L’appel public à l’épargne lancé par l’Etat sur la Bvmac le 13 juin dernier a été sursouscrit par les investisseurs qui y ont manifesté un engouement certain à l’opération.
L’équipe de Louis Paul Motaze exulte depuis le 30 juin dernier, lorsqu’elle a eu la première tendance des souscriptions du 7e emprunt obligataire que l’Etat a lancé le 13 juin dernier. Il y a de quoi s’en réjouir car la réussite n’était pas évidente en raison des conditions du marché financier devenues difficiles, du fait de la politique monétaire restrictive mise en place par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) pour combattre l’inflation ambiante. Initialement, le gouvernement voulait solliciter les investisseurs pour une enveloppe de 200 milliards de Fcfa, mais l’austérité du marché l’a amené à revoir ses prétentions à la baisse à 150 milliards de Fcfa. Heureusement que l’opération se termine avec une sursouscription de 26,6 milliards de Fcfa qui se rapproche de la cagnotte que l’Etat voulait solliciter au départ. Ce résultat tient de la qualité de la signature du Cameroun qui dispose d’un taux de croissance moyen, d’une économie diversifiée, d’un taux d’endettement acceptable et surtout d’une solvabilité qui donne des gages d’assurance aux investisseurs.
Rendu à ce stade, l’État du Cameroun a sollicité et obtenu le quitus de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), le régulateur du marché financier unifié de la Cemac pour l’encaissement des fonds sursouscrits.
Le quitus de cette institution qui est habilitée à annoncer le résultat de l’appel public à l’épargne en Cemac, permet alors au Cameroun d’encaisser les 176,6 milliards de Fcfa obtenus des souscripteurs. Cette enveloppe représente 117,8% du montant sollicité. Le rapport de la répartition des souscripteurs indique que les établissements financiers et bancaires ont apporté 64,08% des souscriptions contre 23,41% pour des personnes morales non financières et 12,51% pour des personnes physiques. La contribution par pays de la Cemac se présente comme suit : Cameroun 77,48%, Gabon 12,58%, Guinée Equatoriale 3,40%,Congo 3,14%, Tchad 2,83% et RCA 0,57%.
Le SecreT du TréSor PuBLic
Pour assurer le succès de cette opération, le Trésor public camerounais s’est entouré d’un consortium d’arrangeurs de premier ordre sur le marché de la sous région (Afriland Bourse & Investissement, Attijari Securities Central Africa, Financia Capital, Upline Securities Central Africa et Société Générale Capital Securities Central Africa). Ce consortium a garanti à l’emprunteur une prise ferme d’un montant de 118,805 milliards de Fcfa avant le début des souscriptions. Les placements supplémentaires réalisés durant la période de souscription se sont élevés à 57,888 milliards de Fcfa d’où la cagnotte finale de 176,6 milliards de Fcfa.
Outre la qualité des arrangeurs, les experts du ministère des Finances ont comme d’habitude innové dans l’ingénierie financière en proposant sur le marché, pour la première fois en Cemac, un emprunt obligataire à choix multiples qui donne la possibilité aux investisseurs de souscrire pour des maturités longues à des taux d’intérêt plus élevés, ou pour des maturités plus courtes à des taux d’intérêt plus bas. Ainsi, la rémunération des investisseurs, en hausse par rapport à ce que le Cameroun propose d’habitude, oscille entre 5,80% et 7,25% pour des maturités des titres allant de 3 ans à 8 ans, avec des différés de 2 ans à 3 ans.
Pour rappel, la cagnotte mobilisée dans le cadre de cet emprunt servira au financement de certains projets inscrits dans la loi de finances 2023, notamment dans cinq secteurs : eau et énergie 20,55 milliards de Fcfa, travaux publics 85,48 milliards de Fcfa, aménagement urbain 15,08 milliards de Fcfa, transports 14 milliards de Fcfa, reconstruction des zones sinistrés 15 milliards de Fcfa. Avec la surallocation des ressources de 26,6 milliards de Fcfa, les enveloppes initiales allouées à ces projets pourraient être revues à la hausse, tout comme de nouveaux projets pourraient intégrer cette liste initiale.
