Dans ses perspectives économiques mondiales publiées en milieu d’année dernière, la Banque mondiale a prévu une remontée de la croissance en Afrique subsaharienne à 3,9% en 2024, après un recul à 3,2% en 2023. Les différentes données issues de ces prévisions laissent entrevoir quelques lueurs d’espoir pour les populations africaines, notamment après la longue période de récession marquée par la crise sanitaire liée au Covid-19 et ses conséquences néfastes sur les économies de la planète. En effet, la pandémie qui s’était déclenchée en début 2020 a eu un impact majeur sur les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et le capital humain. L’on a ainsi enregistré des pertes d’emploi massives, en particulier dans les zones urbaines et chez les femmes. A côté, le conflit russo-ukrainien survenu en mars 2022 a contribué à empirer les choses avec pour principal effet l’inflation généralisée des prix de divers produits. «L’économie mondiale demeure affaiblie par la guerre du fait des importantes perturbations du commerce et des chocs sur les prix des denrées alimentaires et des carburants, qui contribuent tous à une inflation élevée et au resserrement consécutif des conditions de financement mondiales », avait alors indiqué la Banque mondiale dans un communiqué publié en octobre 2022.
Et donc, malgré la reprise annoncée avec un revenu par habitant qui devrait progresser dans la région de moins de 1% par an en moyenne en 2023-2024, les perspectives économiques pour la nouvelle année restent moroses dans l’ensemble en Afrique subsaharienne d’après les prévisions des experts. « Dans plus d’un cinquième des économies de la région, dont les trois plus importantes (Afrique du Sud, Angola et Nigéria, Ndlr), la hausse moyenne du revenu par habitant sur la période ne devrait pas dépasser 0,5% et l’évolution sera négative dans plus d’un dixième des pays. Ainsi, les perspectives de réduction de la pauvreté restent sombres, avec près de 40% de la population d’Afrique subsaharienne vivant dans des pays où le revenu par habitant sera plus faible l’année prochaine qu’en 2019 », a encore indiqué la Banque mondiale.
Pire encore, la situation économique de l’Afrique subsaharienne reste fortement dé- pendante des aléas extérieurs. « Si les pressions inflationnistes devaient perdurer plus longtemps que prévu ou si les tensions dans le secteur bancaire des économies avancées s’étendaient au système financier mondial, les conditions financières de l’Afrique subsaharienne pourraient se détériorer encore plus », avait prévenus les experts de Bretton Woods. Toute chose qui pourrait alors entraîner de nouvelles dépréciations monétaires et de nouvelles sorties de capitaux, et accroîtrait les risques de surendettement. Ce qui aboutira alors à une la pauvreté persistante dans la région, mais aussi à envenimer la violence et les conflits au sein des Etats. Si à tout cela viennent s’ajouter les effets néfastes du changement climatique dus à des conditions météorologiques extrêmes plus sévères, il y a lieu de s’inquiéter en 2024 pour ces pays africains qui ne disposent déjà pas d’une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour atténuer de nouveaux chocs macroéconomiques.