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La problématique de la surliquidité en Cemac

Dans un récent rapport, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) indique que la surliquidité bancaire est un frein à la transmission de sa politique monétaire qui vise à contenir les pressions inflationnistes. « L’excès persistant de liquidité́ bancaire continue de nuire à la transmission de la politique monétaire », indique l’institut d’émission de la Cemac. En effet, depuis novembre 2021, la Beac a relevé à 4reprises ses taux directeurs dans le but de rendre plus coûteux les crédits octroyés par les banques commerciales, avec pour objectif de réduire la création monétaire qu’elle identifie comme un frein à la transmission de sa politique monétaire. Mais les banques étant suffisamment liquides, elles ne sont pas impactées par le resserrement des conditions financières de la Banque centrale.

Au 30 septembre 2023, l’encours des prêts bancaires dans les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) est de 10.837,6 milliards Fcfa, en hausse de 1.330 milliards Fcfa, soit de 14% en glissement annuel, « l’écart le plus important depuis octobre 2022 », selon la Beac qui publie ces données. L’institut d’émission indique que « cette croissance positive est le signe que les banques ont renforcé leur exposition sur les prêteurs domestiques malgré la multiplication des chocs exogènes et le durcissement de notre politique monétaire ».

A la même date, l’encours des réserves totales des banques en activités dans la Cemac logé à la Banque centrale, s’élevait à 3 616,7 milliards de Fcfa. 27,4% de ce montant, soit 991,9 milliards de Fcfa représentaient les réserves obligatoires et le reste, c’est-à-dire, 2 624,7 milliards Fcfa était essentiellement des réserves excédentaires ou libres, voire « oisives » selon le FMI. Rapporté à la même période en 2022, le rapport de la Beac permet de constater que les réserves libres ont enregistré un important bond de 44% en un an.

Au regard du montant important de ces réserves libres non rémunérées, la question qu’on peut se poser c’est de savoir comment les banques, qui recherchent le bénéfice comme toute entreprise et qui tirent l’essentiels de leurs produits nets sur les crédits, peuvent préférer laisser l’argent dormir au lieu d’octroyer davantage de crédits dans des économies qui en ont encore besoin ?

En fait, les banques ne demandent qu’un environnement moins risqué économiquement et juridiquement pour faire des crédits sans lesquels, aucune Nation ne peut prospérer. La deuxième sollicitude des banques est au plan règlementaire. La Beac elle-même qui lutte contre la surliquidité bancaire sait que l’une des solutions consiste à réformer son système monétaire pour favoriser des prêts à l’investissement et à la production qui représentent moins de 5% des crédits accordés par les banques. Au 30 septembre 2023, les crédits bancaires à long terme en Cemac, généralement dévolus à l’investissement, s’élevaient à 374,1 milliards de Fcfa contre 289,4 milliards de Fcfa en glissement annuel. Soit exactement 3,45% de l’encours total des crédits bancaires.

Comme ont peut le constater, le système bancaire de la Cemac est sur liquide. « Mais cette surliquidité n’est ni un indicateur de l’excès d’offre de crédit, ni un indicateur de la faiblesse de la demande ; mais plutôt un indicateur de l’inadéquation entre l’offre et la demande de financements ».

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