Faustin Archange Touadéra a été proclamé début janvier, vainqueur de la présidentielle tenue en République centrafricaine (RCA) le 27 décembre 2020. L’Autorité nationale des élections (ANE) en charge de l’organisation des scrutins dans le pays, lui a attribué la victoire dès le premier tour avec 53,9%% des voix. Malgré un faible taux de participation des électeurs évalué à seulement 35%, le professeur d’université va rempiler pour un second mandat de cinq ans à la tête du pays. Seulement, ce deuxième quinquennat s’annonce difficile pour le président du Mouvement coeurs unis (MCU), son parti politique. Comme l’avaient prédit de nombreux observateurs de la scène politique en RCA, le pays connait un regain de violences depuis l’annonce des résultats provisoires il y a plus de deux semaines, obligeant les forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) et l’armée russe présente dans le pays, à se déployer à travers le territoire pour s’interposer dans les combats opposant l’armée centrafricaine aux rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) qui regroupe 14 mouvements rebelles centrafricains soutenus par l’ancien président François Bozizé, écarté de la course à la dernière présidentielle. La CPC qui a déjà pris le contrôle de quelques localités, ne cache d’ailleurs pas son ambition de s’accaparer tout le territoire centrafricain, y compris la capitale Bangui.
A côté des rebelles, Faustin Archange Touadera doit aussi faire face aux assauts de ses adversaires politiques. Une partie des opposants au chef de l’Etat a en effet déjà annoncé qu’elle ne reconnaissait pas les résultats de ce scrutin. C’est le cas de George Anicet Dologuélé arrivé deuxième avec 31,01% des suffrages. Cet ancien cadre supérieur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) a ainsi exprimé son refus des résultats et son intention de déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle après les multiples cas d’irrégularités et de fraudes qu’il dit avoir constaté sur le terrain. « Il y a 5 ans j’avais reconnu la victoire de Faustin Archange Touadera moins d’une heure après l’annonce des résultats par l’ANE. Pourtant, je savais qu’il n’avait pas gagné. Cette fois-ci, je ne m’associerai pas à cette escroquerie électorale… Je ne reconnais pas ces résultats », a déclaré le leader de l’Union pour le renouveau centrafricain (Urca). Crépin Mbouli Goumba, classé 5ème avec 3,16%, s’inscrit également dans cette même logique de contestation.
Face à cette nouvelle tournure des évènements, on est en droit de s’interroger à nouveau sur l’avenir de la RCA qui semblait avoir retrouvé un brin de stabilité sur le plan sociopolitique. Car nous le savons tous, le pays demeure dans une spirale de violences avec une succession de coups d’Etat et trois guerres civiles qui ont considérablement retardé son développement en 60 ans d’existence. En effet, malgré des atouts naturels importants (sous-sol et sol riches en minerais, bois…), il demeure l’une des Nations les plus pauvres de la planète, qui dépend encore fortement de l’aide internationale. Surtout qu’environ 3,2 millions de Centrafricains vivent en dessous du seuil de pauvreté international (1,90 dollar par jour, en parité de pouvoir d’achat), soit 71 % de la population.
Mais nonobstant tous ces antagonismes, Faustin Archange Touadera n’entend pas lâcher prise. Au-delà de sa principale priorité qui est de ramener la paix en RCA, le chef de l’Etat entend mener diverses actions dans le sens de la réalisation des infrastructures en vue de la relance de l’économie. Il s’agit notamment des réformes à engager à la suite du programme économique avec le FMI, les projets sur l’énergie, la poursuite des grands chantiers déjà en route, le désenclavement du pays ou encore la relance de l’agriculture. Heureusement pour lui, il peut encore tout de même compter sur de solides alliés à l’instar de la Russie de Vladimir Poutine et du Rwanda de Paul Kagame.