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Les retombées du sommet de Paris sur le financement de l’Afrique

Au-delà des 33 milliards de dollars de DTS destinés à augmenter les avoirs de réserve des pays africains, l’aide publique au développement et la mobilisation des financements massifs des banques multilatérales de développement en faveur du continent noir en sont quelques unes.

«Nous nous appuierons sur le système financier international pour créer l’espace budgétaire nécessaire aux économies africaines. Nous appelons à rapidement décider d’une allocation générale de Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) d’un montant sans précédent, qui devrait atteindre 650 milliards de dollars, dont près de 33 milliards destinés à augmenter les avoirs de réserve des pays africains, et à la mettre en oeuvre dans les meilleurs délais, et nous demandons aux pays d’utiliser ces nouvelles ressources d’une manière transparente et efficace ». Telle est la déclaration issue du sommet de Paris sur le financement des économies africaines du 18 mai dernier. Une rencontre qui a connu la participation d’une trentaine de dirigeants africains et européens, ainsi que les responsables du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Le Cameroun y était représenté par son ministre des Finances, Louis Paul Motaze assisté pour la circonstance par S.E Marius Ekoumou, son ambassadeur en France.

Pour les chefs d’Etat africains présents, c’était une opportunité offerte pour lever les fonds et sauver le continent durablement frappé par la pandémie de la Covid-19 comme l’a relevé Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République démocratique du Congo (RDC) au nom de ses pairs.

Un besoin de financement de 285 milliards de dollars en 4 ans

En effet, la pandémie de la Covid-19 a provoqué une crise économique mondiale sans précédent, aux conséquences sociales majeures. Après 25 ans de croissance continue, l’Afrique est gravement touchée, et a connu une récession en 2020. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que jusqu’à 285 milliards de dollars de financements supplémentaires sur la période 2021-2025 seraient nécessaires aux pays africains, dont près de la moitié aux pays africains à faible revenu, pour renforcer la réponse apportée à la pandémie. Les pays à revenu intermédiaire nécessitent également une attention particulière. Sans action collective, le financement et les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine seront compromis.

Raison pour laquelle, le président sénégalais, Macky Sall pense que tous les atouts devraient être mis du côté du continent noir pour amorcer son émergence. D’après lui, « l’Afrique est dans un processus de développement à l’image d’un avion prêt à décoller qui met plein gaz. Nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles », a-t-il indiqué. Allant dans le même sens que le chef de l’Etat sénégalais, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (UA) a, dans une brève allocution, souligné la nécessité de réviser les Droits de tirages spéciaux (DTS). Il juge l’offre insuffisante au regard de la forte demande évaluée à plusieurs centaines de milliards. Selon lui, c’est une des premières solutions au problème de financement que connaît l’Afrique. Concrètement, le président sénégalais a une idée claire et précise sur la question. « Je lance un appel aux pays du G-20 qui recevront plus de 2/3 des nouvelles allocations des DTS, afin qu’ils allouent leurs quotas en appui aux efforts de relance des pays africains, sous forme de dons, de prêts concessionnels et semi-concessionnels à longue maturité », leur a-t-il suggéré.

Des efforts restent à faire

Pour le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze, représentant le chef de l’Etat, Paul Biya, « un certain nombre d’innovations notamment en matière de financement de l’économie ont été prises. L’une de ces initiatives, c’est que l’on puisse revoir l’allocation de ce qu’on appelle Droits de tirage spéciaux (DTS) pour que l’Afrique ait quand même une bonne part sur ce qui est prévu, parce jusque-là, il est prévu environ 33 milliards pour l’Afrique. On a estimé que c’est déjà bien qu’on ait les 33 milliards. Mais, il faut aller même jusqu’à 100 milliards. Avec cette différence que les 100 milliards ne sont pas seulement que pour les Etats africains, mais également pour des institutions comme la Banque africaine de développement (BAD) qui a aussi besoin de ces ressources pour lancer un certain nombre d’actions de développement », s’est-il réjoui au terme des assises. Il a par ailleurs émis le voeu de voir son pays bénéficier des allocations réservées à l’Afrique. Pour le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, le Sommet de Paris tombe à point nommé parce qu’il va, au final, assouplir les conditions du tirage des DTS.

Dans leur déclaration finale, les participants au sommet de Paris réitèrent leur détermination « à amplifier considérablement son impact en Afrique en étudiant le prêt de DTS à titre volontaire par l’intermédiaire du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc) du FMI, et en envisageant avec le FMI, la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales de développement (BMD) diverses options supplémentaires pour prêter des DTS en vue de soutenir la relance verte, résiliente et inclusive des membres du FMI, au sortir de la pandémie, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) », peut-on y lire. Ce soutien sera complété par l’aide publique au développement (APD), une 20e reconstitution ambitieuse des ressources de l’Association internationale de développement (AID-20), la 16e reconstitution générale des ressources du Fonds africain de développement (FAD-16) en 2022 et la mobilisation de financements concessionnels supplémentaires par le FMI, les banques et les fonds multilatéraux de développement, ainsi que les organismes bilatéraux de développement. « Nous demandons aux banques multilatérales de développement (BMD) de mobiliser davantage de financement privé en Afrique en mettant au point et en renforçant les instruments de partage des risques pertinents », insistent les chefs d’Etat africains.

REACTIONS

Louis Paul Motaze, ministre camerounais des Finances
« Le Cameroun s’est reconnu dans les décisions qui ont été prises »

Le Cameroun s’est reconnu dans les décisions qui ont été prises. Nous avons participé aux discussions. Ce qui nous a plu, c’est qu’un certain nombre d’innovations notamment en matière de financement de l’économie ont été prises. L’une de ces initiatives, c’est que l’on puisse revoir l’allocation de ce qu’on appelle Droits de tirage spéciaux (DTS) pour que l’Afrique ait quand même une bonne part sur ce qui est prévu, parce jusque-là, il est prévu environ 33 milliards pour l’Afrique. On a estimé que c’est déjà bien qu’on ait les 33 milliards. Mais, il faut aller même jusqu’à 100 milliards. Avec cette différence que les 100 milliards ne sont pas seulement que pour les Etats africains, mais également pour des institutions comme la Banque africaine de développement (BAD) qui a aussi besoin de ces ressources pour lancer un certain nombre d’actions de développement. Vous savez, la Banque mondiale, la BAD et bien d’autres institutions financières internationales travaillent beaucoup avec le Cameroun. Et, nous espérons avoir notre part dans cette allocation.

Macky Sall, président de la République du Sénégal
« Nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles »

L’Afrique est dans un processus de développement à l’image d’un avion prêt à décoller qui met plein gaz. Nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles… Je lance un appel aux pays du G-20 qui recevront plus de 2/3 des nouvelles allocations des DTS, afin qu’ils allouent leurs quotas en appui aux efforts de relance des pays africains, sous forme de dons, de prêts concessionnels et semi-concessionnels à longue maturité… Je plaide pour une réforme urgente des règles, notamment celles de l’Ocde sur les conditions d’octroi des crédits-export. On ne peut pas appliquer les mêmes standards à des pays à forces et besoins inégaux. Nous voulons un assouplissement des règles de plafonnement de l’endettement et du déficit budgétaire, et une correction de la perception du risque d’investissement en Afrique, pour une notation plus juste, et donc des coûts de primes d’assurance moins élevés.

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