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Dr Andrew Crépin Gwodog, ex ADG SCG-Ré

« Avec l’expérience réussie de la SCG-ré, les compagnies d’assurance de la Cemac et de la Cima n’ont plus d’excuses pour procéder à leur valorisation »

L’ex Administrateur directeur général de la SCG-Ré donne les avantages pour les assureurs d’entrer en bourse, tout en prenant l’exemple sur la société d’assurance dont il avait la charge il y a encore quelques jours avant le Conseil des ministres du Gabon du 19 octobre 2023 qui l’a remplacé.

La SCG-ré est la première société de réassurance agréée par la Cima à placer une partie de son capital en bourse. Qu’est ce qui a conduit à cela ?

En mai dernier, sur l’instruction du conseil d’administration de la SCG-Ré et des autorités de la République gabonaise, la SCG-ré, société de participation du Fgis (Fonds Gabonais d’investissements stratégiques)en application de son plan stratégique de développement 2022-2027, devait augmenter son capital social à 15 milliards de Fcfa au plus tard le 31 décembre 2024. Pour ce faire, également dans le strict respect des engagements pris par le Gabon, de designer trois sociétés qui devraient faire leur entrée à la bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale, afin d’organiser suite à l’acte uniforme les fusions des deux bourses, nous avons entrepris avec l’aide de l’équipe projet les deux opérations concomitamment. Dans un premier temps, après avoir mis en ordre non seulement les ressources internes, mais également mis en place une équipe projet constituée d’experts financiers, juristes, et d’experts en communication s’appuyant sur les ressources de la SCG-ré, nous avons entrepris la phase de préparation des projets avant sa mise en œuvre. Cela s’est traduit par la valorisation de la SCG-ré selon les trois méthodes retenues. Et la moyenne de ces méthodes là nous donnait une valeur minimale de l’action de la SCG-ré à 21300F. Les actionnaires de la SCG-ré ont offert une décote à l’ensemble des investisseurs de 6% ce qui a fait que le titre commercialisé soit proposé aux investisseurs de la sous-région et puis gabonais. Ici nous avons retenu que la Société commerciale gabonaise de Réassurance est une société de réassurance c’est-à-dire assurances et réassurances. Créée en 2012 à la faveur d’un partenariat entre les institutions financières de l’État et les assureurs. Cette société aujourd’hui cumule avant cette opération un capital social de 10 milliards de Fcfa, un chiffre d’affaires moyen de 13 milliards par an, un résultat net moyen de 950 millions et une estimation des dividendes moyennes par an de 650 millions et une représentation dont le siège à Libreville dans laquelle travaille un effectif de 25%. L’opération nous a permis de collecter sur la place financière de la sous-région, 7 milliards d’intentions de souscription. Nous nous sommes retrouvés en souscription réelles à 5,6 milliards et finalement les instances de gouvernance de la SCG-Ré ont réglé le capital à 5 milliards en privilégiant les petits porteurs, dont les personnes physiques au détriment de personnes morales. Ce qui fait qu’en gros la SCG-ré avec cette opération a intéressé 771 nouveaux investisseurs parmi lesquelles 50 personnes morales. Parmi les personnes morales c’est l’occasion de remercier les investisseurs camerounais d’avoir souscrit à plus de 3 milliards par appel public à l’épargne de la SCG-ré et dans ces trois milliards on retrouve la Cnps au Cameroun qui est détentrice de 5% du capital de la SCG-ré avec un poste au conseil d’administration et un autre poste au comité de conseil d’administration. Cette opération s’est étendue au-delà de la Cemac. Elle a été très bien appréciée. Nous l’avons présenté à Abidjan en Côte d’Ivoire, à Dakar au Sénégal. Nous l’avons également présenté ladite opération à la diaspora d’Afrique centrale, à l’occasion d’une présentation à l’Ambassade du Gabon France.

Que retenir?

Une belle réussite. D’abord une réussite humaine, une réussite financière parce qu’elle fait de la SCG-ré la première société agréée par la Cima sur un espace, une zone forte composée de 14 pays de la zone Cemac et la zone Uemoa, à faire son entrée à la bourse des valeurs mobilières. Ladite cotation a généré pour la SCG-ré à un certain nombre d’avantages. D’abord elle a permis à la SCG-ré d’accroître sa notoriété, d’être mieux connue, d’accroître son management, ça permis à la SCG-ré d’augmenter sa capitalisation une capitalisation qui était de 10 milliards à une , passant ainsi d’une capitalisation moyenne qui était de 2 milliards non boursières et aujourd’hui a une capitalisation qui est dans les 31 milliards 500. Le titre de la SCG-ré a été apprécié par le marché local, coté à 20 000F au départ, il est à 21 000 aujourd’hui à la place boursière de l’Afrique centrale. Cette expérience devrait servir aux sociétés d’assurance de la zone Cemac et au delà. Ces sociétés d’assurances aujourd’hui sont confrontées à l’obligation d’augmenter leur capital social à 3 milliards pour les sociétés d’assurances vie et à 5 milliards pour les sociétés d’assurances non vie. Et jusque-là, les opérations d’augmentation du capital social dans le secteur des assurances prenaient en compte les anciens canaux, c’est-à-dire un appel à numéraire auprès des actionnaires, rarement des emprunts au niveau des banques. Mais généralement c’étaient toujours des appels à numéraires pour rentrer dans le capital social. Avec l’expérience réussie de la SCG-ré, les compagnies d’assurance de la Cemac et de la Cima n’ont plus d’excuses pour procéder à leur valorisation, à l’augmentation de leur capital social. Cela permettra d’amélioration leur gouvernance, de rendre beaucoup plus démocratique les décisions qui seront prises par ces sociétés. L’assureur aujourd’hui en tant qu’investisseur institutionnel, c’est le second pan, d’où l’intérêt du colloque auquel nous avons été emmenés à y prendre part. L’assureur aujourd’hui doit pouvoir jouer sur ces deux aspects : Emetteur, recherché sur le marché financier les capitaux qu’il lui faut afin de valoriser ses fonds propres et augmenter son capital social. Secundo investisseur puisqu’il nous a été présenté aujourd’hui des nouveaux véhicules lotissement de sous réserve de la réglementation Cima, qui modifie le catalogue des placements autorisés par le code Cima. Ce qui permettra effectivement à ces compagnies d’assurance qui disposent des ressources en trésorerie abondante de pouvoir investir et mettre cette trésorerie au profit du développement de l’État.

Les assureurs ont émis deux préoccupations majeurs: la question de la fiscalité et celle liée à la liquidité sur le marché financier. Qu’est-ce que vous pouvez dire à ce sujet?

Comme avantages, les États membres de la Cemac ont prévu une fiscalité particulière pour les sociétés qui sont coté en bourse. Avant la cotation en bourse de la SCG-ré, elle payait l’impôt sur les sociétés à 30% au Gabon. Aujourd’hui l’Etat nous fait un crédit de réduction de 10%. Ce qui fait que la SCG-ré en bourse dans les 5 ans qui suivent notre inscription à la côte nous payons l’IS à 20%. Voilà déjà un premier avantage, où les Etats ont consenti à favoriser les opérateurs à entrer à la bourse. Autres choses l’Ircm, c’est-à-dire que les sociétés qui sont cotées en bourse, les impôts payés sont réduits, les investisseurs également payent en deçà. Il y a une fiscalité très favorable pour les investisseurs mais également pour les sociétés qui vont à la bourse. Revenant aux assureurs, vous pouvez imaginer ce que peut représenter l’impact de payer l’impôt sur les sociétés à 20% au lieu de payer à 30%. Autre chose qu’on peut lire aux compagnies d’assurance, il faut aujourd’hui remarquer que les produits qui nous ont été présentés pour diversifier les placements bénéficient d’un régime fiscal particulier. La preuve, la présidente de la Cosumaf a bien précisé que les États aujourd’hui sont en train de réfléchir pour accorder plus d’avantages à ceux des investisseurs sur les marchés financiers, ceux qui vont à la bourse. On vous a présenté des outils financiers très innovants. Nous par exemple à la SCG-ré, nous étions en train de réfléchir sur la construction d’un siège social. C’est vrai que nous venons d’acquérir un siège social dans le cadre du groupe avec Fgis, mais la SCG-ré souhaiterait acquérir son propre siège social. Donc les réflexions qui ont été menées c’était pour savoir si on allait le faire sur financement propre ou autre. Mais là on vient de vous présenter une véhicule de placement qui nous permettra de dépasser effectivement ce que nous avons prévu de faire avec les avantages fiscaux qui sont très favorables qui vont permettre de soulager notre total bilan et d’augmenter nos résultats. Je pense que la fiscalité aujourd’hui ne devrait pas être un frein, pour empêcher les assureurs de la zone d’entrer à la bourse.

Pour les assureurs qui voudraient aujourd’hui franchir le pas, est-ce qu’il y a des astuces pour leur permettre de tirer profit de ce marché boursier?

Pour susciter la confiance des investisseurs, le conseil que je peux donner aux sociétés d’assurances, candidate à l’augmentation de leur capital social par appel public à l’épargne, candidate à entrer à la bourse c’est la transparence. Les investisseurs sont très sensibles à la transparence. La transparence sur l’ensemble des comptes, la transparence sur les états financiers, ne rien cacher, tout poser sur la table c’est la première chose. Aucun investisseur ne pourra effectuer le pas d’acquérir une toute petite action d’une société d’assurance si cette dernière n’est pas transparente. Transparence dans la gestion, transparence dans le management. Autre conseil à leur donner c’est de commencer à former vos équipes pour conduire ce changement. Les équipes doivent s’approprier ce changement, s’approprier le passage d’une société non cotée à une société cotée. Parce que ce sont ces équipes qui au quotidien vont pouvoir avec les experts choisis pour mener cette opération d’augmentation de capital. La transparence, la formation des équipes, et d’ailleurs constituer une équipe projets. Cette équipe projets doit comprendre les experts dans les domaines suivants : le domaine financier, donc il faut un commissaire au compte, le domaine juriste, donc il faut un expert en droit et un expert en communication. Puis rendez votre opération la plus populaire possible, faites le tour de tous les pays où vous êtes installés pour présenter votre opération aux populations. La SCG-ré a été populaire, nous avons fait les 9 provinces du Gabon, nous avons présenté ça aux cultivateurs, à la vendeuse de banane, à la petite coiffeuse du coin, aux taximan, aux fonctionnaires. Puis nous avons fait le tour des capitales la Cemac pour présenter la même opération afin de susciter chez tout le monde ce sentiment. Nous Africains nous devons nous approprier notre économie. L’appel public à l’épargne, la cotation d’une société en bourse permettra à tous les assurés de s’approprier leur économie. Aussi les assurances font partie de l’économie, elle ne peut pas continuer à évoluer en marge du secteur financier, particulièrement du secteur boursier.

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