L’annonce a été faite par ministre gabonais de l’Agriculture, Biendi Maganga Moussavou lors de la 31ème conférence régionale de la FAO tenue du 26 au 28 octobre à Harare au Zimbabwe par vidéoconférence. Ces importations alimentaires coûtent actuellement près de 550 milliards de Fcfa par an à l’Etat.
Selon le ministre, les priorités arrêtées pendant ces assises sont en phase avec les principaux programmes en cours au Gabon, lesquels structurent le secteur afin de permettre à l’agriculture gabonaise d’être compétitive. « Nous sommes déjà à l’avant-garde de ce qui a été préconisé au cours de nos échanges », a-t-il déclaré à la presse. En effet, le Gabon est engagé depuis décembre 2018 dans le recensement général de l’agriculture qui permettra dès ce mois de novembre d’avoir des chiffres exacts et une cartographie exhaustive des acteurs du secteur. « Nous pourrons mieux leur offrir une couverture santé et retraite avec la collaboration du Ministère des Affaires sociales mais aussi leur permettre de bénéficier d’un meilleur accès au progrès », a indiqué le ministre.
De façon plus concrète, le pays mise sur la réorganisation de sa politique semencière avec des centres de multiplication de végétaux et des laboratoires en collaboration avec la fondation Bill & AMP Gates dans le cadre du programme Wave dont le Gabon abrite le hub en Afrique Centrale. Cinq laboratoires devraient être mis en oeuvre dont le premier est déjà terminé. « En 2021 nous lanceront 6 centres de multiplication de végétaux dans 6 provinces différentes pour faire en sorte que nos agriculteurs aient des semences de qualité », ajoute le ministre. Pour répondre à la problématique du foncier, le gouvernement envisage la création de 40 zones agricoles à forte productivité́ (ZAP), dont 5 sont déjà annoncées sur une superficie de près de 50 000 ha. Ces zones agricoles à forte productivité ont été récemment créées dans les localités de Kango et Andeme dans la province de l’Estuaire, Idemba et Mboukou dans le Ngounié et Bifoun-Abanga dans le Moyen Ogooué. En mettant l’accent sur le développement des zones agricoles, « le but est de promouvoir la culture de spéculations vivrières comme la banane, le manioc, le maïs, le riz et le soja, et l’élevage avicole et porcin à grande échelle », a précisé Maganga Moussavou. Ces réformes vont permettre de booster la production, la transformation et la consommation locale, et à l’horizon 2022, le Gabon atteindra une production de 20.000 tonnes de riz, 200.000 tonnes de maïs et soja, 51.000 poulets, 18.000 porcs et 40.000 bovins.
Outre l’agriculture et l’élevage, un plan de développement du secteur de la pêche est aussi en chantier. C’est dans cette perspective que le ministre a évoqué la construction d’un hub portuaire pour la filière thonière, le débarquement de produit de la pèche continentale et l’organisation prochaine d’un centre d’excellence de pêche consacré à la surveillance, grâce à la collaboration de l’Union africaine (UA). Le Projet d’appui au programme graine phase I (Papg1) sera aussi mis à contribution pour renforcer, entre autres, les pistes agricoles, les infrastructures de stockage et de transformation, les centres de formation. De même que le plan d’urgence alimentaire élaboré́ en réponse à la Covid-19 sera sollicité pour mettre à la disposition des petits producteurs des semences de qualité́ et fertilisants, assurer le développement d’une agriculture d’envergure et un programme de nutrition pour les couches les plus vulnérables.
La nouvelle stratégie agricole du Gabon prévoit également la fixation des prix incitatifs de rachat aux producteurs pour de meilleurs rendements agricoles, la transformation et le stockage pour une création de près de 20 000 emplois dans le secteur d’ici 2023.