Dans cette région du Cameroun, bon nombre de jeunes ont tronqué les stylos et les cahiers au profit des bassines et des
pelles à la recherche de l’Or.
Agés pour la plupart entre 7 et 11 ans, les enfants du village Fell, situé dans la région de l’Adamaoua, ont repris le chemin de l’école cette année. Ils sont près de 450 élèves enregistrés à « l’Ecole des parents de Fell ». L’école qui compte trois salles de classe, notamment la SIL (section d’initiation au langage), le CP (cours préparatoire) et le CE1 (cours élémentaire) est ouverte depuis le mois de septembre 2021. Elle a vu le jour grâce à l’engagement des membres des Comités de veille citoyen (CVC), accompagnés par l’Organisation non gouvernementale (ONG) Foder (Forêt et développement rural) dans le cadre du Projet mines environnement et société (Promess2).
L’école des parents de Fell a été créée avec l’onction administrative du Sous- Préfet de Meiganga, qui a donné son accord pour aider les orpailleurs à faire sortir les enfants en âge scolaire des trous miniers. Depuis quelques années, les habitants des régions de l’Adamaoua et de l’Est Cameroun convoitent les restes des entreprises minières étrangères. Après le passage de celles-ci dans leur localité et leur engin, la population locale composée d’hommes, de femmes et d’enfants, s’attèlent à leur tour à creuser, remuer, laver la terre à la recherche de quelques pincées d’or.
L’appât du gain a donc poussé les plus jeunes à abandonner l’école pour se concentrer à cette activité. Dans certains villages, les salles de classes sont de plus en plus vides et les enseignants ont eux aussi déserté. Au regard de cette situation, certaines organisations locales se sont lancées dans une sensibilisation, afin de convaincre les artisans miniers des villages de ces régions sur l’importance de sortir les enfants des trous miniers pour l’école. Surtout que ces trous miniers représentent de véritables pièges mortels pour les riverains.
157 décès sur les sites miniers du Cameroun
Entre 2013 et avril 2021, Foder a recensé 157 décès sur les sites miniers du Cameroun. Parmi ces morts, 25% sont dus aux noyades et éboulements de terrain causés par des trous à ciel ouvert laissés par des exploitants. Dans la répartition par sexe, sur les 157 morts comptabilisés par Foder, 53 % sont des hommes contre 11% de femmes, le reste, soit 36%, n’étant pas défini. Sur les 100 morts, dont les âges sont connus, 38 ont entre 0 et 20 ans.
Pour la période 2014-2016, 250 trous ouverts et non réhabilités ont été répertoriés par l’équipe de Foder. Les propriétaires de ces entreprises étant pour la majorité, de nationalité chinoise selon cette ONG. Pourtant, l’article 136 du Code minier camerounais précise d’ailleurs que « la restauration, la réhabilitation et la fermeture des sites miniers et des carrières incombent à chaque opérateur ».
L’école des parents de Fell est la 5ème école parentale que Foder a réussi à faire créer par les orpailleurs dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua à l’issue des actions de sensibilisation. Les quatre premières écoles des parents ont été créées par les artisans et CVC des villages Ngoe Ngoe (Ngoura), Yassa (Garoua-Boulaï), Gbengoubou (Bétaré Oya) et Haya Haya (Bétaré Oya). Tous les enfants inscrits à l’école de Fell n’ont jamais été auparavant à l’école. Ces derniers n’ont connu que le travail de l’or. L’école la plus proche de Fell, est l’école publique de Kombo Laka se trouvant à plus de 17 Km du village. D’après Foder, les sensibilisations se poursuivent, pour encourager les artisans miniers à maintenir leurs enfants dans les salles de classe et non plus dans les sites miniers.
