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Les six risques majeurs à l’exécution du budget 2024

Les tensions inflationnistes, la baisse des subventions aux carburants, la dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar, la gestion de la dette publique entre autres ont été identifiés le 16 janvier dernier à Maroua par le Minfi.

Lancé officiellement par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le 16 janvier dernier à Maroua, le budget de l’Etat pour l’exercice 2024 va s’exécuter dans un contexte d’incertitudes liées à certains risques majeurs. Six d’entre eux ont été identifiés par la Direction générale du Budget (DGB) du ministère des Finances (Minfi) dans un exposé dont LFA a reçu copie. Le premier a trait aux tensions inflationnistes projetées sur les cours des matières premières. En effet, depuis 2020, la volatilité des prix des matières premières s’est propagée au reste de l’économie selon les experts. Lors de la crise de la Covid-19, ils ont connu des mouvements haussiers et baissiers impressionnants, si bien que le cours du brut était même passé brièvement en territoire négatif en avril 2020. Une situation qui pourrait amener les autorités à un collectif budgétaire comme lors des précédents exercices.

UNE évENtUELLE baiSSE dES SUbvENtioNS aUx CarbUraNtS

La deuxième menace à l’exécution budgé- taire est liée aux risques liés au niveau des subventions des prix du carburant. Sous la pression du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement a été contraint de procéder à une diminution de sa « subvention » qui est en fait, une renonciation des recettes qu’il devrait normalement percevoir sur les prix du carburant à la pompe. Ce qui a conduit à un léger relèvement des prix à la pompe avec pour corollaire, une hausse généralisée des produits des produits et services. Dans un contexte d’inflation, l’Etat pourrait encore relever les prix du carburant à la pompe si l’on s’en tient au discours de fin d’année du chef de l’Etat, Paul Biya. Si cela était fait, on assisterait inévitablement à une modification du budget de l’Etat, même si les économistes pensent que cette mesure serait conflictogène au regard du coût élevé de la vie que subissent les ménages.

La déPréCiatioN dE L’EUro viS- à-viS dU doLLar

Les risques liés à la dette publique avec la poursuite de la dépréciation de l’euro, monnaie sur laquelle est arrimé le franc CFA, vis-à-vis du dollar, inquiètent également les pouvoirs publics. Selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), elle a déjà fait perdre 573 milliards de Fcfa au Trésor public sur la période allant de septembre 2021 à septembre 2022. Selon un des rapports sur le stock de la dette du Cameroun, elle notait qu’il a enregistré une hausse de 245 milliards de Fcfa en glissement mensuel, 480 milliards de Fcfa, en glissement trimestriel, et 573 milliards de Fcfa annuellement de ce fait.

LES 4 aUtrES MENaCES idENtiFiéES

En outre, l’exécution du budget de l’Etat pour l’exercice 2024 peut également être menacée par des facteurs internes et externes aux Collectivités territoriales décentralisées (CTD) et aux entreprises et établissements publics. Dans le cadre de la décentralisation, les pouvoirs publics ont accéléré le processus d’élaboration des textes d’application du Code général des Collectivités territoriales décentralisées (CTD), à travers la signature en 2023, par le président de la République, Paul Biya de 02 décrets fixant respectivement les modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux Régions en matière de santé, et celles d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux Régions en matière d’enseignement secondaire. En outre, il y’a eu la mobilisation des financements, à hauteur de 189,2 milliards de Fcfa, dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale, en vue de la mise en œuvre du projet « gouvernance locale et communautés résilientes ». A cela s’ajoute le renforcement des capacités financières des CTD, à travers l’octroi de la dotation générale de la décentralisation pour un montant global de 252,5 milliards de Fcfa.

LES PaSSiFS dU PortEFEUiLLE dES PartENariatS PUbLiCS PrivéS

Les passifs du portefeuille des partenariats publics-privés (PPP) est un autre sujet à caution selon le Minfi. Dans sa note de conjoncture de juin 2023 publiée le 25 juillet, la CAA indiquait qu’au 30 juin 2023, après la mise à jour du portefeuille des contrats exécutés sous l’égide du régime général des partenariats publics privés (PPP) du Carpa (Conseil d’appui à la réalisation des contrats de partenariat) et la prise en compte des autres PPP en cours d’exécution, le montant des investissements signés à réaliser sous cette forme au Cameroun, s’élèvait à environ 4931,1 milliards de Fcfa. Cela représente près de 17,8% du Produit intérieur brut (PIB), indique-t-on. D’autre part, la mobilisation des appuis budgétaires va obtenir la plus grande attention du gouvernement cette année, tout comme la gestion de la dette flottante.

La MobiLiSatioN dES aPPUiS bUdgétairES

Aussi, la mobilisation des appuis budgétaires ainsi que la gestion de la dette flottante, sont autant d’impératifs pour une bonne exécution du budget 2024. Malgré un budget de 6740,1 milliards de Fcfa en 2024, soit en hausse de 13,2 milliards de Fcfa en valeur absolue et 0,2% en valeur relative par rapport à celui de 2023, le besoin global de financement de l’Etat pour le prochain exercice est de 1577,7 milliards de Fcfa contrairement aux 1950,3 milliards de Fcfa de cette année. C’est du moins ce qui ressort du projet de loi de Finances 2024 actuellement en examen au parlement. Ce montant lui permettrait d’amortir sa dette extérieure et intérieure évaluée à 1128,5 milliards de Fcfa, d’apurer des restes à payer Trésor encore appelés dette non structurée pour un montant de 220 milliards de Fcfa, le paiement des correspondants à hauteur de 19,7 milliards de Fcfa et le remboursement des crédits TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) de 84 milliards de Fcfa. Pour couvrir ce besoin de financement, l’Etat camerounais va procéder aux tirages extérieurs sur prêts-projets pour 907,2 milliards de Fcfa, ainsi qu’aux émissions de titres publics de 375 milliards de Fcfa, des financements bancaires de 139,4 milliards de Fcfa et des appuis budgétaires de 151,9 milliards de Fcfa. Aussi, entend t-il recourir à un financement exceptionnel de la Banque islamique de développement (BID) de 4,2 milliards de Fcfa.

LES Six CLéS d’UNE boNNE ExéCUtioN bUdgétairE EN 2024

Pour une meilleure exécution du budget récemment lancé, la Direction générale du Budget (DGB) recommande six astuces ou stratégies aux différents acteurs impliqués. La première étant la cohérence entre le rythme des dépenses et la collecte des recettes. A cela s’ajoutent la planification et l’anticipation des dépenses. Aussi, le respect des budgets alloués et la restriction des dépenses imprévues doivent être de rigueur. Il en est de même du recours aux procédures dérogatoires qui doit être limité, sans oublier le respect des lois et règlementation en vigueur.

Du point de vue de son équilibre, le budget2024 affiche un solde déficitaire de 125,4milliards de Fcfa contre 226,3 milliards de Fcfa en 2023, soit une diminution de 100,9 milliards de Fcfa. Sur cette enveloppe, 6679,5 milliards de Fcfa représentent le budget général, qui est en hausse de 37 milliards de Fcfa (+0,6%) sur un an, tandis que le budget des comptes d’affectation spéciale, qui a été réduit de 23,8 milliards de Fcfa (-28,2%) par rapport à 2023, se chiffre quant à lui à 60,6 milliards de Fcfa. Pour réaliser ce budget, en dépit des recettes pétrolières annoncées en baisse de 32,3 milliards de Fcfa en 2024,en raison de «la baisse du cours mondial du baril», le gouvernement entend collecter des recettes internes d’un montant total de 5190 milliards de Fcfa, soit 409,6 milliards de Fcfa (+8,6%) de plus que les prévisions de l’année 2023. Les recettes fiscales représentent à elles seules 4168,1milliards de Fcfa, contre 3 815,7 milliards de Fcfa en 2023. Ce qui révèle une augmentation de 352,4 milliards de Fcfa sur les deux périodes. Mais, ces recettes internes seront insuffisantes pour couvrir l’ensemble des besoins de l’État. Aussi, pour compléter l’enveloppe des recettes et autres dons, le gouvernement fera recours à l’endettement, aussi bien auprès des partenaires financiers internationaux que nationaux.

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