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La nationalisation d’Eneo se précise

C’est du moins ce qui ressort de la réunion du comité interministériel en charge du rachat de cette entreprise par l’Etat, le 22 novembre dernier à Yaoundé.

L’Etat camerounais se prépare à ouvrir dans les prochains jours, des négociations avec le Fonds d’investissement britannique Actis en vue du rachat de ses 51% d’actions au sein de la société Energy of Cameroon (Eneo). C’est la principale résolution issue de la réunion du Comité interministériel en charge du rachat de cette entreprise, laquelle s’est tenue le 22 novembre dernier à Yaoundé sous la présidence de Louis Paul Motaze, ministre des Finances et président dudit comité. Ce cadre regroupe également le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) et celui de l’Eau et de l’énergie (Minee). D’où la présence des ministres Gaston Eloundou Essomba du Minee et Paul Tasong, ministre délégué auprès du Minepat à ces travaux.

Cette négociation est annoncée au moment où les relations entre le Fonds Actis et le gouvernement ne sont pas au beau fixe. A la suite de l’interpellation de Patrick Eeckelers, ex directeur général d’Eneo par des éléments de la Direction de la police judiciaire, le 17 août 2022 vers 7h30 de cette matinée dans le restaurant du Hilton Hotel où il résidait apparemment, il a été entendu par les enquêteurs pendant près de 2 heures au siège de ladite direction situé au quartier Elig-Essono à Yaoundé. Bien qu’ayant été relâché sans que l’on ne sache véritablement les motifs de son arrestation. Une situation qui avait en son temps, suscité de l’indignation de la part du Fonds britannique d’investissement Actis. Il a saisi le Premier ministre, chef du gouvernement via une correspondance du 19 août 2022 dont LFA a obtenu copie. Dans celle-ci, David Alderton, le président directeur général de Cameroon Power Holding, une autre filiale d’Actis, déplore les conditions de l’interpellation du DG d’Eneo. « Elles interrogent sur le traitement que l’Etat du Cameroun réserve aux représentants des investisseurs étrangers et pèse négativement sur la relation de confiance qui devrait exister entre le partenaire stratégique Actis et l’Etat du Cameroun », s’offusque-t-il. Allant dans le même sens, il s’est dit « alarmé de ce que depuis quelques temps, des cadres dirigeants d’Eneo Camerounais comme expatriés, font l’objet soit de convocations, soit d’interpellation, voire de menaces de mise en détention pour des motifs peu clairs », poursuit-il.

La PErSIStaNCE dES déLEStagES

Or, la volonté de rachat d’Eneo par l’Etat du Cameroun vise à mettre un terme au problème de délestages devenus récurrents ces derniers temps dans le pays. Il était attendu d’Eneo de concert avec la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) en charge de la gestion du réseau depuis 2018, de le remettre en état. Celui-ci souffre d’un déficit d’investissement. Ce qui s’observe par l’état de décrépitude avancé à la base des perturbations dans la distribution du courant électrique. Mais, l’entreprise dit toujours attendre l’apurement de la dette à elle due. Cela devrait normalement passer par la poursuite des négociations avec l’Etat pour l’apurement de sa dette vis-à-vis de cette entreprise durement impactée par cette situation. Eneo revendique en effet un réseau composé de 1,7 million de nouveaux abonnés en 2021. Un chiffre qui devra sans doute s’améliorer grâce à un combat acharné contre la fraude qui persiste. Dans cette optique, l’entreprise est appelée à améliorer le cadre de collaboration avec ses sous-traitants pour un partenariat gagnant-gagnant. Aussi, la promotion des compteurs prépayés et la facilitation des conditions d’accès aux branchements sont autant d’actions à mener pour tordre le cou à la fraude en cours. Une situation qui crée un manque à gagner important à l’entreprise.

Au sujet des délestages observés, Energy of Cameroon (Eneo), déplore un défaut de coordination avec les pouvoirs publics. Ce qui amenuise sa capacité de « faire face à la demande qui est sans cesse croissante avec le temps », indique-t-elle. A titre d’illustration, le gouvernement s’est opposé à leur projet de partage de réseaux via la mise en place d’une fibre optique. Aussi, « la matière première pour un meilleur approvisionnement des industries et des ménages en électricité est difficilement produite sur place. Ce qui renchérit les coûts d’approvisionnement », poursuit-elle. Elle propose un partage de charges avec les administrations, mais également un soutien de la part de ces dernières en vue d’accroître la production de la matière première et des outils d’infrastructures localement.

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