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La pauvreté de l’Afrique répercutée dans le désert

Difficile de rester insensible à la vue des images de la jeune Isabelle Merci Mpouma, cette Camerounaise de 37 ans dont des vidéos affligeantes et insoutenables à la limite, ont été partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Partie selon plusieurs témoignages, le 20 juillet dernier de Douala sa ville de résidence, dans l’espoir rejoindre clandestinement l’Europe en passant par le désert, l’aventure de cette coiffeuse s’est brusquement arrêtée de manière tragique. Face aux rudes conditions du voyage, la traversée lui sera fatale. Ses compagnons de voyages ayant été contraints comme ils l’expliquent eux-mêmes dans l’enregistrement vidéo, de l’abandonner en plein désert bien que malade et agonisante. Sa mort sera malheureusement confirmée quelques jours plus tard par diverses sources. Vraisemblablement, elle n’aura pas droit à une sépulture, au grand désarroi de ses proches.

A l’instar d’Isabelle Mpouma, des centaines de migrants africains périssent chaque année sur les routes incertaines en direction de l’Europe, que ce soit dans le Sahara réputé être le plus vaste désert chaud au monde et l’un des endroits les plus dangereux de la planète, ou dans la mer Méditerranée au moment de l’ultime étape. Selon un rapport commis par le Haut commissariat de l’ONU aux refugiés (HCR), au moins 1750 personnes sont mortes dans ce périple infernal entre 2018 et 2019, en tentant de passer par le sud de la Libye ou en empruntant la route ouest-africaine qui borde le Niger et le Mali notamment. Et ici, ce sont seulement ceux dont on a pu retrouver les cadavres nécessaires pour le décompte. En effet, de nombreuses familles en Afrique sont sans nouvelles de proches partis en aventure vers le vieux continent, depuis une vingtaine d’années pour certains. Las d’attendre le moindre signe de vie, d’aucun se sont résolus à faire le deuil.

Outre les cas de décès, les migrants africains subissent très souvent de multiples exactions au cours de la traversée. A côté des sévices corporels comme les cas de viols perpétrées tant sur les femmes que sur les hommes, les maltraitances, tortures et au pire l’esclavage guettent les infortunés. L’on a encore en mémoire les tristes images diffusées en août 2019 par la chaine américaine CNN, montant des individus noirs vendus aux plus offrants par des trafiquants lors des ventes aux enchères en Libye, soit 340 euros (223 025 Fcfa) le migrant.

Mais la dangerosité de ce voyage ne décourage pas pour autant les dizaines de milliers d’Africains qui se lancent chaque année par route à l’assaut de l’Europe. Il faut dire que les gouvernements africains ont une grande part de responsabilité dans cet exode périlleux qui n’emporte pas que des désoeuvrés, mais également des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. En effet, face au manque criard d’emplois sur le continent et à un avenir incertain par leurs pays respectifs, des millions de jeunes Africains préfèrent fuir vers l’Europe, dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure pour eux leurs proches. D’ailleurs, la plupart sont motivés par la réussite d’une poignée de privilégiés qui reviennent au pays, nantis et parfois très célèbres.

Il est donc clair que les images tragiques diffusées régulièrement ainsi que les discours et autres conseils, ne suffiront pas à éradiquer ou tout au moins à diminuer de manière considérable les voyages clandestins vers l’Europe. La solution idoine comme l’on déjà préconisés de nombreux experts, c’est de développement des pays africains afin de réduire la pauvreté endémique qui sévit au quotidien sur le continent. Avec suffisamment d’emplois et des appuis conséquents octroyés aux jeunes pour le développement des projets, la situation pourrait s’inverser.

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