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La France renforce sa mainmise sur le Fcfa Cemac

La réunion à Paris, le 25 avril 2023, des ministres des Finances et de l’économie de la Cemac et celui de la France a plutôt réaffirmé l’hégémonie de Paris sur cette monnaie utilisée par les six Etats de la sous-région.

«Le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et celui de la Banque de France, ont réaffirmé leur engagement, en ligne avec leur mandat et l’indépendance de la politique monétaire, de garantir la stabilité du franc CFA », peut-on lire du communiqué final de la réunion des ministres des Finances et de l’économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de la France. Cette résolution a été renouvelée le 25 avril 2023 à Paris au cours de la réunion qui a également regroupé les présidents des institutions communautaires et les gouverneurs des banques centrales de la Cemac et de la France. Une initiative de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique de la République française et de Jean-Baptiste Ondaye, ministre de l’Économie et des Finances de la République du Congo, par ailleurs, président en exercice de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac).

Adossée sur l’euro, cette monnaie utilisée dans 14 pays de la zone franc a une parité fixe. Un système qui divise l’opinion cependant. La Beac et la Commission de la Cemac avaient été chargées en 2019 par les chefs d’Etat de la Cemac de leur proposer des pistes de solutions devant améliorer la coopération monétaire avec la France. Ce travail se poursuit, apprend-t-on. Mais, à la lecture de la résolution susmentionnée, on constate que rien ne va véritablement changer dans la coopération monétaire entre ces deux partenaires. La France a choisi l’option de maintenir son hégémonie sur le Fcfa utilisé par les six pays de la sous-région. Beaucoup d’observateurs se seraient attendus à ce que la réunion de Paris qui intervenait au lendemain du récent sommet des chefs d’Etat de la Cemac au cours de laquelle, le sujet avait été évoqué, change la donne. Un point de vue pas du tout partagé par Tahir Hamid Nguilin, le ministre tchadien des Finances et du Budget dans une interview récemment accordée à Radio France internationale (RFI). « Je pense qu’il y a beaucoup de politisation dans ce dossier. Je pense que beaucoup préfèrent aujourd’hui avoir le franc CFA que d’autres monnaies. Avec la hausse des taux d’intérêt et le poids du dollar, certaines monnaies se sont effondrées. Le CFA est assez stable et permet de la prévisibilité, de la prédictibilité. C’est une réserve de change, corrélée à l’euro. Cette monnaie, nous n’en rougissons pas. Nous ne sommes pas dans l’activisme à outrance. Nous soutenons une monnaie commune, une monnaie stable, une monnaie fixe. Il y en a qui pensent qu’il faut changer le nom et qu’il faut faire un peu de la cosmétique. Pour le moment, c’est notre position, elle n’a pas varié », a-t-il indiqué.

LeS éCoNomieS de LA CemAC eN PARTie PRéSeRvéeS de L’iNFLATioN

D’autre part, d’après le communiqué final de ladite concertation consulté par LFA, Il ressort que l’économie mondiale et celle de la Cemac sont confrontées à une multiplicité de chocs exogènes économiques et financiers, climatiques et sécuritaires. Les participants ont à cet égard salué la résilience dont font preuve les économies et les systèmes financiers de la France et des pays de la sous-région, grâce, pour cette dernière, notamment à la mise en œuvre des réformes engagées dans le cadre du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac), avec le soutien de l’ensemble des partenaires techniques et financiers (PTF). « Ils ont souligné que l’intégration régionale de la Cemac et sa coopération monétaire avec la France, s’appuyant sur des institutions régionales solides, contribuent également à renforcer les économies de la sous-région et à les pré- server en partie de l’inflation », peut-on lire du communiqué commis à la fin des travaux.

LA NéCeSSiTé de ReCoNSTiTuTioN d’uNe éPARgNe FiNANCièRe

En outre, ils ont également souligné l’importance d’une part d’œuvrer à une croissance économique soutenable et inclusive, notamment par la diversification du tissu productif et l’adaptation au changement climatique, et d’autre part de maintenir la soutenabilité des finances publiques, par la poursuite de la mise en œuvre des réformes. Ils ont notamment relevé la nécessité de reconstituer une épargne financière et de dégager des marges de manœuvre budgétaires et extérieures, en réformant les subventions tout en continuant à soutenir les populations les plus vulnérables et la reprise économique naissante. Ils ont également rappelé l’importance de la mise en œuvre efficace de mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme pour renforcer la solidité et l’intégrité des économies.

Réaction

Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien des Finances et du budget
« Beaucoup préfèrent avoir le franc CFA que d’autres monnaies »

Je pense qu’il y a beaucoup de politisation dans ce dossier. Je pense que beaucoup préfèrent aujourd’hui avoir le franc CFA que d’autres monnaies. Avec la hausse des taux d’intérêt et le poids du dollar, certaines monnaies se sont effondrées. Le CFA est assez stable et permet de la prévisibilité, de la prédictibilité. C’est une réserve de change, corrélée à l’euro. Cette monnaie, nous n’en rougissons pas. Nous ne sommes pas dans l’activisme à outrance. Nous soutenons une monnaie commune, une monnaie stable, une monnaie fixe. Il y en a qui pensent qu’il faut changer le nom et qu’il faut faire un peu de la cosmétique. Pour le moment, c’est notre position, elle n’a pas varié.

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