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Zone Cemac : Quand la Guinée Equatoriale plombe l’intégration

Après le lancement le 20 octobre dernier par le gouvernement équato-guinéen, des vastes opérations de contrôle et d’expulsions des étrangers en situation irrégulière, les premiers contingents des Camerounais en provenance de ce pays voisins sont arrivés cette semaine par voies aériennes et terrestres. Des chiffres révélés lundi par le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, font état de 52 camerounais volontairement partis de Bata, la capitale économique de la Guinée Équatoriale pour atterrir à l’aéroport international de Douala.

Ces citoyens et bien d’autres revenus en catastrophe, disent avoir préféré rentrer au Cameroun au lieu de continuer à vivre le calvaire en Guinée Equatoriale. Les divers témoignages recueillis parlent des traques menées par les forces de l’ordre locales contre les étrangers. Les plus téméraires ont été expulsés sans autre forme de procédure de leur « terre d’accueil », où ils avaient déjà passé une dizaine d’années pour certains. Et de surcroit contraints d’abandonner tous leurs biens sur place, ou alors se les voir confisquer.

Même si cette fois, les autorités équato-guinéennes justifient cette chasse aux étrangers par la tenue des élections générales (présidentielles et locales) prévues le 20 novembre prochain, il faut rappeler que ce type d’opération n’est pas rare dans ce pays réputé très xénophobe. En effet, l’ONG Amnesty International a rappelé qu’« entre le 30 octobre 2021 et début décembre 2021, le gouvernement de Guinée équatoriale a lancé une campagne contre les migrantes et mené des raids dans des grandes villes comme Malabo, Bata, Mongomo et Ebibeyin (…) Les membres des forces de sécurité ont arrêté dans la rue des personnes qui avaient, d’après eux, des ‘’traits du visage d’origine africaine étrangère’’ et ont exigé de voir leurs papiers d’identité. Ceux qui n’avaient pas leurs documents sur eux ont été immédiatement arrêtés et placés en détention, souvent sans tenir compte de leur situation au regard de la législation sur l’immigration ».

Tout compte fait, le phénomène qui sévit actuellement en Guinée Equatoriale est aux antipodes de l’intégration sous régionale tant souhaitée en Afrique centrale. En effet, malgré les nombreuses initiatives mises en place au sein de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) pour l’instauration d’une véritable libre-circulation des personnes et des biens entre ressortissants des six pays membres, on reste très loin des objectifs escomptés.

En effet, comment comprendre qu’au moment où on a juste besoin de sa Carte d’identité biométrique au sein de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour aller d’un pays à un autre, on en encore à exiger un certificat de résidence en Guinée Equatoriale en plus des autres documents ? Les expulsés de ce pays ont d’ailleurs révélé que ce document coûte jusqu’à 500.000 Fcfa. Normale donc que l’Afrique de l’Ouest soit reconnue comme étant l’une des régions les plus mobiles du continent, contrairement à l’Afrique centrale qui s’avère être la région la moins intégrée. Au-delà des décisions et autres accords pris dans l’optique de faire bouger les choses dans le bon sens, il est clair qu’il faut un réel changement de mentalités au sein de certains pays d’Afrique centrale pour pouvoir parler d’intégration. En effet, les barrières socioculturelles sont encore nombreuses.

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