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655,3 milliards de Fcfa à décaisser en deux ans

L’évaluation du portefeuille des projets effectuée du 24 au 25 mars 2021 a permis de constater que le taux de décaissement est passé de 21,4% en 2017 à 7,4% en 2020, soit une baisse de 14 points.

Le Cameroun pourra-t-il sauver les 655,3 milliards de Fcfa qui constituent les financements non décaissés issue des 20 projets du portefeuille actuellement en cours dans le cadre de la coopération avec la Banque mondiale ? Difficile de répondre par l’affirmative parce que les performances présentées au cours de la revue annuelle conjointe du portefeuille des projets de la Banque mondiale coprésidée par le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey et le directeur des opérations de la Banque mondiale au Cameroun, Aboulaye Seck les 24 et 25 mars dernier, ne rassurent pas. « En termes de performance, le taux de décaissement cumulé se situe à 30%. Ce faible taux est révélateur de la performance globale modérément satisfaisante du portefeuille des opérations nationales et des difficultés de mise en oeuvre », a indiqué Alamine Ousmane Mey.

De manière spécifique, il est passé de 21,4% en 2017 à 7,4% en 2020, soit une baisse de 14 points. « En ce qui concerne le solde des engagements non décaissés, il s’élève à environ 655,3 milliards de Fcfa qu’il faudrait décaisser au cours des deux prochaines années afin d’éviter que ces ressources ne deviennent forcloses », a poursuivi le Minepat. Et pour éviter cette situation, « il faudrait donc que chacun des acteurs de toute la chaine, bien entendu de préparation de projet en terme de maturation, d’exécution de contrat, de suivi évaluation, de respect de manuel de procédures qui encadre les opérations avec la Banque mondiale, que tout cela puisse être respecté et que durant les deux années qui restent, nous puissions relever substantiellement le niveau de décaissement et surtout réaliser les projets conformément aux attentes des populations », a recommandé Alamine Ousmane Mey.

Pour l’institution de Brettons Wood, les raisons de cette contreperformance sont de divers ordres (institutionnel, administratif, opérationnel…). Le directeur des opérations de la Banque mondiale au Cameroun cite notamment « le délai écoulé entre l’approbation des financements et leur signature ». Il a été multiplié par 4 depuis 2016, passant de 4,25 à plus de 18 mois en 2019. « Les délais de passation de marchés inexplicablement longs en dépit des dispositions favorables dont bénéficient les unités de gestion de projet, à savoir des commissions spéciales et dédiées de passation de marché, » sont aussi pointés du doigt. « Pour certains projets d’infrastructures, le délai de contractualisation est en moyenne de 18 mois pour un consultant et de 24 mois pour les marchés de travaux », a dénoncé Abdoulaye Seck.

Selon le Minepat, le portefeuille de projets de la Banque mondiale actuellement en cours s’élève à environ 2,54 milliards de dollars pour 20 projets. Ces interventions sont majoritairement orientées vers le secteur Infrastructures qui à lui seul, représente 54,8% de engagements du portefeuille, suivi tour à tour des secteurs développement rural (12%), santé (9,7%), gouvernance (8,8%), éducation (7,7%), développement social (3,6%) et industrie et services (3,4%).

INTERVIEW

Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie
« Relever substantiellement le niveau de décaissement »

Dans un bref entretien, il parle de la situation.

Quelle était de l’évaluation du portefeuille des projets de la Banque mondiale au Cameroun ?

Cette évaluation nous permet évidemment de reconnaitre et de saluer les avancées positives mais surtout les obstacles résiduels qui se trouvent sur le chemin de la mise en oeuvre des projets de développement pour lesquels les financements sont obtenus auprès de la Banque mondiale. Il y a lieu d’abord de se satisfaire globalement de la situation du portefeuille. Un portefeuille qui représente près de 2,5 milliards de dollars et qui couvre 20 projets dans les secteurs stratégiques en alignement total avec la stratégie nationale de développement 2030 à savoir le secteur des infrastructures, secteur qui est crucial pour la transformation structurelle de notre économie vers l’industrialisation, qui par ricochet vers l’émergence à l’horizon 2035.

Qu’est-ce qui explique la baisse des décaissements constatée ?

Quelques informations sont à prendre en compte pour envisager, anticiper les mesures à prendre. Nous avons une situation de décaissement qui a connu une baisse au regard de l’évolution entre 2017 et 2020. Les causes à la fois sécuritaire, institutionnelle, administrative et opérationnelle ont été soulignées. Il s’agit donc pour nous de faire en sorte que l’élaboration et le plan de travail puisse davantage être maitrisés, que les questions relatives aux expropriations, indemnisations soient davantage assurés, que les responsables qui se trouvent autour de cette revue puissent développer beaucoup plus de comportement visant la performance, avec des critères qui vont être identifiés dans le but de saluer conforment aux attentes et attirer l’attention de ceux qui n’atteignent pas leurs objectifs. J’ai parlé du taux de décaissement qui est en baisse, cela veut dire tout simplement que les ressources qui ont été allouées sont disponibles et ne peuvent pas être injectées dans l’économie et le temps qui nous reste pour le faire est court, faute d’avoir fait cela, on risque la forclusion. C’est moins de deux ans.

Que faut-il faire pour remédier à cette situation ?

Il faudrait donc que chacune et chacun des acteurs de toute la chaine, bien entendu de préparation de projet en terme de maturation, d’exécution de contrat, de suivi évaluation, de respect de manuel de procédures qui encadre les opérations avec la Banque mondiale puisse respecter tout cela et que durant les deux années qui restent, que nous puissions relever substantiellement le niveau de décaissement et surtout réaliser les projets conformément aux attentes des populations.

REACTION

Abdoulaye Seck, directeur des Opérations de la Banque mondiale au Cameroun
« D’excellents résultats se réalisent »

Nous avons fait le point sur deux choses importantes. La première chose c’est l’alignement de ce soutien du Cameroun à la Vision 2035 et aussi à la stratégie nationale de développement 2030. Deuxièmement, il était question devoir quels sont les résultats que ce soutien permet de délivrer et comment on peut faire encore plus. Sur l’alignement, c’était important de se rendre compte qu’effectivement qu’il y’a un tel alignement. Nous avons constaté par exemple que lorsqu’il s’agit du programme d’infrastructure, du développement du capital humain, du développement rural, de la création d’emploi, la Banque mondiale soutien les efforts du Cameroun. Nous constatons également qu’il y’a d’excellent résultats qui se réalisent dans ces différents domaines. En même temps, comme l’a reconnu le ministre de l’Economie, il encore des possibilités de faire plus.

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