Toutes les voies sont désormais ouvertes à Ngozi Okonjo-Iweala, pour qu’elle accède enfin au poste de Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce qui ferait de la Nigériane, la première femme et première africaine à occuper ce prestigieux poste au sein de la seule organisation internationale qui s’occupe des règles régissant le commerce entre les pays.
Les choses se sont en effet accélérées ces derniers jours en faveur de l’ancienne ministre des Finances du Nigeria (2003-2006 et 2011-2015). En concurrence depuis plusieurs mois avec une autre femme, la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee, pour succéder au Brésilien Roberto Azevêdo (démissionnaire en août 2020, après sept ans en fonction), l’asiatique qui bénéficiait du soutien de l’ancienne administration Trump, s’est finalement retirée le 5 février 2021. Le dernier obstacle a ensuite été levé lorsque l’ex directrice générale des opérations de Banque mondiale, a reçu « le soutien appuyé » de la nouvelle administration américaine avec à sa tête, levant ainsi de facto le veto des Etats-Unis sur son élection. « L’administration Biden-Harris est heureuse d’exprimer son soutien ferme à la candidature de Mme Ngozi Okonjo-Iweala à titre de prochain directeur général de l’OMC », a de ce fait déclaré dans un communiqué le Bureau du représentant américain.
A présent, il s’agit bien plus d’une nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la direction générale de l’OMC, qu’une élection. Le Conseil général de l’instance commerciale internationale a prévu une réunion les 1er et 2 mars prochains, mais le porte-parole a souligné que ce calendrier pouvait être accéléré si besoin. La rencontre donnera alors l’occasion aux pays membres de l’OMC qui devront à travers un consensus, consacrer cette économiste de profession de 66 ans à sa tête.
A l’heure où l’Afrique a définitivement lancé la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), ce grand marché commun qui permettra de booster les échanges commerciaux sur le continent, l’arrivée de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC est une énorme opportunité pour aider à pérenniser cette initiative économique. On se souvient d’ailleurs que le président de l’Agence africaine pour le commerce et le développement avait affirmé en juin 2020, que l’élection d’un candidat africain à la tête de l’OMC, serait bénéfique au continent, avec notamment des incidences positives sur la régulation du commerce mondial. « Les Etats sont maîtres à l’OMC. Mais la vision et la capacité d’impulsion d’un directeur africain visionnaire peuvent avoir leur importance dans la définition de l’agenda de l’organisation et dans la redéfinition des priorités. Pour l’Afrique, ce sont des fenêtres d’opportunité qui s’ouvrent dans le système multilatéral et sur le continent. C’est la possibilité de faire bouger les lignes commerciales », avait alors indiqué El Hadji Abdourahmane Diouf.
Membre de l’Académie américaine des arts et des sciences depuis 2019, l’ex candidate à la présidence de la Banque mondiale, semble donc être la personne idoine pour ce poste. D’ailleurs, comme l’ont reconnu les Etats-Unis, c’est une femme « largement respectée pour son leadership efficace et [qui] possède une expérience éprouvée de la gestion d’une grande organisation internationale dont les membres sont diversifiés ».
Créée le 1er janvier 1996, l’OMC a pour principale fonction de favoriser autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges dans le monde. L’organisation prône également l’ouverture des échanges commerciaux, ce qui passe par la suppression des barrières douanières, mais aussi la libre concurrence en supprimant les subventions à l’exportation ou les pratiques protectionnistes. Elle est en outre chargée de régler des différends commerciaux entre ses 164 Membres qui représentent 98% du commerce mondial. Et au total, 22 pays négocient actuellement leur accession à l’Organisation.