Vous êtes ici
Accueil > Assurances, Economie, Microfinance > Économie > L’impact de la guerre russo-ukrainienne sur la Cemac

L’impact de la guerre russo-ukrainienne sur la Cemac

Le «Bulletin économique et statistiques» de la Beac publié récemment donne en détail les répercussions de cette crise sur les économies des pays de la Cemac.

Dans son dernier « Bulletin économique et statistiques » de Mars 2023, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) des pays membres de Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), analyse l’impact du conflit russo-ukrainien, déclenché en février 2022, sur l’économie de cet espace communautaire. En ce qui concerne la croissance économique, la banque centrale fait observer qu’elle «est passée de 1,8% en 2021 à 2,9% en 2022, portée principalement par un rebond de la croissance pétrolière, en dépit d’une légère décélération de la croissance non pétrolière. Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, la croissance avait été projetée à 3,2%, traduisant ainsi une perte de 0,3 point par rapport aux réalisations en fin d’année 2022».

Parlant de l’offre et de la demande, le document indique qu’au niveau de l’offre, le conflit entre la Russie et l’Ukraine a provoqué une embellie sur les cours du pétrole brut et du gaz naturel, avec des retombées financières positives pour les pays producteurs de la Cemac. Du côté de la demande, la consommation a été moins vigoureuse. «La demande intérieure brute a moins contribué à la croissance de la Cemac en 2022, bien que constituant toujours le principal moteur de la croissance réelle dans la sous-région (contribution de 2,1 points, contre 7,4 points en 2021), avec une modération de la dynamique de la consommation privée (contribution de 3,5 points en 2022, contre 4,0 points en 2021) et une baisse de la contribution de la consommation publique et des investissements bruts (contributions à la croissance de – 1,1 point et – 0,4 point respectivement)», souligne la Beac.

Le communiqué sanctionnant la session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la Beac tenue le 26 juin 2023, fait observer la baisse des cours mondiaux des matières premières importées par la Cemac, suite à la normalisation de la chaîne logistique mondiale restée perturbée pendant la période post-Covid. Cette situation a eu pour conséquence le renchérissement des coûts des matières premières et du fret maritime, avec pour corollaire l’explosion des coûts de production des entreprises et l’inflation dans les marchés, que la Beac s’emploie depuis 2020 à contenir.

iNFLAtioN

Dans le même temps, le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Ukraine a provoqué dans les pays de la Cemac de fortes pressions inflationnistes, en raison notamment de la dépendance de nombre de pays de cet espace des importations de blé russe ou des matières premières rentrant dans la production du fer à béton provenant d’Ukraine. En 2022, «l’inflation s’est hissée à 5, 6% en moyenne annuelle et 6,7% en glissement annuel, contre respectivement 1,7% et 2,6% un an plus tôt. Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, elle a été projetée à 2,1%, soit une augmentation de 3,5 points, du fait essentiellement de la hausse des prix des produits alimentaires», détaille le rapport de la banque centrale.

Selon les conclusions du CPM cité en haut, le taux d’inflation dans la zone Cemac est désormais projeté à 6,1% en 2023. Cette prévision est en léger recul par rapport à la projection de 6,4% faite lors de la session du CPM de mars 2023. Mais, en dépit du léger ralentissement des tensions inflationnistes projeté par le CPM, cet indicateur demeure largement au-dessus du seuil de 3% toléré dans la zone Cemac. Ainsi, la banque centrale entend accentuer les ponctions hebdomadaires de liquidités des banques, afin de poursuivre la lutte contre l’inflation en Cemac.

FiNANCe PUbLiqUe

Le document fait remarquer qu’en raison du conflit, les finances publiques des pays de la Cemac ont plutôt connu une embellie, «du fait de l’orientation favorable des cours des produits exportés (…), en particulier du pétrole brut. Au total, le solde budgétaire global, dons compris, est ressorti à 2,5% du PIB en 2022, contre – 1,2% du PIB en 2021. Avant le début de la crise, il a été prévu à 0,5% du PIB, induisant donc une amélioration de 2,0 points de pourcentage du PIB», apprend-on.

MASSe MoNétAire

Sur la masse monétaire et ses contreparties, le rapport de la Beac précise que son évolution s’est caractérisée, à fin décembre 2022, par «un bond des avoirs extérieurs nets du système monétaire, qui ont doublé pour s’établir à 2863,8 milliards; une décélération de 4,7% des créances nettes du système monétaire sur les États de la Cemac à 8585,1 milliards; une hausse de 7,7% des crédits à l’économie à 9912,3 milliards; et un taux de couverture extérieure de la monnaie à 73,1% (contre 64,0% en 2021), en hausse de 6 points de base par rapport au niveau projeté avant la guerre en Ukraine».

Laisser un commentaire

Top