Le taux d’accroissement des nouveaux crédits en baisse de 20,78% en glissement annuel.
L’offre de crédit en Cemac poursuit sa tendance baissière. Selon la Beac, au premier semestre 2020, le montant total des nouveaux prêts mis en place au cours de ce semestre s’est situé à 3009,25 milliards de Fcfa, en baisse de 17,98% par rapport au second semestre 2019 (3 668,95 milliards, Ndlr) et de 20,78% par rapport au premier semestre 2019. Le rapport de la Banque centrale qui donne l’information, révèle que l’essentiel de ces nouveaux crédits sont accordés par les banques, à hauteur de 2979,83 milliards de Fcfa, soit 99,02% de part de marché. « L’activité des établissements financiers demeure marginale, avec seulement 0,98% de part de marché, soit un total de 29,42 milliards de nouveaux prêts accordés sur la période », peut on lire dans le rapport. L’analyse par pays montre une grande disparité des montants des nouveaux prêts. Les établissements de crédit implantés au Cameroun et au Gabon concentrent près de 75,66 % des nouveaux prêts octroyés sur la période, avec respectivement 1 866,77 milliards et 409,93 milliards.
Les grandes entreprises en tête
L’analyse par type de bénéficiaires montre que les nouveaux crédits mis en place au 1er semestre 2020 sont essentiellement destinés aux grandes entreprises et aux PME, qui concentrent respectivement 63,83% et 18,15% des prêts accordés, soit 1 920,84 milliards et 546,11 milliards. Les crédits aux particuliers s’élèvent à 311,58 milliards, soit 10,4% du total des nouveaux financements accordés au cours de la période de référence. En ce qui concerne la maturité, la Beac révèle que près de 63% des nouveaux crédits distribués au 1er semestre 2020 sont à court terme de maturité inférieure ou égale à 24 mois. « Les crédits à moyen terme (maturité supérieure à 24 et inférieure à 60 mois) représentent 12,26% des nouveaux crédits. Les crédits à long terme (maturité supérieure à 60 mois) ne représentent que 2,89% du total des nouveaux prêts. L’activité de crédit-bail, quant à elle, est restée marginale au cours de la période, avec seulement 0,18% du total des crédits accordés. Les engagements par signature ont représenté 21,73% du total », lit-on.
Baisse du coût du crédit
Après la hausse enregistrée au second semestre 2019, les taux débiteurs pratiqués par les établissements de crédit ont reculé au 1er semestre 2020, se situant en moyenne à 8,62 %, contre 8,92 % en moyenne au semestre précédent. « Cette baisse est principalement le fait des taux pratiqués par les banques, dont le taux moyen est passé de 8,84% à 8,56%, en lien avec la dynamique saisonnière des taux d’intérêt débiteurs ». La Banque centrale explique en outre que ces taux sont souvent en baisse dans la première moitié de l’année, en raison de la faible demande de crédits constatée sur cette période.
Au cours des trois derniers semestres, les taux pratiqués par les établissements financiers ressortent en moyenne plus élevés que ceux des banques. Ces écarts s’expliquent principalement par la structure des ressources de ces différentes entités. Contrairement aux banques, les établissements financiers ne sont pas autorisés à collecter des dépôts de la clientèle, et disposent à cet effet d’un volant de trésorerie limité. Les résultats obtenus mettent également en exergue une forte disparité des taux selon la nature de l’emprunteur.
Crédit aux particuliers toujours plus chers
Selon la Beac, dans tous les pays et au niveau sous régional, les prêts aux particuliers et aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) demeurent les plus onéreux (respectivement 14,45% et 10,09 % pour la Cemac). Les grandes entreprises, qui ont concentré la majorité des prêts au cours de la période (environ 1 920,84 milliards), bénéficient par contre des taux les plus faibles, à 7,30 % en moyenne. Les taux servis aux administrations publiques se sont situés à 7,44 % en moyenne au cours de la période sous revue, tandis que les taux aux personnes morales se sont élevés à 8,45% en moyenne. Cette distribution des taux entre les contreparties traduit la perception du risque que les établissements de crédit ont sur chaque segment de leur clientèle. Ainsi, les particuliers et les PME sont généralement classés comme des signatures au profil de risque élevé, en raison notamment du faible volume d’informations financières que les établissements de crédit possèdent sur eux. Par contre, la faiblesse des taux appliqués aux grandes entreprises est justifiée par la disponibilité et la qualité des informations financières existantes pour ce type de clientèle. La disparité des TEG s’observe aussi entre les pays. En effet, au premier semestre 2020, les TEG pratiqués au Tchad, au Cameroun et au Congo sont en moyenne, moins élevés que ceux pratiqués par les établissements de crédit implantés en Centrafrique, au Gabon et en Guinée Equatoriale.