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Le plaidoyer du patronat de la Cemac aux Etats, la Cobac et aux banques

Son président, présent lors des Rencontres des entrepreneurs francophones des 24 et 25 août 2021 à Paris, suggère l’évaluation des établissements de crédit sur cet aspect, sollicite la garantie des pouvoirs publics, l’apurement de la dette intérieure et l’amélioration du climat des affaires.

C’est en qualité de défenseur de la cause des petites et moyennes entreprises (PME) que Célestin Tawamba, le président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) par ailleurs président en exercice de l’Union des patronats de l’Afrique centrale (Unipace), a pris la parole, le 25 août 2021 à Paris-Longchamp, dans le cadre des Rencontres des entrepreneurs francophones (REF) initiées par le Mouvement des entrepreneurs de France (Medef), pour plaider pour un financement accru de ces structures souvent refoulées par les banques classiques. Au-delà de la mise sur pied des fonds d’investissement destinés au financement des entreprises en Afrique en général et dans la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), le patronat camerounais par le biais de son président, milite non seulement en faveur d’une augmentation substantielle des montants alloués auxdits fonds, mais aussi et surtout pour l’assouplissement des conditions d’accès de ces dernières aux crédits auprès des établissements de crédit dûment agréés. « En Afrique, il y a la culture du remboursement de la dette qui est un problème. C’est une chose. Il y a la sécurisation, notamment les garanties. Il y a un problème de pondération des garanties. En Europe, la manière dont on pondère les garanties n’est pas la même que dans nos pays. Il faut voir cela au niveau du régulateur. A cela s’ajoute également l’environnement des affaires, la sécurisation juridique et judiciaire qui sont toutes aussi importantes », souligne Célestin Tawamba.

A ce propos, le président pense que les Etats, les régulateurs tels que la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) au niveau de la Cemac et les banques commerciales en activité ont un rôle important à jouer. « Nous pensons que les Etats, avec les régulateurs, et les banques devraient avoir un pacte. Aussi, évaluer les banques sur leur capacité à financer les PME en leur fixant des objectifs de financement pourrait améliorer la situation. En Egypte par exemple, l’objectif fixé par Etat était de 20% …En contrepartie, l’Etat va sécuriser, et s’occuper des problèmes de garanties. Ça permettra d’améliorer le financement des PME », a-t-il conclu. Pour le représentant du patronat togolais, la solution au problème du financement des PME paraît toute simple. Elle repose exclusivement sur les banques centrales. « A mon avis, je pense qu’il n’y a pas mille chemins. Dans un premier temps, il serait indispensable concernant notre zone, Afrique de l’Ouest et centrale, que les banques centrales puissent diminuer les taux d’intérêt afin de permettre aux banques commerciales à leur tour, de diminuer pour permettre aux opérateurs économiques d’avoir accès à des crédits », explique Laurent Sedolo Coami Tamegnon, président- directeur général de l’entreprise Sanecom par ailleurs président du Conseil national du patronat du Togo. En outre, le patronat africain souhaite que les offres des fonds d’investissement soient adaptées aux réalités des pays en développement.

Suite aux périodes de confinement et dans un contexte de reprise économique pour de nombreux pays francophones, les besoins de financement sont en forte hausse. Ce d’autant plus que la Banque mondiale annonce une croissance de 4% cette année. Ce qui contraint les acteurs du secteur financier à répondre à cette demande de court terme ainsi qu’à de nombreux défis structurels tels que la digitalisation du secteur bancaire, le verdissement des financements, etc.

REACTIONS

Célestin Tawamba, président du groupe Cadyst et président du Gicam et de l’Unipace
«
Un pacte Etats-régulateurs-banques est indispensable »

« Parlant des fonds d’investissement, pour lesquels il faut augmenter les montants, je crois qu’il faut que leurs offres soient adaptées aux réalités des pays en développement. Car l’accessibilité à ces Fonds d’investissement dans les pays africains est difficile. Maintenant, si vous recherchez les rendements, ce n’est pas dans le secteur industriel qu’on les a souvent. Nous avons parlé des banquiers, ils ne sont pas là, mais depuis 2008, c’est le secteur qui gagne le plus d’argent. C’est le secteur où il y’a des rendements importants. Mais, les banques ne financent pas. Il faut aussi que nous, en tant que chefs d’entreprises, prenions nos responsabilités. En Afrique, il y a la culture du remboursement de la dette qui est un problème. C’est une chose. A côté, il y a également la sécurisation, notamment les garanties qui en est un autre du fait de l’existence d’un problème de pondération des garanties. En Europe, la manière dont on pondère les garanties n’est pas la même que dans nos pays. Il faut donc voir cela au niveau du régulateur. A cela s’ajoutent également, l’environnement des affaires, la sécurisation juridique et judiciaire qui sont toutes aussi importantes. Nous pensons qu’un pacte entre les Etats, les régulateurs, les banques serait salutaire. D’autre part, évaluer les banques sur leur capacité à financer les PME, en leur assignant des objectifs de financement, le serait également. En Egypte par exemple, l’Etat a fixé cet objectif à 20% …En contrepartie, l’Etat va s’occuper des problèmes de garanties. Ça permettra alors d’améliorer le financement des PME. »

Emmanuel de Tailly, DG du groupe Sabc et vice-président du Gicam
«
Il nous faut un accompagnement des Etats »

« La crise du Covid-19 nous oblige à penser autrement et à produire localement. La stabilité est un préalable. La Covid nous a enseigné cela : circuit court et économie circulaire. Minimum d’impacts environnementaux et maximum d’impacts sociétaux…Le Cameroun a été résilient grâce à son pilier agro industriel en Afrique centrale…Il nous faut des champions nationaux qui produisent et créent de la valeur ajoutée…Il nous faut aussi un accompagnement des Etats à travers une fiscalité incitative relativement à la consommation des matières premières. Cet accompagnement étatique permettrait de résorber une partie de l’impact ! Il compenserait aussi le déficit de compétitivité des matières premières africaines… Moteur industriel et turbo agricole, on va arriver. »

Reine Mbang Essobmadje, DG d’Evolving Consulting et vice-présidente du Gicam
« Au niveau francophone, on a plus agi au niveau des start-ups »

« Je voudrais souligner l’action que mène le Gicam dans le numérique. Il y a l’action du secteur public, les politiques publiques, et celle du secteur privé. Le Gicam travaille d’abord au niveau de la transformation digitale de groupement camerounais. Celle-ci passe par des outils qu’on a mis en place pour la dématérialisation des réseaux sociaux professionnels, des plateformes collaboratives, d’une application mobile. Le deuxième aspect, c’est la transformation digitale de nos adhérents. Elle vise à permettre à ces derniers, d’intégrer le numérique comme vecteur de développement. Un dernier aspect, tout ce qui va être plaidoyer et action sur les politiques publiques dans le sens du développement de l’économie numérique. Et, on a récemment produit un plaidoyer sur les données à caractère personnel. Quand on va parler du numérique, ce qu’on met en place au niveau du Gicam et plus particulièrement dans la Commission économie numérique, c’est le référencement des acteurs du numérique, de ce qu’on appelle l’industrie numérique, versus l’écosystème des start-up. Pourquoi ? Parce que quand on regarde les schémas de développement stratégique du numérique dans différents pays, on a d’abord développé les gros industriels du numérique. Ça s’est fait en Chine et aux Etats-Unis. Mais, ce sont ces industriels ensuite qui ont des actions, que ce soit au niveau de la Sillicon valley, des fondations, pour développer l’écosystème des start-up. Au niveau francophone, on a plus agi au niveau des start-ups. L’industrie du numérique est très importante car on a deux enjeux majeurs qui sont l’identité digitale, l’enjeu d’identification et les systèmes de paiement digitaux. Ça a été évoqué. Pour cela, il nous faut des industriels capables de gérer des données à caractère personnel et être dans un processus de co-construction, co-développement avec les acteurs internationaux en la matière et accompagner la transformation digitale de nos institutions publiques. »

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