La Banque centrale de Gambie (CBG) vient de solliciter le Nigeria pour imprimer le dalasi, la monnaie nationale gambienne. La petite Nation ouest-africaine qui fait actuellement face à de graves pénuries de devises ainsi qu’à d’autres problèmes de gestion monétaire, souhaite apprendre à gérer ses besoins en devises en tirant parti de la richesse et de l’expérience de son puissant voisin.
La Gambie a certes actuellement une commande pour un accord de frappe de billets de deux ans à l’étranger, mais envisage dans la même veine fabriquer sa monnaie à partir du Nigeria. Ce qui lui permettrait de réduire considérablement les coûts de production. A titre d’exemple, pour transporter les devises imprimées du Sri Lanka vers la Gambie, ce dernier doit débourser environ 70.000 £, soit 53,7 millions de Fcfa. Une somme qui vient s’ajouter aux coûts de fabrication.
Dans l’optique de mettre en oeuvre ce futur partenariat, une délégation de la CBG, conduite par son gouverneur, Buah Saidy, s’est rendue la semaine dernière à Abuja. Les émissaires gambiens ont ainsi rencontré le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN) qui s’est dit disposé à apporter son appui à la Gambie pour la réalisation de ce projet. «Je prends note de votre point sur la gestion des devises. La Monnaie nigériane a été créée au début des années 1960 et nous produisons notre monnaie depuis le début des années 1960, et nous avons beaucoup de capacités inutilisées pour nous assurer qu’au lieu de vous rendre en Europe ou dans d’autres pays, vous pourrez bénéficier de nos idées », a déclaré à cet effet Godwin Emefiele, gouverneur de la CBN.
Le patron de la Banque centrale du Nigeria a en outre indiqué que son pays peut être extrêmement compétitif, tout au moins du point de vue de la logistique et du fret depuis l’Europe ou l’Asie, puisqu’il ne faut que quelques heures de vol pour rallier la Gambie. Par ailleurs, la Nigerian Security Printing and Minting Plc, l’organisation locale d’impression de sécurité, a beaucoup de capacités encore inutilisées qui pourraient permettre de satisfaire la demande de la CBG. Créée en 1963 par le gouvernement fédéral en partenariat avec le Royaume-Uni, elle est entièrement gérée et exploitée par le Nigeria. Mais c’est depuis 1965 que la structure a commencé à fonctionner à plein régime pour produire des billets et pièces de monnaies pour la Banque centrale du Nigeria, ainsi qu’un large éventail de documents de sécurité pour les établissements gouvernementaux, fédéraux, étatiques et locaux, sans oublier les banques commerciales et diverses autres sociétés.
Si le Nigeria parvient à donner une suite satisfaisante à cette proposition, il n’est pas exempté que d’autres pays se rapprochent de lui avec des propositions similaires. Ce partenariat s’il venait à être matérialisé, est la preuve que l’Afrique peut réaliser de grandes choses sans avoir recours à l’occident ou à l’Asie. Il suffit que les Nations africaines se mettent ensemble et se fassent confiance, puisque ce n’est pas le potentiel humain qui manque. Mais malheureusement, de nombreux dirigeants continuent à se rendre hors du continent pour solliciter une expertise qu’ils peuvent trouver sur place. Ceci au grand détriment du continent et de ses populations.