Cet appui, vise selon l’institution financière internationale, à compléter le compte des transactions courantes qui est structurellement déficitaire.
Soucieux de renforcer la stabilité du système monétaire international face aux dégâts économiques et sociaux sans précédent causés par la pandémie de la Covid-19, le Fonds monétaire international (FMI) a procédé depuis ce 23 août 2021, à l’injection record d’une liquidité de 456,5 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS), équivalent à 650 milliards de dollars dans l’économie mondiale. Dans ce cadre, les Etats de la Cemac n’ont pas été lésés. Selon les documents du FMI, les six Etats de la Cemac ont été crédités de 1,019 milliard de Droits de Tirages Spéciaux (DTS) d’une valeur de 1,445 milliards de dollars. Dans les détails, le Cameroun a obtenu 265 millions de DTS soit 375 millions de dollars, le Gabon a obtenu 207 millions DTS soit 294 millions de dollars ; le Congo a obtenu 155 millions de DTS soit 220 millions de dollars. La Guinée Equatoriale, le Tchad et la RCA ont respectivement obtenu 151 millions, 134 millions et 107 millions de DTS pour des montants équivalents respectivement à 214 millions, 191 millions et 151 millions de dollars.
Cette injection historique qui est la réponse de l’institution de Bretton Woods à la grave crise sanitaire que connait actuellement le monde, vise à compléter les réserves de change de ses pays membres. Cette manne financière constitue selon le FMI, une véritable bouée de sauvetage pour les pays dont le compte des transactions courantes est structurellement déficitaire comme la plupart des pays en développement, en considérant qu’avec la crise sanitaire, leurs positions extérieures se sont davantage détériorées.
A en croire Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, les DTS sont distribués aux pays au prorata de leurs quotes parts relatives au FMI. Cela signifie qu’environ 275 milliards de dollars sont destinés aux pays émergents et aux pays en développement, dont 21 milliards pour les pays à faible revenu, ce qui représente jusqu’à 6% de leur PIB pour certains d’entre eux. Ainsi, les pays africains qui recevront 23,73 milliards de DTS, équivalant à 33,66 milliards de dollars, pourraient utiliser cette enveloppe pour financer notamment leurs achats de vaccins contre la Covid-19. Sans surprise, les deux géants du continent que sont l’Afrique du Sud et le Nigéria, sont les plus gros bénéficiaires avec des allocations respectives de 2,92 milliards de DTS soit 4,15 milliards de Fcfa et 2,35 milliards de DTS (3,34 milliards de Fcfa). Ils sont suivis par l’Egypte, l’Algérie et la Lybie avec des avoirs de 1,95 milliard de DTS (2,77 milliards de dollars), 1,88 milliards de DTS (2,66 milliards de dollars) et 1,51 milliard de DTS soit 2,14 milliards de dollars.
Le top 10 des plus importants bénéficiaires de cette allocation en DTS sur le continent est complété par la République démocratique du Congo (1 021,7 millions de DTS), la Zambie (937,6 millions de DTS), le Maroc (857,2 millions de DTS), l’Angola (709,4 millions de DTS) et le Ghana (707,3 millions de DTS). Dans la zone Uemoa, la Côte d’Ivoire, conformément à son poids, reçoit la part la plus importante de la région avec une allocation de 623,4 millions de DTS, équivalant à 884,3 millions de dollars, soit près de 496 milliards Fcfa. Elle est naturellement suivie par le Sénégal qui pourra renforcer ses réserves de change à hauteur de 310 millions de DTS, correspondant à 440 millions de dollars (246,7 milliards Fcfa). Dans le même sillage, on retrouve successivement le Mali (178,8 millions de DTS), le Togo (140,7 millions de DTS), le Niger (126 millions de DTS), le Bénin (118,7 millions de DTS) et le Burkina Faso (115,4 millions de DTS).
Vers la création d’un fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté
Pour amplifier les bienfaits de cette allocation, le FMI encourage la réaffectation volontaire d’une partie des DTS des pays affichant une position extérieure solide en faveur des pays qui en ont le plus besoin. Dans cet objectif, au cours des 16 derniers mois, certains pays membres se sont déjà engagés à prêter 24 milliards de dollars, dont 15 milliards provenant de leurs DTS actuels, au fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, qui permet au FMI d’accorder des prêts concessionnels aux pays à faible revenu. « Le FMI étudie également avec ses pays membres la possibilité de créer un nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la viabilité, par l’intermédiaire duquel les DTS réaffectés permettraient d’aider les pays les plus vulnérables à se transformer sur le plan structurel, notamment face aux enjeux climatiques. Une autre possibilité consisterait à réaffecter des DTS pour financer les prêts accordés par les banques multilatérales de développement », a déclaré Kristalina Georgieva dans son adresse avant de poursuivre ; « cette allocation de DTS est une composante essentielle de l’action plus globale que mène le FMI pour aider les pays à surmonter la pandémie. Cette démarche prend la forme de nouveaux financements d’un montant de 117 milliards de dollars en faveur de 85 pays, d’un allégement du service de la dette pour 29 pays à faible revenu, ainsi que de conseils et d’un appui au développement des capacités dans plus de 175 pays afin d’assurer une reprise solide et plus durable ».