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La percée de la crypto-monnaie au Cameroun

D’après les résultats d’une étude conjointement menée par le ministère des Finances publiée le 24 août dernier à Yaoundé, 16 entreprises ont été répertoriées tandis que 1872 individus recensés, y effectuent des placements.

Au Cameroun, 16 entreprises offrent des services de crypto monnaie, tandis que 1872 individus effectuent des placements dans ce domaine. C’est ce que révèle l’étude sur le développement des cryptoactifs et des activités relevant du système de Ponzi dans le pays. Menée conjointement par les ministères des Finances (Minfi), de la Justice (Minjustice) et le Conseil national économique et financier (Cnef), ses résultats ont été présentés au cours d’un séminaire tenu le 24 août 2023 à Yaoundé. Les travaux qui ont connu la participation des experts et d’universitaires et des représentants des administrations publiques, étaient présidés par Gilbert Didier Edoa, secrétaire général du ministère des Finances (Minfi), représentant le ministre Louis Paul Motaze empêché. Dans son allocution d’ouverture, il a indiqué qu’il était à la fois question de partager les résultats et recommandations issus de ladite étude et recueillir la perception des participants sur les problématiques de cryptoactifs et leur impact sur le paysage financier national. Une activité qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des missions du Minfi, particulièrement celles concernant la promotion et la protection de l’épargne du public, avec pour but, de répondre aux besoins d’informations sur le développement au sein de l’environnement financier national, des structures proposant des produits financiers « d’un genre nouveau » aux populations à travers des plateformes numériques, communément appelées cryptoactifs ou crypto-monnaie.

CArtogrAPhie Des sousCriPteurs

D’après les résultats de ladite étude présentés par Eric Pokem, sous-directeur des changes et des transferts à la Direction de la coopération financière et monétaire du Minfi, l‘âge des répondants varie entre 14 et 71 ans, avec une moyenne d’âge située autour de 31 ans. La classe prédominante est la tranche d’âge de 20 à 30 ans avec un effectif de 917, soit 49% de répondants, tandis que l’âge médian est de 30 ans. Les 1872 individus qui constituent la population étudiée se décomposent en 1190 hommes (soit 63,6%) et 682 femmes (soit 36,4%). Le niveau d’instruction est très relevé dans la population étudiée avec près de 65% des répondants qui ont fait des études supérieures. « Aujourd’hui, l’environnement reste marqué par la présence de nombreuses entreprises exerçant dans le domaine de la crypto-monnaie sans un véritable contrôle. On dénote environ 17 entreprises ou plateformes par lesquelles les agents économiques au Cameroun sembleraient mener les activités de crypto-monnaie (achat, trading, conseil en investissement, etc) », explique l’expert du Minfi. Au sujet de l’évaluation des risques, 60% des structures enquêtées déclarent être conscientes des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Pour se prémunir, elles proposent comme mesures : le recueil des informations sur la profession et la source de revenu des clients ; la signature par les investisseurs, d’une attestation d’origine des fonds pour des montants supérieurs à 1 million de Fcfa ; la vérification de l’identité des investisseurs et leurs emplois ; et les versements de fonds uniquement dans les banques les plus aptes au contrôle.

Les serviCes oFFerts

Selon l’étude susmentionnée, les offres de services des entreprises sus indiquées, sont orientées principalement dans les conseils en investissement sur les marchés financiers, notamment l’achat et la vente en ligne ainsi que la gestion des portefeuilles de cryptoactifs. A cela s’ajoutent la création des plantations clé en main et élevage, les magasins électroniques, l’assistance aux opérations de crowdfunding ainsi qu’à la levée de fonds auprès des banques et des fonds d’investissement entre autres. L’entreprise Global Investment Trading (GIT), spécialisée dans la crypto-monnaie, revendique à elle seule, 90.000 adhérents en 2021. L’investissement moyen d’un client/investisseur dans la crypto-monnaie s’élève à 1 600$, soit environ 800 000 Fcfa tandis que la moyenne des dépenses de rémunération d’un client/investisseur, est évaluée à 300$, soit 150 000 Fcfa par semaine.

uNe NiChe FisCALe

En ce qui concerne le volet de la réglementation, l’étude montre que les cryptoactifs posent plusieurs défis aux Etats. Selon l’expert du Minfi susmentionné, il s’agit notamment de la protection des consommateurs qui ne comprennent pas forcément ces « instruments financiers volatils et les risques encourus par les investisseurs, la possibilité pour les gouvernements de d’arrêter ou du moins, stopper l’utilisation des cryptomonnaies aux fins de financement d’activités illégales et enfin, le défi leur taxation », explique-t-il. Au niveau de la taxation, certains pays comme l’Afrique du Sud, Israël ou la Russie ont institué des lois relatives à l’impôt sur le revenu. « Ces dernières exigent que les bénéfices tirés d’opérations de crypto-monnaies soient traités par l’organisme national en charge des impôts », poursuit-il. Un avis partagé par Goddy Epie Ngene, chef de la division de l’exploitation et des logiciels au Cenadi (Centre national de développement de l’informatique). Ceux des Etats qui n’ont pas pu le faire, ont interdit de manière implicite ou explicite l’utilisation de la crypto-monnaie.

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