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L’échec des vaccins anti-Covid en Afrique

La Banque mondiale et l’Union africaine (UA) ont récemment annoncé leur association pour booster la vaccination contre le Covid-19 en Afrique, et permettre ainsi à 400 millions d’Africains d’être immunisées contre le virus qui a déjà atteint plus 4,5 millions de personnes sur le continent, et causé pas moins de 120.000 décès. C’est l’aboutissement d’une réunion tenue le 21 juin 2021 entre les ministres africains des Finances et le Groupe de la Banque mondiale. Les ressources mobilisées à cet effet, permettront ainsi de soutenir l’Équipe spéciale pour l’acquisition de vaccins en Afrique (AVATT), une initiative qui vise à assurer au continent un accès suffisant et rapide aux vaccins contre le Covid-19, et qui vient compléter le mécanisme Covax. L’objectif étant de faire vacciner 60% de la population africaine d’ici 2022, à travers l’achat et le déploiement des doses. Dans l’ensemble, la Banque mondiale affirme avoir mis à disposition 12 milliards de dollars de financements (6633 milliards de Fcfa), afin d’aider les pays à acheter et à distribuer des vaccins, ainsi qu’à se préparer à la réalisation des campagnes vaccinales.

Si la collaboration entre la Banque mondiale et l’UA est à saluer grandement, des interrogations subsistent tout de même quant à sa portée réelle. En effet, depuis leur arrivée, les vaccins contre le Covid-19 n’ont pas connu l’assentiment d’une bonne frange de la population dans le monde et surtout en Afrique. Des chiffres publiés il y a deux mois par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont révélé que le continent avec ses 1,3 milliard d’habitants, n’avait reçu jusque-là que 2% de doses de vaccins. Le fait est que dans de nombreux pays, les populations hésitent à se faire inoculer. Ce qui contribue à réduire à néant les efforts réalisés jusqu’ici par les Etats et diverses institutions internationales. C’est d’ailleurs pour cela que Vera Songwe, secrétaire générale des Nations unies et secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a tenu à rappeler que « l’une des priorités essentielles de cette initiative est de s’assurer que l’achat des vaccins aboutisse effectivement à la vaccination des populations ».

Les experts ont beau prédire des lendemains sombres pour l’Afrique si au moins 70% de la population n’est pas vacciné d’ici peu, avec une troisième vague de contamination annoncée par l’OMS, mais cela n’émeut pas grand monde. Surtout que les problèmes de sécurité au sujet desdits vaccins relayés dans les réseaux sociaux n’ont pas encore été entièrement dissipés au sein de la population. D’ailleurs, la rapidité avec laquelle ces vaccins ont été trouvés (moins d’un an pour certains) et mis sur le marché poussent à s’interroger. Car d’après les scientifiques, l’élaboration d’un vaccin s’échelonne habituellement sur 10 à 15 ans. Et jusqu’ici, le vaccin développer le plus rapidement était celui contre le virus Ebola qui avait nécessité exceptionnellement cinq années de travail seulement. D’où les nombreuses réticences observées malgré les campagnes de communication. Et faute de « clients », certains pays comme l’Ouganda, le Malawi et le Soudan du Sud ont contraints de détruire en mai dernier, d’importantes doses de vaccin ayant atteint la date de péremption.

A défaut de rendre le vaccin obligatoire, certains ont fait des propositions pour le moins loufoques, à l’instar du député camerounais David Mouanfo, qui a invité le gouvernement local à trouver un moyen d’injecter le vaccin anti-covid dans les bouteilles d’eau minérales commercialisées sur le marché. Une sortie qui symbolise l’échec d’un processus. Car jusqu’ici, même sans vaccins, l’Afrique n’a pas été le temple de l’hécatombe de la pandémie qu’on lui avait prédit.

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