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Les quatre principaux risques bancaires en 2021

Dans une étude publiée le 17 novembre dernier, Standard & Poor’s (S&P) Global Ratings estime que l’année 2021 pourrait être la plus difficile depuis 2009 pour le secteur bancaire suite à la pandémie de coronavirus. Selon elle, « le retrait progressif des mesures d’urgence prises par les Etats depuis le début de la crise du coronavirus, risquant d’exacerber des risques que la reprise économique attendue ne suffira pas à dissiper ».

L’agence de notation financière, a par conséquent identifié quatre principaux risques auxquels les banques seront confrontées tant au niveau régional que mondial. Il s’agit d’abord « d’une aggravation ou prolongation des effets de la pandémie sur l’économie. Ensuite, des séquelles à plus long terme du soutien de court terme aux banques et aux emprunteurs. Puis de la hausse probable de l’endettement et du nombre de défauts d’entreprises. Et enfin, d’une évolution de l’immobilier défavorable à la qualité de crédit des banques ». Elle rappelle que les notes de crédit du secteur bancaire affichent pour l’instant un biais clairement négatif puisque pour un tiers environ des établissements qu’elle suit, celles-ci sont dans une perspective négative, qui implique un risque de dégradation. L’agence indique qu’elle a pris au total 236 décisions sur des notes de banques depuis le début de la pandémie, dont environ 23% d’abaissements et 76% de révisions à la baisse des perspectives. Or, « le retour des systèmes bancaires dans le monde aux niveaux d’avant le Covid-19 sera lent, incertain et très variable selon les zones géographiques », explique-t-elle. Avant d’ajouter que « dans certains pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, le retour au niveau d’avant-crise pourrait ainsi attendre 2023 ». Le seul bémol est que l’agence ne prévoit pas « de modification de l’environnement de taux d’intérêt, dont le niveau historiquement faible continuera de peser sur les marges d’intérêt, obligeant les banques à prendre des initiatives ».

S’agissant de l’Afrique, six pays à savoir le Nigéria, la Tunisie, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Egypte seront confrontés à des risques élevés de leurs systèmes bancaires. Au Nigéria, le rythme de la reprise du secteur bancaire va souffrir d’une croissance lente (contraction du PIB de 3,8% en 2020 et de 2% en moyenne en 2021-2022), d’une dépréciation de la monnaie locale (naira) et d’une volatilité des prix du pétrole. En Tunisie, le coût du risque en 2020 et de manière plus significative en 2021-2022, va peser à terme sur la rentabilité des banques. Pour l’Egypte, le ralentissement économique va entraîner une augmentation des pertes de crédit plus élevées pour les banques. Le Kenya verra son déficit budgétaire atteindre près de 8% en 2020-2021. De plus, des déficits importants de la balance courante entraîneront une augmentation significative de la dette extérieure. Le Maroc va connaître une détérioration des qualités des actifs de ses banques, en particulier dans des secteurs comme le tourisme et le développement immobilier. L’économie marocaine va se contracter de 5,5% en 2020 avant une reprise en 2021. Quant à l’Afrique du sud, le crédit total du secteur privé (des banques et des marchés financiers) se contractera à environ 80% du PIB jusqu’en 2021 (contre 87% en 2019) en raison de la forte baisse économique.

Dans l’ensemble, l’agence de notation américaine s’est montrée pessimiste pour le secteur bancaire mondial, qui pourrait connaître encore des moments difficiles dans les prochaines années. « Le rétablissement des systèmes bancaires dans le monde aux niveaux pré-Covid-19 sera lent, incertain et très variable selon les zones géographiques », a averti Emmanuel Volland, analyste de crédit chez S&P Global Ratings.

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