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Une introspection profonde du système éducatif s’impose

Après plus d’un mois et demi d’attente, les candidats de la session 2024 du Baccalauréat de l’enseignement secondaire général au Cameroun sont désormais fixés sur leur sort depuis le19 juillet dernier. Et selon les chiffres, les résultats sont grandement défavorables pour la plupart des candidats. En effet, le taux de réussite à cet examen qui donne accès aux études supérieures a connu une baisse drastique entre les deux dernières sessions, passant de 75,73% en 2023 à 37,26% cette année selon les statistiques brutes de l’Office du baccalauréat du Cameroun (OBC). Tous calculs faits, il s’agit d’un taux d’échec global de 62,74%.

En détail, lorsqu’on parcoure le document de l’OBC, on se rend compte que sur 132.920 candidats présents en salle, seuls 59.521 ont pu décrocher leur parchemin. Les chiffres donnent la région du Nord-Ouest une fois encore en tête avec un taux de réussite de 46,9% contre 84,08% la session précédente. Le Littoral occupe la seconde place avec un taux de réussite de 45,98%, suivie par l’Ouest clôture (44,75%), le Sud-Ouest (40,62%), le Centre (39,38%), l’Adamaoua (30,03%), l’Est (28,06%), le Sud (26,49%), l’Extrême-Nord (20,92%) et enfin le Nord (19,99%).

Selon des sources au sein du ministère des Enseignements secondaires (Minesec), ce sont les séries littéraires qui ont enregistré le taux de réussite le plus faible, soit seulement 6,35% en A4 Allemand et 6,90% en A4 Espagnol. Soit un taux d’échec global record de 93,37%. Pire encore, l’on a vu ressurgir le phénomène « Néant » dans certaines séries au niveau des centres d’examens. Les mêmes sources révèlent que les meilleures performances ont été réalisées par les candidats au baccalauréat série E avec un taux de réussite de 71,74%, suivis par ceux de la série C qui sont eux aussi au-dessus de la moyenne avec 52,56% de réussite.

Comment rester insensible au regard de ces résultats peu flatteurs qui suscitent d’une part les interrogations sur la performance de notre système éducatif et d’autre part, sur le niveau réel de nos enfants. En effet, cela fait plusieurs années déjà que des professionnels de l’enseignement ont tiré la sonnette d’alarme sur la question, non sans condamner le fait que des candidats étaient admis aux examens nationaux avec moins de 7/20 comme moyenne au terme des délibérations.

A côté, l’on ne saurait occulter les conditions d’études des élèves dans les établissements publics. Car comment comprendre que l’on se retrouve avec des classes de plus de 90 élèves en terminale au lycée ? Avec des effectifs aussi pléthoriques, comment un enseignant peut-il suivre aisément ses élèves ? Lequel enseignant est même d’ailleurs dé- motivé à prodiguer les enseignements alors qu’il réclame une meilleure prise en charge. Il est clair que dans le contexte de morosité économique actuel, très peu de parents peuvent se permettre le luxe d’inscrire leurs progénitures dans les établissements privés, notamment confessionnels, où les coûts de scolarité sont exorbitants, mais avec de meilleurs résultats. D’ailleurs, le classement par établissement qui devrait sortir avant la prochaine rentrée scolaire viendra confirmer que ce sont ces collèges qui restent les meilleurs comme c’est le cas depuis plusieurs années déjà.

A l’évidence, résultats de cette session 2024 devraient donc amener les autorités du pays à faire une introspection profonde du système éducatif actuel. Car comme l’indiquent les experts, l’éducation est l’un des instruments les plus puissants qui permet de lutter contre la pauvreté et les inégalités, tout en jetant les bases d’une croissance économique solide.

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