«Transformer les secteurs clés du continent en terrains d’opportunités accessibles, où les femmes, les filles, les hommes et les garçons, quelle que soit leur origine, bénéficient d’un accès et d’un contrôle égaux sur les ressources productives et bénéficient d’infrastructures et de services de soutien pour s’épanouir ». Tel est l’objectif visé par la Banque africaine de développement (BAD), à travers sa nouvelle stratégie du genre pour la période 2021-2025, publiée le 3 février 2021. L’institution dirigée par le Nigerian Akinwumi Adesina, prévoit ainsi renforcer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans ses cinq domaines prioritaires que sont : le développement des infrastructures ; l’intégration économique régionale ; le développement du secteur privé ; la gouvernance ; la responsabilisation et qualifications et technologies.
Tout en indiquant qu’elle va désormais intégrer la dimension genre dans toutes les opérations nationales et régionales, la BAD a fait savoir dans un communiqué, qu’elle entend également « réaliser les investissements nécessaires au déploiement de spécialistes de l’égalité des sexes, à la création de produits de connaissances sur l’égalité des sexes et au renforcement des capacités de son personnel pour garantir que les femmes, les hommes, les garçons et les filles bénéficient de manière égale des opérations financées par la Banque. Une priorité sera aussi accordée aux interventions visant à renforcer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, en se concentrant de manière sélective sur les domaines dans lesquels la Banque peut démontrer un avantage comparatif concret et une valeur ajoutée ».
La BAD s’inscrit ainsi davantage en droite ligne des ambitions de l’Union africaine (UA), qui prône dans son agenda 2063, « une Afrique dont le développement est axé sur les populations, qui s’appuie sur le potentiel de ses populations, notamment celles des femmes et des jeunes, qui se soucie du bien-être des enfants ». L’Article 3 du Protocole sur les amendements à l’Acte constitutif de l’institution panafricaine reconnaît d’ailleurs le rôle crucial des femmes dans la promotion d’un développement inclusif et appelle l’UA, « à assurer la participation effective des femmes à la prise de décision, notamment dans les domaines politique, économique et socioculturel ».
En effet, il est indéniable que les femmes constituent aujourd’hui de véritables leviers de développement pour le continent africain. Les chiffres publiés par diverses études révèlent qu’elles produisent près de 65 % des biens de l’Afrique. Elles détiennent en outre le tiers de l’ensemble des entreprises, et occupent dans certains pays jusqu’à 70 % des emplois salariés. C’est compte tenu de cette place prépondérante au sein du développement du continent, que la BAD « compte soutenir le financement des interventions à court et à long terme, sensibles au genre qui placent les femmes au centre de l’action en tant que moteurs essentiels de la reprise socioéconomique ». L’institution financière s’est également engagée à renforcer les capacités des institutions financières opérant sur le continent pour les intéresser davantage à la niche des petites et moyennes entreprises détenues par les femmes. Dans le même sillage, elle va aussi les aider à adapter leurs produits et services aux types d’entreprises que gèrent les femmes et les filles.
En réalité, c’est à ce rôle de moteur de développement qu’on espère davantage voir la femme africaine s’illustrer, afin d’aider l’Afrique à assoir une véritable croissance économique, seule à même de sortir ses populations de pauvreté et de la misère. La 36ème édition de la Journée internationale de la femme prévue le 8 mars prochain est une occasion idoine pour mûrir la réflexion sur la question.