La police camerounaise n’a jamais autant fait parler d’elle dans le pays comme lors des dernières semaines. Des échanges verbaux irrévérencieux entre policiers et usagers parmi lesquelles des personnalités politiques, aux scènes dégradantes de bagarres toujours entre ces deux entités, en passant par des actes de tortures perpétrés par les hommes en tenue sur des individus, les populations et notamment les adeptes des réseaux sociaux ainsi que les médias, en ont eu pour leurs compte. A la vue de ces images avilissantes, chacun y est allé de son commentaire, soit pour dénoncer le comportement éhonté de certains usagers à l’endroit des agents de police, soit pour condamner le manque de professionnalisme de certains policiers qui abuseraient de leur autorité.
Le courroux sur la situation de la police nationale a atteint son paroxysme il y a quelques jours, avec la diffusion dans les réseaux sociaux, des vidéos tournées dans la nuit du 15 au 16 septembre 2021. Selon les termes utilisés par le Délégué général à sûreté nationale (Dgsn), dans un communiqué publié à cet effet, les images montrent « des fonctionnaires de police en train d’administrer à un mis en cause, dans le cadre d’une enquête pour vol, un traitement inhumain et dégradant, à l’aide d’une machette, dans une unité de police ».
Pour mettre fin à la cacophonie autour de cette énième affaire portant atteinte à l’image de la police nationale, le patron de ce corps métier dont les principales missions sont entre autres de maintenir l’ordre public et de veiller à la sécurité des personnes, des biens et des institutions, a rapidement pris des mesure drastiques à l’encontre des agents incriminés. Tout en réaffirmant la véracité des faits et après avoir identifié les mis en cause, Martin Mbarga Nguelé a confirmé qu’ils font depuis le 21 septembre 2021, « l’objet de mesures appropriés pour répondre de leurs actes devant les instances judiciaires et disciplinaires ».
Mais au-delà de cette prompte réaction du Dgsn fortement saluée par l’opinion publique, il demeure le problème de la qualité de certaines personnes enrôlées dans la police. Partant du concept selon lequel il y a des brebis galeuses dans chaque corps de métier, c’est à la racine que le mal devrait être attaqué, notamment au moment du recrutement. On peut être brillant au moment des tests (écrits et physiques), mais ne pas avoir le profil nécessaire pour exercer le métier de policier qui exige d’avoir des qualités surhumaines pour supporter au quotidien les réflexions d’une frange d’usagers parfois de mauvaises foi, leurs insultes, leurs tempéraments impulsifs ou encore leurs crises de nerfs pour ne citer que ces cas.
Compte tenu du rôle crucial que joue la police dans l’équilibre social d’un pays, on se demande si l’accent qui doit prioritairement être mis sur l’enquête de moralité, n’a pas été relâché. En réalité, les résultats de ladite enquête doivent largement comptés pour le recrutement final du policier. Présentée par les spécialistes comme une recherche d’éléments factuels de comportements du candidat, les enquêtes de moralité, en plus de porter sur les antécédents judiciaires, sont centrées sur sa réputation au sein de sa famille et son voisinage immédiat, ainsi que ses antécédents scolaires et professionnels s’il y en a. De quoi séparer le bon grain de l’ivraie.