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Le rôle sous-exploité de la diaspora au développement de l’Afrique

Selon le « Rapport sur l’état de la migration dans le monde 2024 » publié en mai dernier par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les rapatriements de fonds internationaux ont augmenté de 650%, passant de 128 milliards de dollars US (75 670 milliards de Fcfa) à 831 milliards de dollars US (488 175,3 milliards de Fcfa) entre 2000 et 2022. Ces chiffres pourtant enregistrés au moment même où la crise du Covid-19 battait son plein avec ses nombreuses restrictions, viennent une fois encore démontrer que les migrations internationales restent un moteur de développement humain et de croissance économique.

D’ailleurs, l’OIM souligne que sur ces 831 milliards de dollars de rapatriements de fonds, 647 milliards de dollars ont été envoyés par des migrants dans des pays à revenu faible ou intermédiaire qui se retrouvent pour la plupart en Afrique. « Ces rapatriements de fonds peuvent représenter une part importante du PIB de ces pays et, à l’échelle mondiale, ils dépassent désormais les Investissements directs à l’étranger », apprend-on encore. Selon la Banque mondiale, les transferts de fonds effectués depuis la seule Europe vers l’ensemble du continent africain en 2023 ont atteint un montant d’environ 100 milliards de dollars (58 767,7 milliards de Fcfa). Bien plus, les flux financiers de la diaspora comptaient déjà en 2019 pour 3,5% du Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique, alors que l’Aide publique au développement ne représente que 2,2% de ce même PIB.

En effet, le rapatriement de fonds désigne généralement des transferts financiers ou en nature effectués par les migrants au bénéfice de leurs amis ou parents dans leurs communautés d’origine. En Afrique, la diaspora et les migrants africains aident leurs proches depuis des années en leur envoyant d’importantes sommes d’argent pour diverses raisons. Devenus de réelles sources de revenus pour des familles, ces fonds permettent entre autres de subvenir aux besoins quotidiens, d’améliorer les conditions de vie et surtout de financer des projets notamment dans des domaines comme l’immobilier ou l’agro-industrie. « Si l’on pouvait convaincre un membre de la diaspora sur dix d’investir 1 000 dollars dans son pays d’origine, l’Afrique collecterait ainsi 3 milliards de dollars par an pour financer le développement », avaient relevé les experts Dilip Ratha et Sonia Plaza dans un rapport conjoint.

Malgré les critiques liées à la fuite des cerveaux, la diaspora africaine se révèle donc être un puissant vecteur de développement pour le continent. Et pour preuve, plusieurs entreprises créées grâce aux fonds envoyés par ces migrants génèrent des emplois importants pour bon nombre de jeunes Africains. Sauf que les Etats ne tirent pas pleinement profit de cet atout à même de booster le développement de la région. A l’évidence, l’on constate une quasi absence des politiques plus cohérentes visant à créer des liens plus solides avec les membres de la diaspora afin de susciter leur intérêt à revenir investir de manière véritable en Afrique. Dans un pays comme le Cameroun par exemple, la double nationalité n’existe pas. Ce qui limite la possibilité d’entreprendre localement pour certains membres de la diaspora.

C’est quand même curieux qu’un fils du Cameroun sollicite le visa pour revenir sur la terre de ces ancêtres qui l’a vu naître. C’est d’autant plus curieux que certains d’entre eux, qui ont certes obtenu d’autres nationalités pour des raisons évidentes, veulent revenir pour investir ce qu’ils ont récolté ailleurs afin de participer au développement de leur pays d’origine. Le comble, c’est que ceux qui leur refusent cette double nationalité ont parfois la triple nationalité. Non seulement ils empêchent la diaspora de revenir investir, mais ils pillent le peu de ressources financières nationales destinées au développement. On ne passe pas un concours pour naître dans un pays. Les juristes doivent se pencher sur le droit inaliénable de la nationalité dont la gestion ne doit pas être à la merci des individus. Il est temps que ce cinéma change en Afrique.

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