Vous êtes ici
Accueil > Entreprises > Mtn cameroun s’insurge contre la saisie de ses comptes bancaires

Mtn cameroun s’insurge contre la saisie de ses comptes bancaires

Au cours d’une conférence de presse donnée le 14 juin 2023, la direction de la filiale camerounaise du Groupe sud-africain a tenu à clarifier la situation face aux décisions prises par le Président du Tribunal de première Intense de Douala-Bonanjo.

depuis quelques mois le contentieux entre MTN Cameroun, Chococam (Chocolaterie Confiserie Camerounaise) et l’homme d’affaires camerounais Baba Danpullo fait la Une des journaux nationaux et internationaux. Cette affaire qui est loin d’être une simple bavure, cache bien un jeu trouble. Il ressort en effet que, depuis septembre 2022, l’homme d’affaires a obtenu du président du Tribunal de première instance (TPI) de Douala Bonanjo, une série d’ordonnances autorisant le gel des fonds détenus sur les comptes bancaires de l’opérateur MTN Cameroon et du chocolatier Chococam, filiale du groupe agroalimentaire Tiger Brands. Ces deux sociétés, apprend-on, ont pour actionnaire le fonds de pension étatique sudafricain Public investment corporation (PIC), lui-même actionnaire indirect de FNB, via sa participation dans First Rand Bank.

N’étant donc pas directement liée au Banquier sud-Africain du groupe BestInver, dont Baba Danpullo est le promoteur, MTN Cameroun rejette les décisions du président du TPI. « Nous savons que BestInver a reçu des prêts de son banquier en Afrique du Sud et que, n’ayant pas rempli ses obligations, le banquier a légitimement procédé à la saisie de certains des actifs que la société avait mis en garantie… Pour nous, il s’agit clairement d’une affaire privée entre BestInver et son banquier en Afrique du Sud. Cette affaire n’a rien à voir avec Mtn Cameroon », rassure Mitwa Ng’ambi, la Directrice générale de Mtn Cameroun, au cours d’une conférence de presse donnée la semaine dernière au siège de l’opérateur de télécom à Douala, à laquelle prenait part en ligne les actionnaires et autres dirigeants de la société. « Nous sommes par conséquent choqués d’être mêlés à cette affaire par l’intermédiaire d’un tribunal camerounais où BestInver a pu obtenir des ordonnances de saisie des comptes bancaires de sociétés sudafricaines basées au Cameroun, même si ces sociétés ne sont pas directement ou indirectement impliquées dans le litige en Afrique du Sud », indique-t-elle.

Pour MTN Cameroun, cette décision relève de l’abus. L’opérateur conteste donc fermement la saisie de ses compte bancaires, qu’elle considère comme abusive, frauduleuse et inacceptable étant donné que MTN Cameroun n’a aucune relation avec Bestinver et son banquier sud-africain.

A en croire la direction de MTN Cameroun, en cherchant à impliquer leur société et Chocoman dans ce litige et ainsi avoir accès au produit de leurs comptes bancaires, les avocats de l’homme d’affaires ont créé un lien fictif entre ces entreprises et la banque Sud-africaine qui a accordé un prêt à BestInver. Ils expliquent que la banque sud-africaine compte parmi ses actionnaires l’entité sud-Africaine PIC Ltd et prétendent que ce dernier est l’actionnaire majoritaire de MTN Cameroun et Chococam. Par conséquent, ils concluent que MTN Cameroun doit 259 milliards de Fcfa à BestInver.

mtn conteste Les sAisies

Il faut noter que dans la requête adressée le 31 août 2022 au Président du TPI de Douala-Bonanjo, ces avocats prétendent que BestInver a été dépouillé de ses actifs en Afrique du Sud par son banquier sud-Africain. Ils cherchent donc à récupérer, auprès de sociétés sud-africaines basées au Cameroun, un montant de 259 milliards de Fcfa présenté comme la valeur des biens immobiliers dont BestInver aurait été spolié.

En mars, le magistrat avait ordonné aux banquiers de l’opérateur de transférer les fonds cantonnés vers le greffier en chef du tribunal. Les avocats de MTN ont remis en question cette décision. A date, l’on apprend que plus de 20 procédures ont été initiées devant le TPI de Douala Bonanjo et la cour d’appel du Littoral pour contester ses saisies bancaires et en demander la levée. « Certaines de ces procédures concernent la récusation du Président du Tribunal de première instance de Douala Bonanjo et de quelques-uns de ses collègues de la même juridiction, dont la partialité dans cette affaire est notoire », relève MTN dans sa déclaration officielle du 14 juin 2023.

Dans cette note, l’entreprise de télécoms s’indigne également face à la décision du Président du TPI indiquant aux banques de transférer entre les mains du greffier en chef de son tribunal, toutes les sommes d’argent que ces banques ont déclarées ou confisquées suite aux saisies des comptes bancaires effectuées en septembre et octobre 2022. « Il est à noter que cette autre ordonnance non contentieuse du TPI de Douala Bonanjo attribue au greffier en chef une rémunération de 0,3% par trimestre sur les sommes qui auront été transférées. Les banques ont été sommées de s’exécuter sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 100 millions de Fcfa par jour de retard ».

Pour Mitwa Ng’ambi, la précipitation avec laquelle le transfert de ces fonds est ordonné est d’autant plus surprenante que les sommes d’argent détenues par les banques ne sont pas menacées. Au contraire, les fonds sont en sécurité dans les coffres des banques et de la Beac. Par ailleurs sur le plan de la légalité, l’entité la plus légitime vers laquelle le tribunal aurait dû demander le transfert de ces fonds est la caisse des dépôts et consignations (CDC) qui est désormais opérationnelle. Ce qui revient à dire que, le greffier en chef de la Cour ne présente pas de meilleure garantie que les banques, la Beac ou la caisse des dépôts et consignations.

brAqUAge des comptes

MTN qualifie cette action de braquage et compte par ailleurs utiliser tous les moyens nécessaires et surtout légaux possibles pour faire échec aux manœuvres de « braquage actuellement en cours ». « Nous demandons que justice soit faite, parce que nous subissons actuelle ment une injustice », martèle Melvin Akam, le Directeur des affaires réglementaires de Mtn Cameroon.

Au Cameroun, MTN emploie plus de 800 Camerounais et près de 200.000 autres indirectement à travers ses différents accords de partenariat. Près de 12 millions de Camerounais utilisent les services de communications électroniques et de transfert d’argent par Mobile Money. « Une menace sur nos opérations est une menace sur tout ce que nous avons construit au service du Cameroun au cours des 23 dernières années », déclare la DG de MTN Cameroon.

Interrogé sur les intentions du Groupe MTN dans le cas où l’entreprise n’était pas rétablie dans ses droits, Ebenezer Asante, Vice-Président rassure : « Le Cameroun est un pays important pour le Groupe MTN. Nous avons toujours eu de bonnes relations avec le Cameroun. Nous avons des investissements importants en cours d’exécution pour plus d’inclusion digitale et financière. Nous n’avons pas envisagé un départ du Cameroun et espérons que cette affaire, qui a un impact considérable sur nos activités au Cameroun, trouvera bientôt une issue ».

Cette affaire est loin d’être terminée, surtout que l’on apprend que l’homme d’affaires camerounais n’a pas dit toute la vérité sous cette affaire. La déclaration sous serment que Baba Danpullo avait faite en décembre 2020 devant la Haute Cour de Justice en Afrique du Sud est totalement en contradiction avec ses prétentions au Cameroun. Cette déclaration sous serment à laquelle Le Messager a eu accès, éclaire que Baba Danpullo n’a pas dit la vérité à la justice camerounaise sur la valeur de ses immeubles en Afrique du Sud. Il en a exagéré la valeur auprès des autorités camerounaises, pour créer une disproportion choquante entre la valeur de sa dette et celle de ses biens saisis. Ce document signé de Danpullo lui-même, indique également que ses immeubles ne lui ont pas été arrachés, puisqu’ il les avait librement hypothéqués, c’est-à-dire apportés en garanties des prêts importants que son Banquier sud-africain lui avait accordés. Affaire à suivre.

Laisser un commentaire

Top