui garantisse à tous les candidats quel que soit leur âge, la possibilité de concourir. Ils justifient leur position par le fait que priver certains individus d’opportunités professionnelles en raison d’une limite d’âge, surtout après une période prolongée de gel des recrutements est une injustice. En même temps, il a été proposé de repousser l’âge de départ à la retraite à 62 ans au Gabon.
DiSSouDrE LE PArti DémoCrAtiquE gABonAiS Et DE SES PArtiS ALLiéS
La sous-commission Régime et Institutions politiques laisse entrevoir une multitude de propositions à l’encontre du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien parti au pouvoir. Les participants ont ainsi préconisé une série de mesures allant de sa dissolution et celle de ses partis politiques alliés de la majorité en passant par la restitution de son patrimoine à l’État. Dans la même veine, plusieurs citoyens exigent que ses anciens membres demandent pardon au peuple gabonais, la confiscation des biens des cadres du parti, l’inéligibilité des membres permanents et des membres du bureau politique ou encore l’interdiction à tous les anciens « PDGistes » d’être éligibles aux élections présidentielles, législatives et locales sous la bannière d’un quelconque parti politique durant 15 ans.
rEvoir LA SituAtion DES étrAngErS Au gABon
Au niveau de la sous-commission « Souveraineté nationale », le problème du nombre d’étrangers présents en terre gabonaise a fait l’objet de débat. Et au sujet de la question de l’immigration dont les débats ont principalement porté autour de l’immigration clandestine, des contributeurs se sont dits convaincus que les étrangers sont plus nombreux que les Gabonais au Gabon. Sur la question de la nationalité, ils ont mis en relief la facilité d’obtention de la nationalité ces quatorze dernières, sous le régime déchu. « Ce qu’il faut déjà retenir à ce stade, c’est que le nombre d’étrangers dans notre pays pose problème dans le vivre ensemble à nos compatriotes (…) L’étranger revient sur beaucoup de questions. Je pense que la réflexion est de dire est-ce que nous sommes encore capables d’absorber nos amis des pays voisins ou lointains qui veulent venir vivre chez nous (…) on a atteint un niveau de présence d’immigrés dans notre pays qui est de moins en moins supportable », a déclaré Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, membre du bureau du Dialogue national inclusif.
Rappelons qu’à côté de l’objectif principal qui est de fixer la durée de la Transition en cours au Gabon, le Dialogue nationale inclusif qui réunit 580 délégués issus de toutes les organisations politiques et de la société civile du pays, va de manière globale faire des propositions sur l’organisation politique, économique et sociale du pays après la Transition. « Il sera question de proposer des orientations appropriées en vue de conduire la Nation vers une démocratie et un État de droit véritables, d’arrêter et de définir les grands principes d’organisation de l’État et des pouvoirs publics, d’énoncer toutes mesures susceptibles d’assurer la réalisation de la justice sociale, de consigner toutes les valeurs communes déterminant le vivre ensemble du peuple gabonais », précise le décret portant convocation et organisation de cette rencontre. Les conclusions de ces assises seront traduites en textes de loi puis soumises à un référendum qui permettra au peuple de se prononcer sur la proposition d’une nouvelle constitution.