Sous la coupole de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco en anglais), les journalistes du monde entier célèbrent comme il est de coutume ce 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Au-delà d’être une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle, cette célébration vient rappeler aux dirigeants des pays de la planète, la nécessité de respecter les engagements pris en faveur de la liberté de la presse. Le thème retenu pour encadrer cette édition 2021 est : « L’information comme bien public ». D’après la Directrice générale de l’Unesco, Audrez Azoulay, il souligne « l’attention sur le rôle essentiel que jouent les journalistes libres et professionnels dans la production et la diffusion de ces informations, luttant contre les fausses informations et autres contenus préjudiciables ».
Tout comme les autres pays, le Cameroun est lui aussi concerné par cette journée également destinée à la défense de l’indépendance des médias. Les journalistes locaux, en profitent alors pour protester comme c’est le cas depuis plusieurs années déjà, contre les conditions exécrables liées à l’exercice de cette profession qui joue pourtant un rôle crucial dans l’éducation et l’information du peuple. Ces professionnels des médias déplorent entre autres, la précarité financière qui caractérise le milieu de la presse, le faible soutien de l’Etat à l’endroit des entreprises de presse, l’intimidation et même l’emprisonnement des journalistes dans l’exercice de leur profession, le difficile accès à l’information.
C’est d’ailleurs pour afficher leur mécontentement, que la soixantaine de membres que compte le Réseau des patrons de presse du Cameroun (Repac), a décidé de marcher pacifiquement dans la matinée de ce 3 mai à Yaoundé. Et comme on pouvait s’y attendre, la marche préalablement déclarée à été interdite par l’autorité administrative compétente. En effet, dans une décision signée le 27 avril dernier, le sous-préfet de Yaoundé 1er, Harouna Nyandji Mgbatou, a pris sur lui d’interdire cette manifestation publique qui devait se tenir sur quelques dizaines de mètres seulement, partant de l’hôtel de ville de Yaoundé au ministère de la Communication pour dit-il, « nécessité de préservation de l’ordre social ». C’est la preuve une fois encore, que la liberté de la presse et même la simple liberté de manifester ne sont pas une réalité au Cameroun.
Pourtant, les patrons de presse du Cameroun qui sont concernés au premier plan par les difficultés de la presse locale, souhaitent juste se faire entendre pour faire changer les choses. En effet, on ne saurait parler de liberté de la presse dans un pays où des professionnels de médias cumulent pour certains 5, 10 voire 20 mois et plus d’arriérés de salaires. Ceux-ci étant réduits à vivre uniquement du per diem perçu lors des évènements. D’où la clochardisation constatée chez certains journalistes. L’Etat qui devrait réguler cette situation, ne semble pas du tout préoccupé par le sort de la presse qu’il maintient à dessein dans un état de paupérisation. A titre d’exemple, le Cameroun est l’un des rares pays au monde qui n’accorde pas de subvention à la presse privée. L’aide publique accordée en lieu et place de cette subvention, s’assimile à une raillerie. D’ailleurs au lieu d’augmenter comme souhaité, le montant a plutôt diminué au fil des années, passant de 240 millions de Fcfa en 2019 à 120 millions de Fcfa en 2020, malgré la Covid-19 qui a affecté toutes les entreprises. Les médias ont ainsi perçu des sommes dérisoires.
Franchement ! Que peut bien faire le Groupe Le Financier d’Afrique doté d’un bihebdomadaire et d’un magazine mensuel avec 1,2 million de Fcfa ? Cette somme minable ne couvre même pas les charges mensuelles de cette entreprise de presse composée entre autres du salaire du personnel, le loyer, les factures d’eau, d’électricité et de la connexion internet, l’impression du journal. Et avec ça, on veut que la presse soit libre au Cameroun !